Spéculations sur les ambitions lyonnaises de Gérard Collomb

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Speculations sur les ambitions lyonnaises de gerard collomb[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

par Catherine Lagrange

LYON (Reuters) - Gérard Collomb, tout à ses missions de ministre de l'Intérieur, n'en délaisse par pour autant Lyon, sa ville de coeur, où sa présence régulière et son activisme nourrissent les spéculations en vue des élections municipales et métropolitaines de 2020.

"Je ne me désintéresse pas de l'avenir de Lyon", glisse, sibyllin, le ministre de 71 ans au quotidien local Le Progrès pour justifier ses fréquents allers-retours entre Paris et la capitale des Gaules, où il se rend presque chaque fin de semaine.

Comme ce vendredi, qui le verra dîner avec le prince héritier du Japon, Naruhito, attendu dans l'après-midi à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. On a aussi vu le ministre présider l'inauguration du Grand Hôtel-Dieu reconverti en centre commercial, accueillir le prince Charles d'Angleterre, rompre le jeûne à la Grande mosquée de Bron...

Député de 1981 à 1988, sénateur de 1999 à 2017, maire de Lyon de 2001 à l'an dernier, cet ancien socialiste, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, reste très attaché à son fief.

Dans son bureau de la place Beauvau, il reçoit régulièrement élus et personnalités lyonnaises pour maintenir le lien et se tenir informé tout en câlinant ses réseaux.

Roule-t-il pour son propre compte ou par seul souci du bien-être des Lyonnais? La question se pose avec insistance à moins de deux ans de municipales qui réveillent les ambitions, à commencer par celles des Républicains et de leur chef de file Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône Alpes.

"Gérard Collomb veut gagner, car il a peur que cette Métropole tombe entre de mauvaises mains. C'est comme un enfant qu'on n'a pas envie de voir mal tourner", a confié à Reuters l'actuel maire Georges Képénékian, un fidèle de Gérard Collomb qui, à 69 ans, n'entend pas briguer de nouveau mandat.

"MANQUE D'HUMILITÉ"

Pour faire émerger autour de lui une "nouvelle génération", Gérard Collomb a lancé en juin l'association "Prendre un temps d'avance", qu'il préside personnellement et qui doit se réunir à nouveau en septembre.

Le premier rendez-vous, le 8 juillet, a vu le ministre et son épouse accueillir des dizaines d'élus dans un hôtel lyonnais. Pilier de la "macronie" dans le Rhône, Caroline Collomb aurait des vues sur le cinquième arrondissement, une candidature qui fait grincer des dents à Lyon, où l'on dénonce des manières dignes de "l'Ancien monde".

Celui qui affichait jusqu'ici un soutien sans faille à Emmanuel Macron a surpris jeudi sur BFM TV en déplorant au sein du gouvernement "un manque d'humilité", laissant affleurer une forme de détachement à l'égard d'une équipe en berne dans les sondages et déstabilisée par les récents départs de Nicolas Hulot et Laura Flessel.

"Il faut que tous les ministres gardent leurs racines de manière à pouvoir entendre ce que disent les gens parce que très vite, dans les palais de la République, on perd la capacité de lien avec la population et l'écoute", a-t-il souligné.

"IL NE PENSE QU'À ÇA"

Si le principe d'un retour de Gérard Collomb est déjà acquis pour certains observateurs politiques, le doute persiste sur l'intime conviction de l'intéressé.

"Son retour ? Il ne pense qu'à ça", estime un élu de la Métropole. Un poids-lourd de la "macronie" le juge au contraire "très bien au gouvernement". "S'il y a un ministre heureux, c'est bien lui !", ajoute-t-il.

A Lyon, nombreux sont ceux qui désapprouvent le scénario d'une nouvelle candidature pour un quatrième mandat présenté comme celui "de trop" pour un homme qui aura 73 ans en 2020.

Ses fidèles David Kimelfeld et Georges Képénékian, qui l'ont remplacé respectivement à la tête de la Métropole et de la ville, se disent prêts à laisser leur place. La loi sur le cumul des mandats empêcherait toutefois Gérard Collomb de retrouver ses deux postes et sa préférence devrait, le cas échéant, aller à la présidence de la Métropole.

Régulièrement sondé sur ses intentions, le ministre de l'Intérieur manie l'art de la litote, non sans ajouter, comme dans Le Progrès : "On me reproche d'être un peu trop présent à Lyon, mais moi je trouve que c'est une vertu."

Un élu lyonnais proche de lui confie qu'"il n'a pas encore totalement décidé du principe de sa candidature aux prochaines élections municipales et métropolitaines".

"En réalité, c'est Macron qui a la réponse au retour de Collomb à Lyon", résume un député LaRem du Rhône.

(Avec Elizabeth Pineau et Julie Carriat à Paris, édité par Sophie Louet)