La BCE ne doit pas trop dépendre des marchés pour l'inflation, dit Villeroy

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PARIS (Reuters) - Les banquiers centraux doivent pouvoir agir en toute indépendance des pouvoirs politiques comme des intérêts économiques, y compris des anticipations de l'inflation sur les marchés, a déclaré mardi François Villeroy de Galhau.

"La politique monétaire doit être menée en toute indépendance, des responsables politiques bien sûr, et nous avons le regret de le répéter, mais aussi des pressions à court terme et de tous les intérêts économiques", a-t-il dit lors d'une conférence à la Banque de France.

Les banques centrales sont aujourd'hui confrontées à des appels de responsables politiques des deux côtés de l'Atlantique, notamment de la part de Donald Trump aux Etats-Unis, pour les amener à assouplir encore leur politique monétaire.

Parallèlement, les rendements obligataires ont fortement baissé ces derniers temps sur les marchés à la suite d'une série d'indicateurs économiques décevants qui ont nourri les spéculations de nouvelles initiatives des banques centrales pour empêcher les anticipations d'inflation de s'effondrer.

"Nous prenons note des indications du marché mais nous ne devons pas être dépendants des marchés", a souligné François Villeroy de Galhau, qui est membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

"Cela veut dire ne pas dépendre trop exclusivement des instruments du marché pour mesurer les anticipations d'inflation", a-t-il indiqué.

"Nous sommes dépendants des données et je le dis en particulier pour la BCE : dans les réunions à venir du conseil des gouverneurs, nous étudierons les données économiques réelles et nous agirons en fonction, si et quand ce sera nécessaire".

François Villeroy de Galhau s'exprimait lors d'un colloque sur le 75e anniversaire des accords de Bretton Woods organisé à la veille de la réunion des ministres des Finances du G7 à Chantilly (Oise).

L'indicateur d'inflation prospective le plus suivi par les marchés - celui qui mesure ce que seront les anticipations d'inflation à cinq dans cinq ans - est récemment tombé à 1,1%

Il est remonté depuis à 1,3% mais il reste bien loin de l'objectif d'une inflation proche de 2% affiché par la BCE et évolue sous son niveau de 2015, au moment où l'institution avait lancé son programme de rachats d'actifs.

François Villeroy de Galhau a par ailleurs rejeté toute idée de manipulation des taux de change par les banques centrales, après les accusations en ce sens lancées par le président américain Donald Trump contre la BCE.

"Les politiques monétaires des grandes économies avancées sont guidées par leur seul mandat intérieur : la stabilité des prix et la gestion de la demande contracyclique. Elles ne ciblent pas des taux de change", a-t-il souligné

(Leigh Thomas, avec Yann Le Guernigou, édité par Sophie Louet)