À l'approche des européennes, la popularité de Macron stagne

Par Grégoire Normand  |   |  1255  mots
"Après une remontée de 3 points des bonnes opinions le concernant en avril, au sortir de la phase de grand débat national, Emmanuel Macron voit sa popularité se stabiliser en mai à 32% de bonnes opinions." (Crédits : Philippe Wojazer)
Le baromètre mensuelle réalisé par BVA pour La Tribune-Orange-RTL indique que 32% des Français interrogés ont une opinion favorable à l'égard d'Emmanuel Macron, au même niveau qu'en avril.

Le président de la République peine à reconquérir des opinions favorables. D'après le dernier baromètre BVA réalisé pour La Tribune, RTL et Orange, la popularité d'Emmanuel Macron demeure au même niveau qu'en avril à 32%. À l'inverse, la part d'opinions négatives progresse très légèrement passant de 67% à 68% sur la même période. À quelques jours des élections européennes, ces résultats peuvent apparaître rassurants pour l'exécutif qui sort d'une longue période de Grand débat. Pour autant, la crise sociale est loin d'être éteinte. Si le chef de l'État a fait un certain nombre d'annonces le 25 avril dernier, cet arsenal de mesures n'a pas suffi à apaiser la colère des "gilets jaunes" qui s'apprêtent encore à manifester ce samedi pour un acte 27.

Après une année 2018 douloureuse, la popularité du chef de l'État a retrouvé des couleurs à partir de janvier dernier. Il semble que les annonces du 10 décembre pour tenter de redonner du pouvoir d'achat aux Français les plus modestes ont joué en faveur du quadragénaire. Depuis le début d'année, la popularité du locataire de l'Élysée a néanmoins du mal à décoller. La proportion d'opinions favorables oscille autour de 30% sans vraiment retrouver des niveaux comparables à ceux rencontrés au début du quinquennat. S'il a réussi à stopper cette plongée dans les sondages, la partie est loin d'être gagnée pour Emmanuel Macron qui entame sa troisième année de mandat.

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Macron en perte de vitesse chez les salariés du privé

Dans le détail, le président perd du terrain chez les 35-49 ans (-6 points à 29%), les professions intermédiaires (-7 points à 31%), les salariés du secteur privé (-5 points à 27%) et les habitants des communes rurales (-3 points à 25%). Cette diminution chez ces catégories indique que les réponses de l'exécutif n'ont pas forcément produits les effets escomptés. "Il est important de souligner une baisse des bonnes opinions au sein de populations s'étant montrées particulièrement en attente de prise en compte de leurs préoccupations par l'exécutif au cours des derniers mois" souligne l'organisme de sondages.

Au niveau politique, le locataire du Palais de l'Élysée est en perte de vitesse chez les sympathisants du Parti socialiste (PS) avec 11 points en moins de bonnes opinions (21%). En revanche, il progresse chez les sympathisants Les Républicains (+3 points à 34%) et plus légèrement chez les sympathisants du Rassemblement national (+ 1 point). Dans son propre camp, Emmanuel Macron conforte encore un peu plus son socle électoral du premier tour de la présidentielle en 2017 avec 97% d'opinions favorables (+1 point par rapport à l'enquête réalisée en avril).

A l'échelle des forces politiques mesurées, l'ancien ministre de l'Économie sous François Hollande récolte une grande part de mauvaises opinions particulièrement au Rassemblement national (90%), chez les sympathisants du Parti socialiste (79%) et ceux de la gauche. C'est dans le camp de la droite que le président se trouve relativement épargné avec 66% d'opinions en sa défaveur.

Si le plus jeune président élu de la Vème République fait de meilleurs scores que François Hollande (21%) après deux ans d'exercice du pouvoir, il reste en revanche bien loin derrière Nicolas Sarkozy (43%), Jacques Chirac (40%) ou encore François Mitterrand (39%).

Edouard Philippe se maintient dans l'opinion

Le Premier ministre reste toujours plus populaire que le chef de l'État dans le dernier baromètre réalisé par BVA. S'il perd un point en mai, le chef du gouvernement obtient tout de même 36% de réponses positives. Depuis le début de l'année, Edouard Philippe se maintient au même niveau à un point près. A l'opposé, la proportion d'opinions défavorables se stabilise à 63% depuis décembre. "Les bonnes opinions à l'égard d'Edouard Philippe gagnent 3 points auprès des sympathisants LR (48%) et se rapprochent de la barre des 50% qui n'a plus été atteinte dans cette population par le Premier ministre depuis juillet 2018" signalent les auteurs du baromètre.

Dans une perspective historique, le score réalisé par l'ancien maire du Havre lui permet de réaliser des scores supérieurs à ceux d'Alain Juppé en mai 1997 (30%) ou encore  ceux de Pierre Mauroy après deux ans de mandat présidentiel. En revanche, ces prédécesseurs comme François Fillon (49%) ou encore Manuel Valls (49% en mai 2014) sont bien plus populaires après deux ans de présidence. Il faut néanmoins rappeler que l'ancien maire d'Evry avait succédé à Jean-Marc Ayrault en avril 2014 et venait juste d'entamer son mandat sous la présidence socialiste.

Nicolas Hulot toujours sur la première marche du podium

Alors que son départ du gouvernement remonte déjà à la rentrée 2018, Nicolas Hulot (41%, + 4 points) domine toujours le classement des personnalités qui devraient exercer plus d'influence dans la vie politique française. L'ancien présentateur de télévision est suivi du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (30%, +3 points) et du président de la Région des Hauts-de-France Xavier Bertrand (29% au même niveau que lors de la précédent enquête). En quatrième et cinquième position figurent Nicolas Sarkozy (29%) et Marine Le Pen (28%). En bas classement apparaissent Gaspard Gantzer (4%), le député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel (5%) et enfin  le député de la France insoumise et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière (8%).

Sarkozy toujours aussi populaire à droite

La défaite de Nicolas Sarkozy aux primaires de la droite fin 2016 à l'approche de la présidentielle ne semble pas avoir eu de conséquences désastreuses sur la popularité de l'ancien président dans le camp des conservateurs. En effet, l'ancien ministre de l'Intérieur obtient 65% d'opinions favorables chez les sympathisants de la droite  et 71% chez les sympathisants Les Républicains. À gauche, Nicolas Hulot se place en première position (67%). L'ancien ministre de la Transition écologique est suivi de Benoît Hamon (58%) et de Martine Aubry chez les sympathisants socialistes. Sur l'ensemble des partisans de la gauche, Hulot arrive en tête. Viennent ensuite Jean-Luc Mélenchon (52%) et Olivier Besancenot (47%).

Europe Ecologie-Les Verts, parti français le plus populaire

Sur le plan des partis politiques, Europe Ecologie-Les Verts fait toujours la course en tête avec 48% de bonnes opinions. Depuis le début de l'année, EELV domine largement les autres courants politiques avec un bond spectaculaire entre décembre 2018  et janvier 2019 de 14 points pour atteindre 46%. Le parti dirigé par le secrétaire national David Cormand est suivi de la République en Marche (33%) et du MoDem (29%). Le mouvement centriste est talonné par les Républicains de Laurent Wauquiez. Quant à la France Insoumise, elle obtient 27% d'opinions favorables.

Méthode : enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet du 15 au 16 mai 2019. Échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de la personne interrogée, région et catégorie d'agglomération.