Hong Kong adopte la loi sur l'hymne chinois en dépit des protestations

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Hong kong: le parlement entame le vote du texte sur l'hymne chinois[reuters.com]
(Crédits : Carlos Garcia Rawlins)

HONG KONG (Reuters) - Le Parlement de Hong Kong a adopté jeudi une loi controversée sanctionnant toute marque d'irrespect envers l'hymne national chinois, signe pour ses détracteurs d'une mainmise accrue de Pékin sur la région semi-autonome.

La loi, adoptée par 41 voix pour et une voix contre, prévoit que "toutes les personnes et organisations" doivent respecter et honorer l'hymne national chinois, et le jouer ou le chanter dans des "occasions appropriées".

Les contrevenants risquent des peines allant jusqu'à trois ans de prison ainsi que des amendes dont le montant pourrait atteindre 50.000 dollars de Hong Kong (près de 5.800 euros).

Les élèves des écoles primaires et secondaires seront contraints d'apprendre "la Marche des volontaires", l'hymne officiel chinois régulièrement sifflé lors des matches de football dans la ville et remplacé par "Gloire à Hong Kong", le chant des militants démocrates.

Le vote, intervenu alors que les habitants s'apprêtaient à rendre hommage aux victimes de la répression meurtrière du mouvement démocrate de Tiananmen menée par les troupes chinoises le 4 juin 1989, a été perturbé par plusieurs incidents.

La police et les pompiers ont pénétré dans les locaux du Conseil législatif de Hong Kong après que deux militants pro-démocratie ont brusquement interrompu les débats.

Alors que les élus favorables à Pékin avaient rejeté la plupart des amendements au projet de loi proposés par le camp démocrate, Eddie Chu et Ray Chan ont répandu un liquide nauséabond dans l'enceinte en signe de protestation.

"Un État meurtrier ne cesse jamais d'empester. Ce que nous avons fait aujourd'hui, c'est rappeler au monde que nous ne devons jamais pardonner au Parti communiste chinois d'avoir assassiné son propre peuple il y a 31 ans", a lancé Eddie Chu avant d'être expulsé du Conseil législatif.

Des manifestants se sont également regroupés à l'extérieur, devant le siège du Parlement.

Freinées par la crise sanitaire liée au coronavirus, les manifestations pro-démocratie ont repris dans l'ancienne colonie britannique après la présentation par la Chine d'un projet de loi plus large de sécurité nationale destiné à lutter contre les activités sécessionnistes, subversives et terroristes ainsi que contre les ingérences étrangères.

Le texte, dénoncé notamment par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie et le Canada, ne menace pas l'autonomie de la région administrative spéciale, assurent les autorités chinoises et le gouvernement de Hong Kong.

Le territoire chinois, rétrocédé par la Grande-Bretagne en 1997, est en proie depuis un an à un vaste mouvement de contestation de la tutelle chinoise.

(Clare Jim, James Pomfret et Jessie Pang; version française Myriam Rivet et Juliette Portala, édité par Jean-Stéphane Brosse)