Libye : Les militaires français étaient engagés contre Daech

reuters.com  |   |  612  mots

PARIS (Reuters) - Le détachement de militaires français dont des missiles ont été retrouvés dans un poste de commandement du maréchal Khalifa Haftar se trouvaient en Libye dans le cadre de la lutte contre l'organisation Etat islamique, à la suite "de nombreuses attaques", a déclaré vendredi la ministre des Armées.

Les quatre missiles anti-char américains Javelin saisis fin juin par les troupes gouvernementales libyennes à Gharyan, ville à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli, étaient "hors d'usage" et n'ont pu "être détruits à temps" pour "des raisons qui tiennent aux événements qui se déroulent en Libye", a ajouté sur franceinfo Florence Parly, sans plus de précisions.

A la suite d'une information du New York Times, la France a reconnu mardi que ces armements, achetés aux Américains, lui appartenaient, révélant par la même la présence d'éléments du renseignement extérieur sur le territoire libyen.

Le gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al Sarraj, seul organe exécutif reconnu par la communauté internationale depuis 2015, a demandé des explications à la France sur "le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharyan sont parvenues aux forces de Haftar".

Fayez al Sarraj accuse les autorités françaises de jouer double jeu en Libye de par leur proximité avec l'homme fort de l'Est (Cyrénaïque) - considéré comme un allié robuste dans la lutte antiterroriste -, qui a lancé début avril une offensive militaire sur Tripoli, siège du GNA.

"Les propos que l'on peut lire ici ou là sur le fait que ces missiles étaient entre les mains, quels que soient les belligérants d'ailleurs, libyennes, sont des propos tout à fait faux. Ce n'est pas le cas", a répondu Florence Parly.

NEUF ATTAQUES DE DAECH

La ministre a réaffirmé que cet armement coûteux était destiné à la protection d'un détachement français engagé dans "une mission de renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme."

"Il y a eu en Libye de nombreuses attaques, y compris de façon très récente, de Daech, et c'est dans ce cadre-là que ces missiles se trouvaient auprès d'éléments français", a-t-elle expliqué.

Interrogé à ce sujet, le ministère des Armées a précisé par la suite que "neuf attaques" avaient été revendiquées à sa connaissance par l'EI en Libye depuis le début de l'année, sans indiquer leur localisation. Le secteur de Gharyan n'est pas considéré à ce jour comme une zone d'action de l'EI.

L'instabilité qui a suivi la chute de Mouammar Khadafi en 2011 a favorisé l'expansion du djihadisme en Libye, devenue un point d'ancrage de Daech (acronyme arabe de l'EI) après l'Irak et la Syrie.

"Il se trouve que ces missiles ont été mis hors d'usage, ils étaient donc stockés dans un endroit qui était destiné à permettre leur destruction. Pour des raisons qui tiennent aux événements qui se déroulent en Libye, ces missiles n'ont pas pu être détruits à temps", a poursuivi Florence Parly sur franceinfo.

Son entourage s'est refusé à préciser les causes de leur mise hors d'usage, de même que les circonstances qui ont conduit à leur découverte dans le QG de Gharyan déserté par les forces d'Haftar à la suite d'une attaque éclair des forces loyalistes.

"Ils n'ont jamais été transférés à quiconque, ils n'avaient qu'un seul usage, celui de contribuer à la protection d'éléments français qui faisaient du renseignement", a répété la ministre des Armées, laissant des questions en suspens.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)