Vingt ans après, l'UE relance le projet de force de réaction rapide

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L'ue relance le projet de force de reaction rapide[reuters.com]
(Crédits : Adriano Machado)

par Robin Emmott

BRUXELLES (Reuters) - Quatorze pays de l'Union européenne, dont l'Allemagne et la France, ont proposé la création d'une force de réaction militaire rapide qui serait en mesure d'intervenir très tôt face à des crises internationales, a déclaré mercredi un haut représentant du bloc, deux décennies après une première tentative.

Ces pays estiment que l'UE doit créer une force composée de 5.000 soldats, disposant éventuellement de navires et d'avions, afin d'aider des gouvernements démocratiques étrangers qui nécessiteraient une aide immédiate, a indiqué le représentant.

Les ministres européens de la Défense mettront cette idée en avant jeudi lors d'une réunion ordinaire présidée par le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, qui a par le passé reproché au bloc sa réticence à intervenir davantage à l'étranger - en particulier dans des Etats en faillite tels la Libye.

Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, République tchèque et Slovénie sont les 14 pays soutenant cette idée, qui fût discutée une première fois en 1999.

L'UE a établi en 2007 un système de groupements tactiques de 1.500 membres prêts au combat afin de répondre à des crises, mais n'y a jamais eu recours. Ces groupements pourraient désormais servir de base à une dénommée "Force de première entrée", dans le cadre d'une nouvelle dynamique destinée à renforcer les capacités de défense du bloc communautaire.

A compter de cette année, l'UE dispose d'un budget commun pour développer conjointement des armements et elle prépare une doctrine militaire pour 2022, après avoir détaillé pour la première fois l'an dernier ses faiblesses militaires.

"Borrell a toujours dit que l'UE devait apprendre le langage de la puissance", a dit le représentant, faisant en partie référence à une force militaire.

L'UE, qui use de sa puissance économique comme "soft power" pour étendre son influence, s'appuie traditionnellement sur l'Otan - où les Etats-Unis figurent en chef de file - pour mener des actions militaires. Mais plusieurs présidents américains, en particulier Donald Trump, ont demandé que l'UE fasse davantage pour sa propre sécurité, notamment pour ses frontières, même si l'Otan reste engagée à la défense de l'Europe.

Le Brexit a aussi amplifié le sentiment d'urgence de l'UE, qui a perdu avec le Royaume-Uni un membre crucial en matière de défense. Ce divorce a toutefois libéré Bruxelles des contraintes que Londres imposait en la matière, par crainte de la création d'une armée européenne qui affaiblirait l'identité nationale.

(version française Jean Terzian)