Allemagne : Le pape rejette la démission de l'archevêque de Munich

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Allemagne: le pape rejette la demission de l'archeveque de munich[reuters.com]
(Crédits : Michele Tantussi)

VATICAN (Reuters) - Le pape François a rejeté la démission du cardinal allemand Reinhard Marx qui souhaitait quitter ses fonctions d'archevêque de Munich pour témoigner de sa responsabilité dans les scandales d'abus sexuels commis par des prêtres au cours des dernières décennies, dans une lettre publiée par le Vatican jeudi.

Reinhard Marx, l'une des figures libérales les plus influentes du catholicisme romain, n'est pas soupçonné d'avoir participé à des abus ou à une dissimulation des scandales. Il avait toutefois fait part de son intention de démissionner la semaine dernière, dans un contexte d'indignation croissante des fidèles allemands face à ces abus.

"Je dois partager la responsabilité de la catastrophe des abus sexuels commis par des responsables de l'Église au cours des dernières décennies", avait-il expliqué, ajoutant qu'il espérait que son départ marquerait le début d'une ère nouvelle.

Dans une lettre écrite à Reinhard Marx, le pape François a déclaré qu'il comprenait la motivation derrière l'offre de démission de Marx, mais qu'il ne l'accepterait pas.

"Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il s'agit d'une catastrophe : la triste histoire des abus sexuels et la façon dont l'Église l'a abordée jusqu'à récemment", a déclaré François.

"Prendre conscience de l'hypocrisie dans la façon dont nous vivons notre foi est une grâce et un premier pas que nous devons faire. Nous devons assumer la responsabilité de cette histoire, à la fois en tant qu'individus et en tant que communauté. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce crime", a ajouté le pape dans sa lettre, insistant sur la nécessité pour l'Eglise de mettre fin à la "politique de l'autruche".

"Accepter la crise, en tant qu'individus et en tant que communauté, est la seule voie fructueuse", a-t-il déclaré.

"Telle est ma réponse, cher frère. Continuez comme vous le suggérez, mais en tant qu'archevêque de Munich", a écrit le pape dans sa langue maternelle.

Reinhard Marx, 67 ans, a été président de la conférence épiscopale allemande jusqu'à l'an dernier, lorsqu'il a refusé de se présenter pour un second mandat.

Progressiste, Reinhard Marx est un partisan de la "voie synodale", un mouvement qui vise à donner aux laïcs catholiques plus d'influence sur le fonctionnement de l'Église et sur des questions telles que la nomination des évêques, la moralité sexuelle, le célibat des prêtres et l'ordination des femmes.

Les conservateurs ont attaqué ce concept, affirmant qu'il pourrait conduire à un schisme.

Ces dernières années, l'exode de l'Église allemande s'est accéléré, les fidèles libéraux protestant non seulement contre les abus mais aussi contre les attitudes conservatrices à l'égard des relations homosexuelles.

L'Église allemande a une influence démesurée au niveau mondial, en partie en raison de sa richesse : les impôts payés par les membres et collectés par le gouvernement en font la plus riche au monde.

(Philip Pullella, version française Hayat Gazzane, édité par Jean-Stéphane Brosse)