"Merde alors ! ", rétorque Asselborn à Salvini sur l'immigration

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merde alors!, retorque asselborn a salvini sur l'immigration[reuters.com]
(Crédits : Stefano Rellandini)

VIENNE (Reuters) - Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême droite), a comparé les migrants africains à des esclaves, jeudi lors d'une conférence en Europe, s'attirant une réplique cinglante du chef de la diplomatie luxembourgeoise, qui a conclu par ces mots: "Merde alors!"

Matteo Salvini, qui est aussi vice-président du Conseil italien, a fait ses déclarations lors d'une session à huis clos d'une conférence sur les migrations et la sécurité organisée par l'Autriche, qui assume la présidence tournante de l'Union européenne.

"J'ai entendu quelqu'un dire que nous avions besoin de l'immigration parce que la population vieillit. Je vois les choses tout à fait différemment", a dit Salvini lors de cette conférence, dont des enregistrements vidéo ont été diffusés vendredi.

"Je suis payé par les citoyens pour faire en sorte que nos jeunes aient de nouveau des enfants, comme c'était le cas il y a des années; et non pas pour déraciner les meilleurs jeunes d'Afrique afin qu'ils viennent remplacer les Européens qui n'ont plus d'enfants(...). Peut-être au Luxembourg ce besoin existe-t-il, mais en Italie, notre besoin, c'est de permettre à nos enfants d'avoir des enfants, et non pas d'avoir de nouveaux esclaves pour remplacer les enfants que nous n'avons pas", a expliqué Matteo Salvini.

Quelques places plus loin à la tribune était assis le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui l'a interrompu en français en répétant "Allez, allez, allez!", laissant là percer son indignation.

Puis le ministre luxembourgeois lui a répondu par ces mots: "Au Luxembourg, nous avons eu des dizaines de milliers d'immigrants italiens. Ils sont venus comme migrants, qui ont travaillé au Luxembourg pour que vous, en Italie, vous ayez de l'argent pour payer pour vos enfants". Et le ministre de conclure par ces mots, toujours en français: "Merde alors!"

Il faisait allusion à la période des "Trente glorieuses", années durant lesquelles les pays d'Europe du Nord, en plein boom économique, ont fait venir une main d'oeuvre étrangère de pays d'Afrique du Nord ou de l'Europe du Sud.

La conférence, à laquelle participaient notamment des ministres de l'Intérieur de pays de l'UE ou d'Afrique ainsi que des responsables européens, devait prendre fin vendredi dans l'après-midi. Matteo Salvini devait tenir une conférence de presse avec le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, chef de file du FPÖ (Parti de la liberté, extrême droite).

(Francois Murphy avec Steve Scherer à Rome; Eric Faye pour le service français)