France : Le redressement post-COVID des comptes publics étalé sur 5 ans

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France: le redressement post-covid des comptes publics etale sur 5 ans[reuters.com]
(Crédits : Vincent Kessler)

PARIS (Reuters) - La France prévoit un retour de son déficit public dans les clous européens en 2027 et envisage d'inscrire dans la loi une règle d'encadrement de la croissance des dépenses publiques pour accompagner le rétablissement de ses finances publiques, a-t-on appris jeudi auprès de sources au ministère de l'Economie et des Finances.

Les comptes publics ont été largement mis à contribution depuis l'an dernier pour soutenir "quoi qu'il en coûte" une économie française frappée de plein fouet par les retombées de la pandémie de COVID-19, qui a brutalement interrompu leur redressement progressif.

Et l'horizon de leur rétablissement est bien plus lointain que celui de la fin de la crise sanitaire, selon la trajectoire des finances publiques pour les années à venir que le gouvernement doit soumettre à la Commission européenne ce mois-ci.

Le déficit public, qui a atteint en 2020 l'équivalent de 9,2% du produit intérieur brut (PIB), un plus haut depuis 1949, devrait être ramené à 2,8% du PIB en 2027, selon une source à Bercy.

Pour permettre aux Vingt-Sept de faire face à une crise sanitaire sans précédent, l'Union européenne a suspendu la règle du pacte de stabilité et de croissance européen exigeant que les Etats membres contiennent leur déficit sous le seuil de 3% du PIB.

La France, qui n'est revenue dans ce cadre qu'en 2017 après l'avoir dépassé pendant dix ans, table donc sur une réduction très progressive de son déficit public au cours des prochaines années, avec une amélioration minime pour cette année, à 9,0% du PIB.

"Nous refusons l'austérité, nous refusons de fragiliser la croissance économique et le retour de la croissance par une politique de rétablissement des finances publiques qui serait trop brutale", a déclaré cette source à des journalistes.

REVOIR LES RÈGLES ENCADRANT LA DETTE PUBLIQUE

Alors que le gouvernement continue d'exclure toute hausse d'impôts, atteindre cet objectif suppose de contenir la progression des dépenses publiques en limitant leur croissance à 0,7% par an en volume (c'est-à-dire corrigée de l'inflation), un niveau sans précédent depuis 20 ans.

Pour y parvenir, le ministère souhaite qu'une règle pluriannuelle soit inscrite dans la loi pour définir un objectif de croissance de la dépense publique en volume sur cinq ans, ce qui serait une première en France, a précisé une source.

Le ministre de l'Economie et des Finances serait même en faveur d'une inscription de cette règle dans la Constitution, ce qui paraît cependant peu probable à un an de l'élection présidentielle.

Outre les efforts sur la dépense publique, la France devra renouer avec les réformes structurelles mises en suspens depuis le début de la crise sanitaire l'an dernier, comme la réforme des retraites, a ajouté la même source.

Au-delà de la suspension des règles européennes sur l'encadrement des finances publiques, certains Etats membres, dont la France, plaident pour leur révision une fois que la crise actuelle sera maîtrisée.

Pour cette source, la priorité serait de revoir les règles encadrant la dette publique, puisque les Etats membres sortiront de cet épisode avec des niveaux d'endettement totalement différents.

Le ministère des Finances prévoit que la dette publique monte à 117,8% du PIB cette année et culmine à 118,3% du PIB en 2025, avant de commencer à régresser.

Ces projections à long terme sont fondées sur un scénario de croissance prévoyant un rebond de 5,0% du PIB cette année après sa contraction de 8,2% l'an dernier.

Le gouvernement s'attend ensuite à voir la croissance économique s'établir à 4,0% en 2022 et de ralentir progressivement au cours des années suivantes, avant de conserver un rythme de croisière de 1,4% pour les années 2025 à 2027.

(Leigh Thomas; version française Myriam Rivet, édité par Jean Terzian)