Le redressement d'Air France préalable à toute cession, dit Le Maire

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Air france: le maire exclut une cession rapide de la part de l'etat[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Une cession de la participation de 14,3% de l'Etat français dans Air France-KLM n'est pas à l'ordre du jour et la priorité est d'abord de redresser le groupe, a réaffirmé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

Selon des déclarations rapportées jeudi par le Financial Times, le nouveau directeur général exécutif Benjamin Smith souligne que la présence de l'Etat au capital du groupe franco-néerlandais ne peut pas servir d'"assurance" aux salariés d'Air France, ce qui fait écho aux propos tenus par son prédécesseur Jean-Marc Janaillac lors de sa démission en mai.

Ben Smith, qui a pris ses fonctions le 14 septembre à la tête d'Air France-KLM, base ces propos sur le fait que l'Etat s'est montré favorable à une sortie du capital du groupe dès le départ de Jean-Marc Janaillac à la suite d'un référendum raté sur les salaires à Air France.

Le gouvernement s'était aussi dit en juin "ouvert au principe" d'une entrée au capital d'Air France-KLM d'AccorHotels, qui avait révélé son intérêt pour la part de l'Etat avant de renoncer fin juillet.

"Je pense qu'il est de bonne politique de procéder étape par étape. On doit d'abord redresser Air France", a répété Bruno Le Maire sur franceinfo.

"L'Etat serait un bien mauvais gestionnaire s'il commençait à vendre sa participation dans une entreprise qui n'est pas au mieux de sa forme", a-t-il ajouté.

L'action Air France-KLM a chuté de 37% depuis le début de l'année, ramenant cette participation à quelque 3,7 milliard d'euros, sous le coup de la crise sociale chez Air France et alors même que les résultats semestriels du groupe ont été supérieurs aux attentes grâce à une hausse inattendue des recettes unitaires.

"Ça ne fait pas partie de la feuille de route de Ben Smith de liquider la participation de l'Etat dans Air France", a rappelé Bruno Le Maire. "Ça ne fait pas partie des options qui sont aujourd'hui sur la table. Pour le moment il n'en est pas question."

RÉUNION DU CONSEIL D'ADMINISTRATION

Le conseil d'administration d'Air France-KLM, qui s'est réuni jeudi a annoncé que Ben Smith assumerait également les fonctions de directeur général d'Air France en attendant la nomination d'un véritable successeur à Franck Terner.

Cette période transitoire s'achèvera au plus tard le 31 décembre 2018.

Anne-Marie Couderc reste pour sa part présidente non exécutive du groupe.

Ben Smith va aussi tenter d'éteindre l'incendie social chez Air France en rencontrant lundi prochain l'intersyndicale à l'origine de grèves qui ont coûté 335 millions d'euros à la compagnie cette année et entraîné la démission de Jean-Marc Janaillac.

"J'attends qu'il vienne avec des propositions écrites et concrètes en termes d'évolution salariale", a dit à Reuters Jérôme Beaurain, représentant du syndicat Sud Aérien, membre de l'intersyndicale qui compte neuf organisations.

Pour Christophe Malloggi, secrétaire général de Force ouvrière chez Air France, l'important est que Ben Smith fournisse lundi une réponse à la revendication d'une hausse de 5,1% des salaires dans la compagnie française en 2018, ainsi que la manière qu'il va choisir pour solder le conflit.

(Yann Le Guernigou, Cyril Altmeyer et Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot)