Allemagne : Une enquête parlementaire demandée sur l'effondrement de Wirecard

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Allemagne: une enquete parlementaire demandee sur l'effondrement de wirecard[reuters.com]
(Crédits : Michael Dalder)

par Andreas Rinke et Neil Jerome Morales

BERLIN/MANILLE (Reuters) - L'opposition allemande a réclamé lundi une enquête parlementaire sur l'effondrement de Wirecard, un groupe de paiements électroniques au coeur d'un scandale pour irrégularités comptables, qui a déposé la semaine dernière le bilan après la découverte d'un trou de 1,9 milliard d'euros dans ses comptes.

Cette demande survient après l'annonce par le ministère de la Justice d'une révocation du contrat signé avec le Financial Reporting Enforcement Panel (FREP), un organisme quasi privé travaillant avec la BaFin, le régulateur financier allemand, dans la supervision des comptes des sociétés cotées.

Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission européenne, a en outre annoncé la semaine dernière que l'institution allait saisir l'autorité européenne de supervision des marchés financiers pour vérifier d'éventuels manquements dans le dossier Wirecard de la part de la BaFin, qui a lui-même évoqué une "véritable catastrophe".

Selon le président du FREP, Edgar Ernst, qui a accordé une interview au Frankfurter Allgemeine, les comptes du premier semestre 2018 de Wirecard ont été examinés par un seul salarié et leur validation n'avait pas été encore effectuée au moment de l'effondrement du groupe.

Frank Schäffler, un élu du Parti libéral-démocrate qui siège au conseil de surveillance de la BaFin, a également réclamé une enquête parlementaire, estimant qu'il y avait des failles au sein de l'autorité de régulation.

"Le fait que le Bafin attende 15 mois un rapport du FREP malgré des éléments d'irrégularités est absurde", a-t-il dit. "C'est comme tirer des boules de coton sur un éléphant."

Alexander Radwan, un autre parlementaire, membre du directoire de la BaFin, a estimé pour sa part que le ministère des Finances devrait faire l'objet d'une enquête car plusieurs informations ont été publiées sur les problèmes de Wirecard.

"Les fintechs offrant des services financiers doivent être surveillées de manière appropriée", a-t-il ajouté.

Un porte-parole du ministère de la Justice a déclaré que l'exécutif étudiait une éventuelle réforme de la supervision de l'audit des entreprises.

Un tribunal de Munich a désigné lundi Michael Jaffe comme administrateur de Wirecard, qui laisse ses créanciers face à une dette de 3,5 milliards d'euros.

(avec Christian Krämer, Andreas Rinke, Patricia Uhlig, Hans Seidenstücker, Jörn Poltz, Karen Lema et Joe Brock, version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)