Nouveau round de discussion Castaner-policiers mercredi

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Castaner ouvert a une indemnisation des policiers[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a promis mardi soir à trois syndicats de policiers d'engager début janvier des discussions sur une loi d'orientation et de programmation de la sécurité intérieure, a dit à Reuters un responsable syndical.

Le ministre a négocié pendant trois heures avec les dirigeants d'Alliance, Unsa Police et Unité SGP Police FO, trois organisations représentatives des gardiens de la paix, pour tenter d'apaiser la grogne croissante des policiers.

Ces syndicats, qui jugent au bord de la rupture des policiers très sollicités depuis les attentats de 2015, ont annoncé ces derniers jours en ordre dispersé des actions, de la grève du zèle à la fermeture des commissariats.

Les discussions, suspendues mardi dans la soirée, doivent reprendre mercredi après-midi au ministère de l'Intérieur.

"Le ministre a cette nuit et demain matin pour obtenir les arbitrages", a déclaré à Reuters le secrétaire général d'Unité SGP Police FO, Yves Lefebvre.

Selon ce dirigeant syndical, Christophe Castaner a repris la proposition d'une loi d'orientation et de programmation qui concernerait tous les personnels de la sécurité intérieure. "Nous l'avons demandé et il a dit que des discussions allaient s'ouvrir dès le début janvier", a expliqué Yves Lefebvre, selon qui le ministre de l'Intérieur a aussi accepté une défiscalisation des heures supplémentaires pour les CRS.

Un gros chapitre des discussions de mercredi sera le sort de quelque 24 millions d'heures supplémentaires en souffrance des policiers, soit, selon le gouvernement, un passif de 275 millions d'euros, que Christophe Castaner a promis d'apurer.

"Pour le moment, il y a des perspectives mais qui ne sont pas suffisamment concrètes et palpables", a dit Yves Lefebvre.

ÉVITER LA RUPTURE

Le malaise des policiers menace de revenir sur le devant de la scène sociale au moment où le mouvement des "Gilets jaunes", qui les mobilise depuis un mois, sur fond de menace terroriste persistante, paraît s'essouffler.

Au-delà de ces trois syndicats, ce sont l'ensemble des organisations de policiers qui protestent depuis des mois contre leurs conditions de travail et un manque de reconnaissance de la part de l'Etat, deux ans après leur fronde de 2016.

En marge d'une cérémonie au Panthéon, Christophe Castaner a reconnu l'existence de "vraies difficultés".

"Les policiers ne sont pas seulement en train de dire : 'On veut de l'argent'", a-t-il dit. "Ils veulent des conditions de travail. Personne n'a pensé qu'on achetait une colère avec de l'argent. Par contre, qu'on rémunère une action exceptionnelle, un engagement exceptionnel, oui. Ce sera le cas."

Les députés ont ainsi voté un amendement à la loi de finances 2019 prévoyant le versement d'une prime exceptionnelle de 300 euros pour les 110.000 policiers et gendarmes qui ont assuré le maintien de l'ordre pendant les manifestations de "Gilets jaunes", parfois violentes, de ces dernières semaines.

Cette prime est cependant jugée insuffisante par les syndicats, qui demandent une augmentation de pouvoir d'achat durable. "Pour le moment, tout est suspendu, y compris les 300 euros", a souligné Yves Lefebvre.

"On a un ministre qui ne souhaite pas aller à la rupture, qui est très attentif à ne pas avoir une crise sociale au sein de la police nationale", a-t-il cependant ajouté. "On lui a bien fait comprendre qu'il devait nous écouter."

Il a précisé que son syndicat serait solidaire mercredi de la journée "commissariats fermés" décrétée par Alliance.

(Emmanuel Jarry; édité par Henri-Pierre André)