PSA milite pour un retour du bonus pour l'hybride en 2019

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Psa milite pour un retour du bonus pour l'hybride en 2019[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

par Gilles Guillaume et Laurence Frost

SOCHAUX (Doubs) (Reuters) - PSA milite en faveur d'un retour du bonus pour les véhicules hybrides rechargeables en France dès 2019 afin d'aider au décollage d'une technologie qui permet de réduire les émissions de CO2 et de rouler en ville en mode tout électrique.

L'aide publique, encore de 1.000 euros par voiture en 2017, a été supprimée cette année. Le groupe sochalien, qui lancera au second semestre 2019 son premier hybride rechargeable essence-électrique, aimerait qu'un bonus de 2.000 euros soit intégré dans le nouveau projet de loi de finances qui arrive bientôt au Parlement.

"Il est important que les autorités publiques réfléchissent aussi à la mise en place d'incitations pour le plug-in hybride", a déclaré Alexandre Guignard, vice-président senior en charge de la division véhicules à faibles émissions, au cours d'une présentation à la presse de l'atelier de prototypage de Sochaux où se prépare l'industrialisation des futurs véhicules hybrides du groupe.

"Des 'incentives' pour les véhicules électriques, il y en a aujourd'hui, il n'y en a pas pour les véhicules hybrides. Or le véhicule hybride est un excellent moyen de passer du thermique à l'électrique", a-t-il ajouté.

Le projet de loi de finances sera présenté lundi prochain en Conseil des ministres. L'adoption définitive par le Parlement intervient en général mi-décembre, avec un avis du Conseil constitutionnel en toute fin d'année.

UNE DÉPENSE DE 40 MILLIONS

Si le bonus de 6.000 euros pour l'acquisition d'un véhicule électrique devrait être reconduit, la question d'un retour d'une prime pour les véhicules émettant moins de 60 grammes de CO2 au kilomètre - voire moins de 50 grammes - n'est pas encore tranchée.

Le sujet fait actuellement l'objet de discussions entre le gouvernement et le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), au nom des deux constructeurs nationaux PSA et Renault, a indiqué Laurent Fabre, délégué aux institutions publiques de PSA.

"C'est l'amorce du marché qui est importante, et l'Etat écoute tous les arguments", a-t-il ajouté. "Selon les estimations du CCFA, avec une prime de conversion (des anciens véhicules diesel) reconfigurée sur une définition plus sociale, on arrive à financer le système."

D'après Laurent Fabre, un bonus de 2.000 euros représenterait une dépense de l'ordre de 40 millions d'euros pour l'Etat.

Tous les constructeurs vont accélérer le déploiement de leur gamme électrifiée au cours des prochaines années pour atteindre l'objectif européen de 95 grammes de CO2 en 2021, d'autant que la disgrâce du diesel, plus vertueux que l'essence sur le dioxyde de carbone, a rendu cet objectif plus compliqué à atteindre.

L'électrification permettra aussi de répondre à la menace d'éventuelles interdictions de circuler dans les grandes agglomérations pour les moteurs purement thermiques.

A l'échelle mondiale, le marché des véhicules électrifiés devrait voir sa taille multipliée par dix d'ici 2025.

Chez PSA, l'effort sera d'abord surtout visible sur l'hybride rechargeable - avec le DS7 Crossback E-Tense 4X4 mi-2019, le Peugeot 3008 à l'automne et la Peugeot 508 fin 2019 - puis sur l'électrique, avec le DS3 Crossback E-Tense au second semestre 2019 et la Peugeot 208 et l'Opel Corsa en 2020.

Chez Renault, c'est l'inverse. Le groupe au losange parie depuis plusieurs années sur l'électrique et s'est tourné plus tard vers les solutions d'hybridation essence-électrique. Ce retard pourrait être comblé dans le cadre du nouveau plan stratégique 2022, avec notamment l'apport de l'expertise de Mitsubishi dans l'hybride rechargeable.

(Avec Myriam Rivet à Paris, édité par Gwénaëlle Barzic)