"Gilets jaunes" : L'ordre public doit être restauré, dit Macron

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Cinq mois après le début de la crise des "Gilets jaunes", Emmanuel Macron a appelé jeudi au retour de l'ordre public en France, estimant qu'il fallait que le "pays avance" et qu'il retrouve "l'indispensable concorde".

Depuis le 17 novembre, des milliers de manifestants sont descendus chaque samedi dans les rues pour réclamer notamment plus de justice sociale et de démocratie participative, des mobilisations émaillées de violences parfois spectaculaires comme à Paris début décembre.

Pour tenter d'éteindre la contestation à l'approche des élections européennes du 26 mai qui auront valeur de test, le chef de l'Etat a présenté une série de mesures concrètes, dont une baisse de l'impôt sur le revenu de cinq milliards d'euros et s'est livré comme le 10 décembre à un mea culpa.

"Le sentiment que j'ai donné c'était une forme d'injonction permanente, d'être dur, parfois injuste, ça je le regrette parce ce n'est pas ce que je suis profondément et parce que ça n'a pas aidé à la cause", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'Elysée, assurant respecter les "justes revendications" des "Gilets jaunes".

"Que s'est-il passé dans notre pays? Un mouvement inédit, des Gilets jaunes, qui a dit sa colère, son inquiétude, son impatience que les choses changent plus vite, plus radicalement que le peuple français puisse avoir sa part de progrès dans un monde incertain", a-t-il souligné.

"Ce mouvement a été ensuite récupéré par les violences de la société, l'antisémitisme, l'homophobie, les attaques contre les institutions, les journalistes parfois, les forces de l'ordre", a-t-il souligné. "Aujourd'hui l'ordre public doit revenir, avant tout, et avec lui l'indispensable concorde".

"Mais je ne veux pas que les dérives de quelques-uns occultent les justes revendications portées à l'origine de ce mouvement et profondément soutenues", a-t-il insisté. "Moi je reconnais, je respecte et je considère les Gilets jaunes qui sont sortis dans la rue au début de cette crise ou qui étaient en sympathie. Mais je ne cède rien à ceux qui détruisent les institutions veulent le pire, au fond veulent l'émeute."

"IL FAUT QUE LE PAYS AVANCE"

Pour le chef de l'Etat, "il y a maintenant beaucoup de gens qui veulent en jouer, il y a dans les rues beaucoup de militants politiques qui veulent juste autre chose, ils iront aux élections pour proposer autre chose. Je pense qu'il faut que le pays avance".

Samedi dernier, lors de la 23e mobilisation consécutive des "Gilets jaunes", près de 27.900 manifestants ont été recensés en France par le ministère de l'Intérieur, dont 9.000 à Paris. La semaine précédente, 31.100 personnes avaient participé aux manifestations, dont 5.000 dans la capitale.

Quelques affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre à Paris ainsi qu'en province, notamment à Toulouse, mais les violences ont été moins importantes que ce que craignait le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui avait dit redouter vendredi la venue de nombreux "casseurs".

Le chef de l'Etat n'a pas évoqué les critiques émises notamment par la Haut-commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme Michelle Bachelet qui a exhorté début mars Paris à mener une enquête complète sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force lors des manifestations des "Gilets jaunes".

Depuis le début du mouvement le 17 novembre dernier, 261 blessures à la tête, 23 personnes éborgnées et cinq mains arrachées ont été recensés par le journaliste indépendant David Dufresne, à l'origine du projet "Allô place Beauvau".

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)