L'affaire Maassen ne fera pas éclater la coalition, assure Merkel

reuters.com  |   |  620  mots
L'affaire maassen ne fera pas eclater la coalition, assure merkel[reuters.com]
(Crédits : Ints Kalnins)

BERLIN/VILNIUS (Reuters) - Les dissensions entre conservateurs et sociaux-démocrates allemands sur l'avenir du chef des services de renseignement intérieur (BfV) ne provoqueront pas l'éclatement de la grande coalition, a assuré vendredi la chancelière Angela Merkel.

Le SPD souhaite que Hans-Georg Maassen soit limogé, pour avoir jeté le doute sur l'authenticité d'une vidéo montrant des extrémistes de droite pourchassant des migrants à Chemnitz, dans l'est du pays. Le ministre de l'Intérieur Hors Seehofer, chrétien-social (CSU, droite), estime en revanche qu'il n'y pas lieu de le destituer.

"Je peux déjà dire une chose aujourd'hui: aussi importante soit la position du président du BfV, il est clair que la coalition ne tombera pas sur la question du dirigeant d'une institution aux ordres", a déclaré la chancelière vendredi en marge d'une visite à Vilnius en Lituanie.

Les discussions entre les trois partis de la coalition (CDU, CSU et SPD) sur l'avenir de Hans-Georg Maassen ont été ajournées à mardi et d'ici là, les trois formations ont fait voeu de silence sur la question.

La porte-parole de la chancellerie à Berlin a dit ne pas être en mesure de réagir aux informations d'après lesquelles la chancelière Merkel n'aurait plus confiance en Maassen.

"Je ne peux rien dire à ce sujet", a déclaré Ulrike Demmer.

La chancelière apparaît affaiblie par cette affaire, qui replonge dans la crise une coalition déjà éprouvée. Angela Merkel est moins à même de répondre aux questions urgentes comme le Brexit, la réforme de l'Union européenne ou les contentieux commerciaux avec les Etats-Unis.

CONSTERNATION EN 2015

"La question migratoire va sans aucun doute continuer de hanter Merkel jusqu'à l'expiration de son mandat", estime Carsten Nickel, de la société de consultants Teneo Intelligence, pour qui le soutien de la CSU à Maassen réduit la marge de manoeuvre de la chancelière.

La querelle impliquant Maassen a ses origines dans la décision d'Angela Merkel, à l'été 2015, d'ouvrir les frontières de l'Allemagne aux réfugiés et migrants fuyant les conflits au Moyen-Orient. Plus d'un million de réfugiés avaient afflué en Allemagne cette année-là.

"Maassen n'est pas un cas isolé. Maassen appartient à la communauté des organes de sécurité", relève Robin Alexander, auteur d'un livre sur la gestion de la crise des migrants par le gouvernement Merkel.

"Pour cette communauté des organes de sécurité, l'automne 2015 a été une calamité - pas seulement pour Maassen, mais pour toutes les composantes" de cette communauté, ajoute Robin Alexander. "L'ensemble de cette communauté éprouve un profond sentiment d'aliénation vis-à-vis de la chancelière, ce qui n'était pas le cas précédemment en Allemagne."

Le fossé s'est creusé en octobre 2015, lorsque la chancelière a chargé son secrétaire général, Peter Altmaier, de la réponse de l'Allemagne à la crise des réfugiés; Emily Haber, une diplomate, avait été chargée d'être son interlocuteur au ministère de l'Intérieur.

Cette chaîne de commandement avait mis de fait les services de sécurité sur la touche. "Cela les a profondément mécontentés(...) Ils ont été horrifiés", explique Robin Alexander.

En privé, Hans-Georg Maassen, 55 ans, s'est plaint de la difficulté à maintenir les réfugiés sous surveillance et à déterminer si certains constituaient un risque.

Sa cause s'est vue conforter lors des législatives de septembre 2017, à la faveur desquelles le parti anti-immigration AfD (Alternative pour l'Allemagne) a fait son entrée au Bundestag, où il est désormais le troisième parti le plus important.

(Andrius Sytas à Vilnius et Michelle Martin et Paul Carrel à Berlin; Eric Faye pour le service français)