L'Otan promet d'aider l'Ukraine face à l'hiver, "arme de guerre" de Poutine

reuters.com  |   |  685  mots
Photo d'archives de jens stoltenberg[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

par Sabine Siebold, John Irish et Luiza Ilie

BUCAREST (Reuters) - L'Otan a promis mardi d'aider l'Ukraine à réparer ses infrastructures énergétiques endommagées par les salves de missiles russes de ces dernières semaines, son secrétaire général accusant Vladimir Poutine de chercher à utiliser l'hiver comme "arme de guerre".

"L'agression de la Russie, y compris ses attaques incessantes et inadmissibles contre les civils et les infrastructures énergétiques, prive des millions d'Ukrainiens de services de base", ont estimé les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance atlantique dans un communiqué diffusé au terme d'une première journée de discussions à Bucarest.

"Nous allons poursuivre et accroître encore notre soutien politique et pratique à l'Ukraine (...) aussi longtemps que nécessaire", ont-ils ajouté.

A l'occasion de cette réunion dans la capitale roumaine, qui se conclura mercredi, les Etats-Unis ont annoncé la fourniture "rapide" à l'Ukraine, pour un montant de 53 millions de dollars (51 millions d'euros), d'équipements destinés à ses réseaux électriques tels que des transformateurs ou des disjoncteurs.

Les ministres des trente pays membres de l'Alliance ont également confirmé leur décision de 2008 actant le principe d'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan sans toutefois prendre des mesures concrètes ou fixer un calendrier.

"Le principal objectif pour l'instant est de soutenir l'Ukraine. Nous sommes au milieu d'une guerre et nous ne devons donc pas faire quoi que ce soit qui pourrait saper l'unité des alliés dans la fourniture d'une aide militaire, humanitaire et financière à l'Ukraine", a expliqué Jens Stoltenberg.

DES MISSILES ET DES TRANSFORMATEURS

L'hiver s'annonce particulièrement difficile en Ukraine en raison des pénuries d'eau et d'électricité provoquées par les frappes menées depuis le mois d'octobre par la Russie contre ses infrastructures.

Kyiv accuse Moscou de mener une campagne délibérée contre la population civile, ce qu'elle assimile à un crime de guerre. Moscou admet cibler les infrastructures mais pas les civils.

"Le président Poutine essaie d'utiliser l'hiver comme arme de guerre", a déclaré Jens Stoltenberg. "Je pense que nous avons tous vu ces images prises par satellite où l'on voit l'Europe éclairée et l'Ukraine plongée dans le noir (...). C'est une tâche immense de reconstruire tout cela."

Les ministres réunis à Bucarest ont consacré leurs travaux à une augmentation de l'aide militaire à l'Ukraine mais aussi de la fourniture d'équipements non létaux tels que du carburant, du matériel médical, des équipements pour l'hiver ou des brouilleurs de drones. La France ou l'Allemagne sont en train d'envoyer une centaine de générateurs électriques.

"Nous avons besoin de défense aérienne, de (missiles) IRIS, de Hawks, de Patriot, et nous avons besoin de transformateurs électriques", a résumé le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmitro Kouleba en marge de la réunion.

Dans son message vidéo quotidien lundi soir, le président ukrainien Volodimir Zelensky a averti ses compatriotes du risque de nouvelles frappes russes cette semaine alors que les attaques du 23 novembre dernier ont déjà privé des millions de personnes de chauffage, d'eau potable ou d'électricité.

Des sirènes d'alerte aérienne ont retenti mardi en Ukraine, pour la première fois cette semaine, mais l'alerte a été levée en cours de journée.

Sur le plan militaire, l'Otan continue de faire pression sur les fabricants d'armement pour qu'ils accélèrent leur production.

"Nous faisons tout notre possible sur les livraisons, mais il y a un vrai problème (de capacité)", note cependant un diplomate. "Les Ukrainiens le savent. Même l'industrie américaine de défense, en dépit de sa puissance, rencontre des problèmes."

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a toutefois exhorté sur Twitter les alliés à livrer des chars à l'Ukraine, assurant que l'Otan en avait de nombreux à sa disposition : "Mon message à mes homologues (...) est simple : Gardons notre calme et donnons des chars."

(Reportage Sabine Siebold, John Irish, Humeyra Pamuk et Luiza Illie à Bucarte, Tom Balmforth à Kyiv, Simon Lewis à Washington, Jason Hovet à Prague, version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)