Le carnaval de Notting Hill quitte les rues pour investir les écrans

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Le carnaval de notting hill quitte les rues pour investir les ecrans[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

LONDRES (Reuters) - L'édition 2020 du carnaval de Notting Hill, temps fort des festivités estivales à Londres, se déroulera uniquement en ligne en raison de l'épidémie de coronavirus.

Créé dans les années 1960 sous l'impulsion de la communauté afro-caribéenne, le carnaval de Notting Hill, qui se veut symbole de tolérance, attire chaque année plus d'un million de visiteurs réunis pour danser en suivant des "sound systems", murs d'enceintes mobiles montés sur des camions ou statiques en bord de rue.

Dans l'incapacité de faire respecter la moindre mesure de distanciation physique, les organisateurs ont annulé le défilé traditionnel et opté pour une édition virtuelle, à l'instar d'autres manifestations culturelles.

Pendant un mois, des heures de concert et de performances artistiques ont été enregistrées et montées. Elles seront mises en ligne entre les 29 et 31 août, dates initiales du carnaval organisé chaque année le week-end précédant le dernier lundi d'août.

"Au début, j'étais vraiment désolé qu'il ne puisse pas se dérouler dans les rues, et je le suis toujours, mais les possibilités offertes cette année d'amener le Carnaval dans des lieux exceptionnels m'enthousiasme aussi", a déclaré le directeur exécutif de l'événement, Matthew Phillip.

L'édition 2020 devrait aussi renvoyer aux origines mêmes du carnaval, imaginé dans le contexte des tensions interraciales qui secouaient la Grande-Bretagne. L'idée était de célébrer la culture caribéenne dans les rues mêmes où des émeutes avaient éclaté et de réunir les communautés autour de la musique, de la gastronomie et de la fête.

La question raciale s'est reposée avec force cette année, en Grande-Bretagne comme ailleurs, avec la mobilisation contre les violences policières consécutive à la mort de George Floyd lors de son interpellation par des policiers à Minneapolis, en mai aux Etats-Unis.

Sous le mot d'ordre mondialisé Black Lives Matter, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés en juin dans les rues de Londres pour dénoncer les brutalités policières mais aussi les inégalités entre communautés, également mises en lumière par le coronavirus, qui a davantage frappé les communautés noires.

"Le carnaval est toujours pertinent", souligne Matthew Phillip. "En lui-même, il est presque une manifestation puisqu'il réunit des gens qui s'approprient la rue."

(Hanna Rantala; version française Henri-Pierre André)