"En colère", Rugy dit n'avoir aucune raison de démissionner

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(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - François de Rugy a redit vendredi sa détermination à conserver son poste de ministre de la Transition écologique en dépit des révélations de la presse sur son train de vie, contenant selon lui de nombreux "mensonges" qui l'ont mis "très en colère".

Le numéro deux du gouvernement, qui assure avoir reçu le soutien sans équivoque d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe, a par ailleurs menacé de porter plainte à l'avenir contre les médias propageant des "dénonciations calomnieuses".

Le site d'investigation Mediapart, qui égrène depuis mercredi des informations défavorables à François de Rugy, a publié vendredi soir un nouvel article dans lequel il est expliqué qu'il n'a pas été imposable en 2015 pour ses revenus déclarés de 2014.

"Où s'arrêtera l'acharnement?", a répliqué le ministre sur Twitter.

"Une seule raison", affirme-t-il."Les dons de 1.200€ que je faisais chaque mois au parti EELV (Europe Ecologie-Les Verts, NDLR) en tant que député du groupe EELV, comme TOUS les autres députés du groupe, et comme tous les autres parlementaires qui financent ainsi leurs partis et la vie politique."

"Cette réalité est celle du financement des partis, de la vie politique et des associations", a ajouté son entourage.

Le ministre se voit de nouveau fragilisé, alors que son ex-directrice de cabinet Nicole Klein, limogée mercredi après que Mediapart eut rapporté qu'elle bénéficiait d'un logement social à Paris, se montre très critique envers lui, estimant dans Ouest France : "Il a voulu sauver sa tête en s'offrant la mienne".

Sur RTL, elle a déploré une "séquence très violente et très injuste". "Je ne comprends pas bien comment on se sépare de sa collaboratrice la plus proche dans un moment d'extrême difficulté", a-t-elle souligné, ajoutant dans Ouest France avoir "toujours soutenu [s]es collaborateurs" dans l'adversité.

L'ancienne préfète des Pays de la Loire, qui a refusé de démissionner lors d'un entretien téléphonique de "cinq minutes" mercredi avec François de Rugy, précise que la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, l'a appelée "pour dire qu'elle était désolée de la manière dont François de Rugy [l']avait virée". Le prédécesseur de François de Rugy, Nicolas Hulot, lui a également fait part de son soutien, dit-elle.

"Je n'ai absolument pas de raison de démissionner", s'est défendu vendredi matin l'ex-président de l'Assemblée nationale sur BFM TV, la voix par moments voilée.

"Je suis très en colère contre les mensonges", a déclaré l'ex-député et militant écologiste, déstabilisé depuis mercredi par une rafale de révélations de Mediapart sur des dîners fastueux à l'Assemblée nationale ou des travaux réalisés dans le logement de fonction de son ministère.

NEUF "MENSONGES"

Il dit notamment avoir recensé neuf "mensonges" dans le dernier article en date du site d'investigation, publié jeudi, concernant un logement à vocation sociale qu'il louerait indûment à Orvault, près de Nantes (Loire-Atlantique).

Dans cette affaire précise, c'est lui la "victime d'une tricherie" dont les responsables seraient l'agence immobilière et peut-être la propriétaire du logement, coupables à ses yeux de lui avoir loué ce bien sans le prévenir qu'il obéissait normalement aux règles du dispositif Scellier.

Il a également démenti avoir fait acheter, lorsqu'il présidait l'Assemblée nationale, un sèche-cheveux doré à l'or fin, d'une valeur de 500 euros, comme le rapporte Le Parisien dans son édition de vendredi. "C'est n'importe quoi."

"J'envisage de porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre maintenant dorénavant tous les articles" comportant des informations infondées, a-t-il prévenu, visant en particulier le site d'investigation Mediapart.

"Le but c'est quoi ? C'est d'informer le public ou c'est de mener en permanence contre le gouvernement ?", a-t-il demandé, parlant d'un "fantasme des coupeurs de tête".

"INTOLÉRANCE AUX CRUSTACÉS"

Dans son premier article, Mediapart décrit une dizaine de dîners à l'hôtel de Lassay, résidence de fonction du président de l'Assemblée nationale, organisés avec les moyens mis alors à sa disposition alors même que "l'essentiel" des convives, selon le site, appartenaient au cercle amical de l'élu et de son épouse. Lors de l'une de ces réceptions, des homards ont été servis aux invités, comme le prouve une photo publiée sur le site qui a inspiré un flot de railleries sur les réseaux sociaux.

A sa décharge, François de Rugy a invoqué sur BFM TV son "intolérance aux crustacés et aux fruits de mer" de même que son peu de goût pour les grands vins ou le caviar.

Le site d'investigation a par la suite fait état de "travaux de confort" réalisés dans son appartement au ministère de la Transition écologique pour un montant total de 63.000 euros, dont 17.000 euros dédiés à un dressing.

Ces révélations en cascade ont fragilisé le ministre, certaines personnalités politiques, comme l'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho, allant jusqu'à demander sa démission.

Les responsables de la majorité n'ont pas non plus caché leur embarras devant les informations mises au jour, à l'image de l'ancien porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux qui a déploré sur France 2 l'"image terrible" donnée de la politique.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, l'a maintenu à son poste jeudi tout en le sommant, lors d'un entretien convoqué en urgence à Matignon, de s'expliquer sur ses dépenses à l'Assemblée et au ministère de la Transition écologique. Les vérifications demandées par le chef du gouvernement ont débuté vendredi.

(Simon Carraud avec Sophie Louet)