Le plan pauvreté chiffré à huit milliards d'euros, annonce Griveaux

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le coût de la "stratégie nationale de prévention et de la lutte contre la pauvreté" du gouvernement s'élève à huit milliards d'euros, répartis sur quatre ans, annonce le porte-parole du gouvernement dans une interview publiée mercredi, à la veille d'un discours d'Emmanuel Macron sur le sujet.

Le plan pauvreté, appelé à entrer en vigueur le 1er janvier 2019, "se chiffre à 8 milliards d'euros, répartis sur quatre ans. Dans un contexte où l'on fait attention à la dépense publique, c'est un choix politique très fort", déclare Benjamin Griveaux dans cet entretien publié sur le site internet de 20 minutes.

La volonté de l'exécutif "est de mettre le travail au coeur de la lutte contre la pauvreté, mieux le rémunérer et accompagner vers l'emploi ceux qui n'en ont pas, par l'éducation et la formation. On va donc mettre plus de moyens", explique-t-il.

Taxé de "président des riches" par l'opposition depuis le début de son quinquennat et perçu comme tel par une partie de l'opinion, Emmanuel Macron est attendu au tournant jeudi pour son premier discours social de la rentrée.

Trois mois après la polémique suscitée par ses propos "sur le pognon de dingue" que coûtent selon lui les aides sociales, le chef de l'Etat s'exprimera à 11h00 (09h00 GMT) au musée de l'Homme, à Paris, pour présenter sa stratégie.

En 2016, selon l'Insee, 8,8 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire (60% du revenu médian, soit 1.026 euros par mois), soit 14% de la population française (14,2% en 2015). Un enfant sur cinq, soit trois millions, vit dans une famille pauvre et près d'un tiers de familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté.

Parmi les mesures contenues dans le plan, figure entre autres un système de financement "bonus" pour les crèches qui accueilleraient davantage d'enfants de familles défavorisées ou en situation de handicap.

Au total, "nous allons construire 30.000 places de crèches", indique Benjamin Griveaux. Le "tiers-payant" de complément de garde à domicile, qui était expérimenté jusqu'à présent dans plusieurs départements, sera généralisé dès 2019, en premier lieu dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

PETITS-DEJEUNERS

Comme le préconisait un rapport de la Délégation à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes remis en mars, des petits-déjeuners aux élèves d'écoles primaires situées en zone prioritaire seront par ailleurs distribués.

Concernant les jeunes adultes, le gouvernement va étendre l'obligation de formation à 18 ans, contre 16 actuellement, une mesure qui doit permettre un meilleur repérage et un meilleur suivi des élèves décrocheurs. L'aide sociale à l'enfance (ASE) sera étendue jusqu'à 21 ans.

Sur le plan de l'emploi, Benjamin Griveaux confirme le coup de pouce que le gouvernement entend donner aux contrats d'insertion par l'activité économique (IAE), qui s'adressent à des personnes très éloignées de l'emploi.

"Ce sont des contrats sur des chantiers, des ateliers, ou avec des associations. Nous en débloquerons 100.000 de plus sur le quinquennat", indique-t-il. "Nous allons aussi créer une 'garantie d'activité' qui permettra de suivre et d'accompagner vers l'activité 300.000 demandeurs d'emploi par an."

Les délais du premier entretien pour les bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active) seront raccourcis, assure le porte-parole du gouvernement, qui décrit un système actuel qui "marche sur la tête". "Désormais, au bout d'un mois maximum, chaque nouveau bénéficiaire du RSA aura un entretien pour faire le point sur ses compétences mais aussi sur ses besoins en matière de formation, de santé, de logement."

Pôle emploi aura un rôle à jouer, ajoute-t-il, sans donner plus de précisions.

Selon l'Elysée, le plan prévoit également la fusion de deux dispositifs de complémentaire santé, la CMU-C, gratuite et réservée aux plus démunis, et l'aide à la complémentaire santé (ACS) destinée à des ménages modestes moins contraints. Cette mesure vise entre autres à réduire les taux de non-recours élevés.

"On a un peu moins de 2 millions de personnes au RSA, 3 millions d'enfants sous le seuil de pauvreté et quasiment 9 millions de pauvres au total. Si on arrive à faire baisser tout ça, on aura réussi", conclut Benjamin Griveaux.

(Marine Pennetier, édité par Simon Carraud)