Des violences éclatent dans les villes arabo-juives d'Israël

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Des violences eclatent dans les villes arabo-juives d'israel[reuters.com]
(Crédits : Ronen Zvulun)

par Rami Ayyub et Ronen Zvulun

ISRAEL (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mercredi l'état d'urgence dans la ville de Lod, proche de Tel Aviv, où des affrontements ont éclaté entre habitants juifs et arabes comme dans d'autres villes judéo-arabes de l'Etat hébreu, sur fond d'affrontements entre Israël et le Hamas.

"Nous avons perdu le contrôle de la ville et des rues", a déclaré le maire de la ville, Yair Revivo, à Channel 12 News, après plusieurs nuits de violentes confrontations au cours desquelles un Arabe a été tué et de nombreux autres ont été blessés.

La police a arrêté des dizaines de personnes au cours de la nuit à Lod et dans des villes à majorité arabe du centre et du nord d'Israël, notamment Umm al-Fahm, le long de la frontière avec la Cisjordanie, et Jisr al-Zarqa sur la côte méditerranéenne.

À Lod, des rouleaux de la Torah ont été sortis en toute hâte d'une synagogue incendiée. Dans la ville côtière d'Acre, Uri Buri, un restaurant de poisson appartenant à des Juifs, a été incendié et certains résidents arabes ont déclaré qu'ils avaient peur de sortir de chez eux.

À Jaffa, près de Tel Aviv, des manifestants arabes ont affronté la police qui a tiré des grenades incapacitantes pour les disperser.

Des responsables de la sécurité ont déclaré qu'ils avaient réaffecté 16 bataillons de police des frontières de la Cisjordanie occupée à Lod et à d'autres villes israéliennes en raison de ces violences.

La minorité arabe d'Israël - palestinienne par héritage, israélienne par citoyenneté, qui représente 21% de la population israélienne - descend principalement des Palestiniens qui ont vécu sous la domination coloniale ottomane puis britannique avant de rester en Israël après la création du pays en 1948.

La plupart d'entre eux parlent l'arabe et l'hébreu et se sentent proches des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza occupés. Ils se plaignent souvent d'une discrimination systémique, d'un accès inéquitable au logement, aux soins de santé et aux services éducatifs.

PROTESTATIONS PRO-PALESTINIENNES

La tension est montée d'un cran dans les villes arabo-juives depuis le début, lundi soir, des raids de représailles israéliens à des tirs de roquettes du Hamas en réponse aux violences qui secouent depuis des jours Jérusalem.

"Nous condamnons le fait que la solidarité et la cohésion de notre peuple avec nos frères de Jérusalem et de la bande de Gaza entraînent des actes de sabotage de biens publics et privés, comme cela se produit actuellement à l'entrée d'Umm al-Fahm", a déclaré Samir Mahamid, le maire de cette ville.

Les quartiers où résident des Arabes, notamment à Lod et Jaffa, ont été parmi ceux où les sirènes ont été déclenchées par les tirs de roquettes. Deux habitants de Lod ont été tués mercredi lorsqu'un véhicule a été touché par une roquette, selon la police israélienne.

À Haïfa et Jaffa, ainsi que dans la ville arabe de Nazareth, des manifestants arabes ont brandi des drapeaux palestiniens et scandé des slogans pour soutenir les Palestiniens qui risquent d'être expulsés du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est dans le cadre d'un contentieux en justice.

Les citoyens arabes d'Israël faisaient partie des milliers de manifestants qui ont affronté ces derniers jours la police israélienne près de la mosquée Al-Aqsa et ailleurs dans la vieille ville de Jérusalem.

Un porte-parole du groupe militant islamiste Hamas à Gaza a encouragé les citoyens arabes à "se lever" contre "notre ennemi et le vôtre".

(Rami Ayyub, Ronen Zvulun, version française Hayat Gazzane, édité par Jean-Stéphane Brosse)