L'exception française

Riche de plus de 55 clichés réalisés entre 1860 et les années 1930, la collection photos du musée d'Orsay, rassemblée par Françoise Heilbrun, s'impose comme l'une des plus importantes au monde pour cette période.
" Verres et carafe ", de Heinrich Kühn

Cette collection c'est à elle qu'on la doit. À elle seule. Avec sa passion, sa perspicacité et sa croyance inébranlable en la photographie.

C'est en 1979, dans la préfiguration du musée d'Orsay que Françoise Heilbrun, aujourd'hui conservateur en chef, a imaginé la collection photos du musée. Pour cela, elle se forme auprès d'un maître, Peter Burnell, à Princeton. « Les Américains croyaient et croient toujours plus en la photo que nous », remarque-t-elle. De retour au musée, son premier achat sera un cliché de Heinrich Kühn exposé actuellement à l'Orangerie.

La collection court de 1860 aux années 1930 grâce à des dons exceptionnels d'oeuvres de Stieglitz. « Au début, on avait plus d'argent qu'aujourd'hui pour acheter des oeuvres », dit Françoise Heilbrun. Sa politique ? N'acquérir que des photographies créatives, pas des documents. Qu'elles soient françaises ou étrangères. C'est ainsi qu'elle achètera Nadar, Le Gray, qu'on lui fera des dépôts de Baldus ou Vigier, d'anonymes qui s'inscrivent dans l'histoire de la photographie. Elle héritera du fonds de la Société française de photographie.

Au fil des ans, la collection s'est enrichie de 55.000 oeuvres. « Mon modèle était américain, dit-elle, mais notre richesse ici c'est d'être à l'origine de la photo primitive. Dans le sens premier, de l'artisanat. Avec des artistes comme Fenton ou Le Gray. C'est Nadar qui le premier a employé ce terme. La suprématie est française et anglaise uniquement. »

Mais quelles sont, dans ce maelström de photos, celles qu'elles préfèrent ? « Beaucoup d'anonymes, répond-elle, comme ce cliché de Schuman et de sa femme au piano. J'ai aussi une grande faiblesse pour les portraits de Baudelaire par Nadar. » Mais malgré l'enthousiasme qui lui tient de ferveur, Françoise Heilbrun est pessimiste sur l'avenir de la photographie. « On nous écoute moins aujourd'hui qu'hier et surtout nous manquons de moyens pour développer nos collections. » Et pourtant, partout, on ne parle que de photos.

Heinrich Kühn au musée de l'Orangerie jusqu'au 24 janvier. www.musee-orangerie.fr

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