Des dirigeants de la BCE admettent que l'inflation reste un risque

reuters.com  |   |  404  mots
Des dirigeants de la bce admettent que l'inflation reste un risque[reuters.com]
(Crédits : Ralph Orlowski)

FRANCFORT (Reuters) - Les dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) considèrent toujours la poussée d'inflation actuelle comme un phénomène temporaire mais certains d'entre eux semblent admettre le risque que la hausse des prix dépasse leurs prévisions.

Le taux d'inflation dans la zone euro a atteint 3% en rythme annuel en août, un chiffre bien supérieur à l'objectif de 2% que s'est fixé la BCE, et il pourrait monter à 3,5% d'ici novembre, mais l'institution de Francfort s'attend à le voir refluer rapidement par la suite pour revenir sous 2%.

La hausse des cours de nombreuses matières premières, des goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et des signes de plus en plus nets de pénurie de main-d'oeuvre pourraient toutefois compromettre ce scénario.

Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, l'a maintenu mardi tout en soulignant l'existence de risques à la hausse et en avertissant que la banque centrale devait rester "très vigilante" face à la possibilité que des hausses de prix temporaires deviennent permanentes.

"Certains pays en Europe indexent les pensions de retraite et les salaires du secteur public sur l'inflation", a-t-il dit lors d'une conférence en ligne organisée par le Financial Times.

"Mieux vaudrait éviter cela car si l'économie est directement indexée sur l'évolution d'un choc temporaire (...) alors on risque de transformer cette hausse temporaire en quelque chose de plus permanent. Et c'est quelque chose que nous devons éviter", a-t-il ajouté.

Il a aussi jugé que la hausse des prix des matières premières et les tensions dans les chaînes d'approvisionnement induisaient un risque d'effets de "second tour" sur l'inflation.

De son côté, le gouverneur de la banque centrale grecque, Yannis Stournaras, a admis que la hausse des prix pourrait dépasser les prévisions de la BCE, sans pour autant que cela n'implique un resserrement de la politique monétaire.

"Nous avons accepté qu'il existait un risque à la hausse concernant l'inflation", a-t-il dit dans un entretien à Politico.

L'inflation dans la zone euro est restée inférieure à l'objectif de la BCE pendant la quasi-totalité des dix dernières années et plusieurs de ses dirigeants estiment aujourd'hui qu'elle doit accepter de tolérer un dépassement temporaire de cet objectif pour éviter de resserrer prématurément sa politique.

(Reportage Francesco Canepa et Balazs Koranyi, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)