Corbyn sur la défensive après de nouvelles accusations d'antisémitisme

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Corbyn sur la defensive apres de nouvelles accusations d'antisemitisme[reuters.com]
(Crédits : Henry Nicholls)

LONDRES (Reuters) - A seize jours des élections législatives au Royaume-Uni, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a dû se défendre de nouveau mardi d'accusations d'antisémitisme.

L'attaque est venue cette fois du grand rabbin Ephraim Mirvis, qui estime dans une tribune publiée dans le quotidien The Times que le "poison" de l'antisémitisme s'est enraciné au sein du Parti travailliste et que son dirigeant n'a rien fait pour l'éradiquer.

"C'est un échec de la hiérarchie. Un nouveau poison - approuvé depuis le sommet - a pris racine au sein du Parti travailliste. N'ayez aucun doute, c'est l'âme même de notre nation qui est en jeu", écrit le grand rabbin Mirvis, des Congrégations hébraïques unies du Commonwealth.

Il est rare qu'un dignitaire d'une communauté religieuse intervienne avec autant de force dans le débat politique. L'archevêque de Cantorbéry Mgr Justin Welby, primat de l'Eglise anglicane, parle même d'une prise de position sans précédent qui, dit-il, illustre les peurs qu'éprouvent de nombreux juifs de Grande-Bretagne.

"L'antisémitisme, quelle que soit sa forme, est ignoble et inacceptable", a réagi Corbyn qui s'exprimait à l'occasion de la présentation du programme du Labour sur les communautés et les religions au Bernie Grant Arts Centre dans le nord de Londres.

"Il n'y a nulle place pour l'antisémitisme sous quelque forme ou quelque sorte que soit dans la Grande-Bretagne moderne, et il ne sera pas toléré sous un gouvernement travailliste. Je veux être très clair", a-t-il ajouté.

Depuis son arrivée à la tête du Labour, en 2015, Corbyn, sympathisant historique de la cause palestinienne, est la cible de critiques émanant d'adhérents du parti mais aussi de députés Labour et de représentants de la communauté juive qui lui reprochent de ne pas s'être saisi du combat contre l'antisémitisme.

Il lui a également été reproché d'avoir tardé à faire adopter par le Labour la définition de l'antisémitisme édicté par l'Alliance internationale de la mémoire de l'Holocauste, une organisation intergouvernementale créée en 1998 sur l'initiative de l'ancien Premier ministre suédois Göran Persson.

En février dernier, neuf parlementaires travaillistes ont quitté le parti en invoquant, outre les errements supposés du Labour sur la question du Brexit, sa gestion des accusations d'antisémitisme.

Les accusations du rabbin Mirvis surviennent alors que le Parti travailliste a refait une partie de son retard sur le Parti conservateur dans les intentions de vote, augurant d'une élection serrée le 12 décembre.

Le Premier ministre conservateur Boris Johnson n'a pas tardé à s'emparer des accusations du rabbin Mirvis.

"Tout ce que je dirai sur ce sujet, c'est que je pense que lorsque le grand rabbin s'exprime ainsi qu'il le fait, c'est une affaire très sérieuse", a-t-il dit devant le presse lors d'un déplacement électoral en Ecosse. "Je n'ai jamais connu pareille chose et c'est clairement un manquement de la hiérarchie de la part du dirigeant du Labour de ne pas avoir été capable d'éradiquer ce virus au sein du Parti travailliste."

(Kylie MacLellan, Guy Faulconbridge, Kate Holton, Elizabeth Piper et Estelle Shirbon; version française Henri-Pierre André, édité par Jean-Michel Bélot)