La mobilisation des "Gilets jaunes" s'effrite

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Forte baisse de la mobilisation des gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Antony Paone)

PARIS (Reuters) - La mobilisation des "Gilets jaunes" contre la hausse du prix du carburant était en forte baisse mercredi, au cinquième jour d'actions de blocage marquées par des violences, alors que le gouvernement n'entend pas reculer sur la fiscalité.

"Le mouvement des 'Gilets jaunes', ce n'est pas un mouvement organisé avec des porte-paroles", a déclaré mercredi sur France Inter le ministre de la Transition écologique, François de Rugy. "Ce n'est en rien comparable à d'autres modes de résolutions de conflits sociaux."

L'idée d'organiser des états généraux de la transition énergétique, proposée par le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger et saluée par une partie de la classe politique et des partenaires sociaux , n'est toujours pas considérée par le gouvernement comme une solution.

L'exécutif a cependant annoncé mercredi vouloir organiser des débats décentralisés dans tout le pays sur les transformations à venir liées à la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et au projet de loi sur les mobilités, en y associant élus locaux, collectivités territoriales et organisations syndicales et patronales.

Plusieurs députés La République en marche (LaRem) ont aussi demandé de "faire pression" sur les banques pour qu'elles proposent un microcrédit à taux presque zéro pour l'achat de véhicules moins polluants afin d'apaiser la grogne des "Gilets jaunes".

SITUATION GRAVE À LA RÉUNION

Mais il ne s'agira pas d'un "geste" qui verrait le gouvernement céder aux revendications des "Gilets jaunes" et d'une partie de l'opposition, qui veulent que le gouvernement renonce aux hausses prévues de la fiscalité sur le diesel, ont répété mercredi plusieurs ministres.

Sur le terrain, le ministère de l'Intérieur a recensé la présence de 15.000 manifestants sur le territoire à 17h00 (16h00 GMT).

Le mouvement des "Gilets jaunes" qui, au plus fort de la mobilisation samedi a compté quelque 300.000 manifestants sur les routes de France, s'est soldé par 745 interpellations et 599 gardes à vue. Le bilan était mercredi soir de deux décès, 585 blessés dont 16 graves et 115 blessés dont trois graves parmi les forces de l'ordre.

Depuis samedi, 745 personnes ont été interpellées dans le cadre du mouvement, 599 ont été placées en garde à vue.

Selon un bilan daté de mardi soir transmis à Reuters mercredi par le ministère de la Justice, plus d'une centaine de personnes avaient été renvoyées devant le tribunal correctionnel et une quarantaine déférées en comparution immédiate sur tout le territoire national, départements d'Outre-mer compris.

La situation la plus grave prévalait à La Réunion ou de nouveaux affrontements entre manifestants et gendarmes mobiles ont eu lieu mercredi à proximité du dépôt pétrolier du port, d'où avaient été délogés les "Gilets jaunes", malgré le couvre-feu instauré par le préfet de l'île. [nL8N1XW4M7]

Plus aucun site pétrolier n'était bloqué mercredi soir, a précisé le ministère de l'Intérieur. De même plus aucun blocage routier n'était à déplorer, même si des barrages filtrants persistaient.

Vinci a annoncé dans un communiqué la réouverture partielle du péage de Virsac sur l'A10, au nord de Bordeaux, dont les installations ont été saccagées dans la nuit de lundi à mardi.

Le trafic a partiellement repris dans le sens de Paris en fin d'après-midi mercredi et le concessionnaire autoroutier table sur une reprise jeudi de la circulation en direction de Bordeaux.

Dans le Sud-Est, les "Gilets jaunes" ont réoccupé mercredi les accès au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) avant d'être dispersés par la police.

Ils ont aussi dressé un barrage filtrant vers le port pétrolier de Fos-Lavera (Bouches-du-Rhône), là encore dégagé par les forces de l'ordre.

LES ZONES COMMERCIALES TOUCHÉES

La Fédération des transports et de la logistique FO-UNCP a appelé mardi à rejoindre le mouvement mais c'est pour l'instant le seul syndicat, à l'exception de police SGP Unité FO, à prendre part à la mobilisation.

La CGT, qui avait souhaité s'en distancer, jugeant qu'il avait été récupéré par des partis d'extrême droite, a appelé à une manifestation interprofessionnelle le 1er décembre.

Les blocages commencent à avoir un impact économique.

L'association de commerçants de l'une des plus grandes zones commerciales d'Europe, celle de Plan-de-Campagne au Nord de Marseille, a demandé au préfet d'assurer l'accès aux lieux à l'approche du "Black Friday", l'un des week-ends les plus rémunérateurs de l'année.

"Nous avons déjà beaucoup perdu d'argent le week-end écoulé, avec une baisse du chiffre d'affaires de 80% le samedi et de 50% le dimanche. Cette situation fait courir de graves risques à tous les commerces et aux 7.500 emplois de la zone", a déclaré Pierre Pedreno, le président de Centre de vie régionale (CVR), une association qui regroupe 350 des plus de 500 enseignes de la zone.

Les deux lignes de production de l'usine PSA de Sochaux (Doubs), qui produisent des 3008 et des 308, ont été mises à l'arrêt mercredi après-midi en raison d'une pénurie de pièces en provenance d'Espagne, bloquées dans le sud-ouest de la France par le mouvement des "Gilets jaunes", a-t-on appris auprès d'un porte-parole de l'entreprise. [nL8N1XW56M]

(Caroline Pailliez, avec Elizabeth Pineau, Julie Carriat et service France, édité par Yves Clarisse)