L'"Opep+" discute d'une réduction record de l'offre de pétrole

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Petrole: une reduction massive de la production en discussion[reuters.com]
(Crédits : Angus Mordant)

DUBAI/LONDRES/MOSCOU (Reuters) - L'Opep et ses alliés cherchent à conclure un accord sur une réduction sans précédent de l'offre mondiale de pétrole équivalant à 10% de la demande globale, a-t-on appris de source proche de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Une réunion des pays membres du cartel et d'autres grands producteurs, dont la Russie, est prévue lundi, 6 avril, a déclaré le ministère azerbaïdjanais de l'Energie. Mais les Etats concernés attendent d'en savoir plus sur l'attitude des Etats-Unis, où le président Donald Trump a réuni vendredi les dirigeants des grandes compagnies pétrolières américaines.

On ignore encore comment la réduction de la production des signataires de cet accord pourrait être répartie entre eux.

Le prix du baril de brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est tombé lundi sous le seuil des 20 dollars contre 65 dollars début janvier, les mesures de confinement qui touchent près de la moitié de la population de la planète ayant réduit la demande de près d'un tiers, soit d'environ 30 millions de barils par jour (bpj).

Jeudi, Donald Trump a dit s'être entretenu avec le président russe, Vladimir Poutine, et le prince héritier saoudien, Mohamed ben Salman, et avoir obtenu qu'ils s'entendent pour réduire leurs pompages de 10 à 15 millions de bpj, provoquant l'envolée des cours.

Mais l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a averti vendredi qu'une réduction de 10 millions de bpj de l'offre ne suffirait pas à rééquilibrer le marché mondial au vu de l'ampleur de la diminution de la demande.

L'une des inconnues des discussions en cours concerne une éventuelle réduction de la production américaine de brut, qu'elle soit volontaire ou contrainte par la chute des cours, qui compromet la rentabilité de nombreux gisements de pétrole de schiste.

"Nous allons en sortir, nous allons remettre debout notre secteur de l'énergie", a simplement déclaré Donald Trump à la presse avant le début de la réunion avec les compagnies pétrolières.

"Les Etats-Unis doivent contribuer avec le pétrole de schiste", a dit une source de l'Opep.

La Russie, elle, s'est longtemps plainte du fait que son accord avec l'Arabie saoudite pour limiter leur production ne faisait que favoriser les producteurs américains de pétrole de schiste, dont les coûts d'exploitation sont plus élevés.

Vendredi, le président russe, Vladimir Poutine, a assuré vendredi que son pays était prêt à réduire ses pompages en coordination avec l'Opep et les Etats-Unis, tout en reprochant à l'Arabie saoudite d'avoir provoqué la chute des cours.

Au Canada, le Premier ministre de l'Alberta a déclaré jeudi que la province était prête à se joindre à un accord multilatéral de réduction des pompages.

Les cours du brut se sont effondrés ces dernières semaines après la rupture du pacte d'encadrement de la production conclu entre Moscou et l'Opep, emmenée par Ryad. Un divorce qui a déclenché une guerre des prix entre la Russie et l'Arabie saoudite que Donald Trump a jugé "folle".

Les deux contrats de référence sur le brut ont cependant connu jeudi leur plus forte hausse journalière jamais enregistrée après les déclarations du président américain, le Brent de mer du Nord prenant jusqu'à près de 50% en séance.

Et la hausse s'est poursuivie vendredi: le Brent se traitait en fin de journée à plus de 34,70 dollars, en hausse de 16%, et le WTI prenait près de 15% à 29 dollars.

(Rania El Gamal et Alexa Lawler, avec Olesya Astakhova and Ahmad Ghaddar, version française Marc Angrand et Patrick Vignal)