Le Liban doit décider seul de son avenir, dit l'Iranien Zarif à Beyrouth

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Le liban doit decider seul de son avenir, dit l'iranien zarif a beyrouth[reuters.com]
(Crédits : Mohamed Azakir)

par Maher Chmaytelli

BEYROUTH (Reuters) - Seuls le peuple libanais et ses représentants peuvent décider de l'avenir du pays, a déclaré vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères lors d'un déplacement à Beyrouth, dix jours après l'explosion du port qui a tué 172 personnes et aggravé la crise politique.

L'Iran est le principal soutien du parti-milice chiite Hezbollah, pilier de la coalition qui avait formé en janvier le gouvernement d'Hassan Diab, poussé à la démission par la colère populaire déclenchée par la catastrophe du 4 août.

Le ministre iranien Mohammed Javad Zarif s'exprimait peu après des tête-à-tête du président libanais, Michel Aoun, avec un représentant de l'administration Trump puis la ministre des Armées française, Florence Parly.

De nombreux pays ont appelé ces derniers jours le Liban à entreprendre des réformes politiques et économiques et à s'attaquer à la corruption, afin de permettre le déblocage d'une aide financière internationale.

"De notre point de vue, il n'est pas humain d'exploiter la douleur et la souffrance du peuple à des fins politiques", a dit Zarif lors d'une conférence de presse télévisée commune avec son homologue libanais démissionnaire.

"Nous pensons que c'est au gouvernement et au peuple du Liban de décider de l'avenir du Liban", a ajouté le chef de la diplomatie iranienne.

De son côté, Michel Aoun a déclaré sur Twitter s'être entretenu successivement avec le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques David Hale puis avec Florence Parly.

Cette dernière a fait le voyage afin d'accueillir à Beyrouth le porte-hélicoptères français Tonnerre, qui achemine des hommes et du matériel pour participer à la reconstruction d'infrastructures à Beyrouth.

David Hale a précisé de son côté que le FBI américain participerait à l'enquête sur l'explosion du 4 août, tout en appelant à la fin "des gouvernements dysfonctionnels et des promesses vides".

Mohammed Javad Zarif, lui, a assuré que Téhéran et des entreprises privées iraniennes étaient prêtes à contribuer à la reconstruction du Liban, notamment dans le secteur de l'électricité.

Jeudi, le patriarche maronite libanais Bechara Boutros Al Rai avait exprimé sa crainte de voir l'avenir du Liban décidé par des pays étrangers, sans désigner aucun de ceux-ci.

"Ils ont commencé à cuisiner des choses qui ne servent pas les intérêts du Liban mais les intérêts de politiciens et de factions, ce que nous rejetons totalement et contre quoi nous nous battrons", a-t-il dit dans un sermon.

(Avec Ghaida Ghantous et les bureaux de Beyrouth et Dubai, version française Marc Angrand)