Macron promet aux maires un "changement de méthode"

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Macron promet aux maires une nouvelle methode[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a promis mercredi à des maires de France "fatigués" et échaudés un "changement de méthode" de travail et de concertation qui doit permettre de tourner la page de seize mois de crispations et d'incompréhensions entre l'exécutif et les édiles qui dénonçaient des "mesures unilatérales".

A la veille du discours du Premier ministre Edouard Philippe au congrès annuel des maires à Paris, le chef de l'Etat a reçu sous les dorures de la salle des fêtes de l'Elysée quelque 2.000 élus avec lesquels il s'est livré à un jeu de questions-réponses.

"Je sais que votre quotidien n'est pas facile, celui du gouvernement ne l'est pas davantage", a-t-il déclaré dans ses propos liminaires. Face aux défis, "on a une responsabilité commune, c'est d'être ensemble. Si on n'est pas ensemble, alors on ouvre un formidable boulevard, non pas aux populistes mais aux démagogues".

"Il faut un changement de méthode entre nous, c'est ce que j'ai voulu initier ce soir et ce qu'on va poursuivre ensemble dans les prochains mois, dans la manière de préparer les textes au niveau national et de les porter", a-t-il poursuivi, quelques heures après une rencontre avec le bureau de l'Association des maires de France (AMF) qui n'a pas mâché ses mots ces dernières semaines contre l'exécutif.

Selon l'Elysée, le chef de l'Etat a, au cours de cet échange avec les instances de l'AMF, appelé à mettre un terme à de "fausses polémiques" et "à la scénarisation des désaccords" et s'est dit prêt à "travailler ensemble" sur la taxe d'habitation et la dotation globale de fonctionnement (DGF), deux points de crispations.

Il a également donné son accord à une méthode de concertation en amont sur les projets du gouvernement et sur la modification du fonctionnement de la conférence nationale des territoires, a précisé l'Elysée. Le chef de l'Etat s'est par ailleurs engagé à se rendre l'an prochain au congrès porte de Versailles.

Sa décision de ne pas s'y rendre cette année, contrairement à l'an dernier où il avait essuyé des sifflets, a été déplorée par certains maires qui ont décidé de boycotter en retour la réception à l'Elysée.

"PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE"

Dans un communiqué publié un peu plus tôt dans la journée, l'AMF avait demandé à Emmanuel Macron et au gouvernement de s'engager dans "une vraie négociation" avec les communes pour rétablir la confiance entre l'Etat et les élus.

"Nous souhaitons la mise en place d'une méthode de travail avec un calendrier précis qui permette à l'Etat et à l'AMF de s'engager dans une négociation sincère afin de rétablir la confiance", avait indiqué l'association. "Il y a urgence à renouer le dialogue dans une vraie négociation".

Lors de l'échange avec les maires, Emmanuel Macron s'est dit "tout à fait prêt à ouvrir le chantier de la réforme des règles de la DGF", "favorable à confier aux élus la gestion de la fonction publique territoriale" et à "améliorer à la marge la loi Notre (nouvelle organisation territoriale de la République)".

"Ca ne veut pas dire revenir en arrière mais (...) on peut améliorer des choses", a-t-il souligné. Quant à la suppression de la taxe d'habitation à l'horizon 2020, l'"engagement a été tenu", a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions sur la compensation de la suppression de cette taxe, traditionnelle source de recettes pour les communes.

A l'issue du jeu de questions-réponses, qui a été suivi d'un échange plus informel hors presse, les avis étaient partagés.

Le maire Les Républicains (LR) de Toulouse et président de France Urbaine, Jean-Luc Moudenc, a estimé que "le dialogue était renoué".

"Il y avait des blocages, là je crois que c'est quelque chose qui est de nature à redonner de la confiance et surtout du positif, alors qu'on était dans une logique négative-négative", a-t-il dit à sa sortie de l'Elysée.

La maire de Planay, une commune de Côte d'Or d'une centaine d'habitants, Dominique Bouisson, s'est montrée quant à elle plus circonspecte. "Il a continué à nous dire 'je m'engage, je tiendrai mes engagements', mais c'est ce qu'il dit tout le temps."

(Marine Pennetier, édité par Nicolas Delame)