En Allemagne, Macron et Scholz veulent renforcer la sécurité de l'UE

reuters.com  |   |  817  mots
Le president francais emmanuel macron recoit le prix international de la paix de westphalie[reuters.com]
(Crédits : Jana Rodenbusch)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron doit achever mardi une visite d'Etat de trois jours en Allemagne par un Conseil des ministres franco-allemand, en amont duquel le président français et le chancelier Olaf Scholz ont affirmé leur volonté de renforcer la sécurité en Europe, sur fond de guerre en Ukraine mais aussi, de condamnations internationales croissantes concernant les frappes israéliennes à Gaza.

Lors d'une conférence de presse conjointe au château de Meseberg, près de Berlin, les deux dirigeants ont appelé au renforcement de la sécurité et de la défense commune en Europe.

"Nous voyons bien que nous avons à bâtir un cadre commun de défense et de sécurité, définir des concepts communs, partager nos besoins, définir des capacités communes et renforcer à long terme la défense européenne", a précisé Emmanuel Macron.

Les dirigeants ont notamment affirmé que l'Ukraine devrait être autorisée à "neutraliser" les sites militaires en Russie responsables de frappes sur son territoire, tout en respectant les réglementations des pays qui lui ont fourni les armes utilisées.

Emmanuel Macron a par ailleurs été interrogé sur l'annonce faite par l'armée ukrainienne la veille sur un envoi d'instructeurs français dans le pays, une information nuancée par la suite par Paris, qui a affirmé que cette possibilité faisait partie des "chantiers discutés".

"Je n'ai pas pour habitude de commenter des rumeurs", a répondu le président, ajoutant qu'il aurait l'occasion d'évoquer le sujet lors de la venue la semaine prochaine du président ukrainien Volodimir Zelensky lors du D-Day, qui commémore le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Sur le front de la guerre à Gaza, et alors que l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont officiellement reconnu mardi l'existence d'un État palestinien, le président français a rappelé avoir "toujours défendu les deux États comme étant la solution politique".

Cette reconnaissance, a affirmé Emmanuel Macron, ne doit cependant pas se faire sous le coup de l'émotion, faisant référence à la mort d'au moins 45 déplacés palestiniens dans un incendie déclenché par une frappe israélienne à Rafah tôt lundi.

"Il n'y a pas de tabou pour la France et je suis totalement prêt à reconnaître un État palestinien. Mais je considère que cette reconnaissance doit arriver dans un moment utile, dans le cadre d'un processus."

Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont également dévoilé les grandes lignes de leur stratégie économique pour l'Europe, appelant notamment à la création d'un produit d'épargne européen alors que 300 milliards d'euros sont investis dans des entreprises américaines chaque année. Ils souhaitent également accélérer la mise en place de leur projet d'Union des marchés des capitaux.

L'EUROPE EST LA BONNE RÉPONSE

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a prononcé un discours résolument pro-européen, plaçant le couple franco-allemand au centre des défis qui attendent l'Union européenne (UE).

"Face aux défis immenses que sont les nôtres, l'Europe est la bonne réponse. Et les défis de vos générations, de nos générations sont plus grands que jamais : la guerre, le climat, la révolution technologique dont celle de l'intelligence artificielle, les crises de nos démocraties. Répondre d'un point de vue strictement national est à coup sûr perdre tous les quatre", a déclaré Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat s'est exprimé alors qu'il recevait le Prix de la Paix de Westphalie à Münster, dans le Land occidental de Rhénanie du Nord-Westphalie.

A moins de deux semaines des élections européennes, le président français a de nouveau souligné l'importance d'une Europe forte et unie pour faire face aux extrêmes et aux nationalismes.

"La démocratie est menacée par la tyrannie des extrêmes, notre Europe est intrinsèquement fragile, elle n'est forte que si elle est défendue", a déclaré Emmanuel Macron.

Le chef d'Etat a aussi appelé à "un sursaut stratégique, moral, politique" pour "bâtir une nouvelle Europe".

Emmanuel Macron a insisté sur l'importance stratégique du couple franco-allemand.

"Nous devons penser en franco-allemand notre défense", a-t-il aussi déclaré, soulignant les incertitudes quant au partenariat américain "à travers les décennies" et "en fonction des aléas politiques".

Le président français a aussi rappelé le soutien européen à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie.

"Nous devons, en Européens, aider l'Ukraine à résister et protéger ses frontières (...) pour elle-même et parce qu'elle défend l'ordre de sécurité et de souveraineté seule possible en Europe."

"Si nous avions cédé aux extrêmes, l'Ukraine aurait déjà perdu", a ajouté Emmanuel Macron.

(Rédigé par Zhifan Liu et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)