Attentats : ce qu'il faut retenir du discours de François Hollande devant le Congrès

Par latribune.fr  |   |  928  mots
Le président de la République a néanmoins souligné la nécessité d'adopter "un régime constitutionnel d'état de crise" face à cette guerre d'"un autre type".
[ Discours intégral ] Augmentation des moyens des forces de sécurité et de justice, prolongation de l'état d'urgence, modification de la Constitution, le président de la République a présenté, face au élus de l'Assemblée et du Sénat réunis en Congrès, les initiatives et mesures qu'il estime nécessaires en ce temps de "guerre".

Devant le Congrès réuni lundi 16 novembre à Versailles à la suite des attentats terroristes qui ont frappé Paris vendredi, le président de la République François Hollande a annoncé, après la tenue d une minute de silence en hommage aux victimes, une série de mesures et d'orientations pour "cette guerre qui a commencé depuis plusieurs années" face à laquelle "il faudra du temps et nous armer de patience autant que de dureté".

Prolonger l'état d'urgence

"J'ai décidé que le Parlement serait saisi dès mercredi d'un projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour trois mois", a annoncé le chef de l'État, après avoir de nouveau déclaré que "la France est en guerre".

"Il sera proposé au Parlement d'adopter un régime juridique complet" pour "l'assignation à résidence et les perquisitions administratives", deux mesures exceptionnelles prévues par la loi du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence, afin de prévenir de nouveaux actes terroristes.

Adapter l'arsenal légal

Le président de la République a néanmoins souligné la nécessité d'adopter "un régime constitutionnel d'état de crise" face à cette guerre d'"un autre type".

"ll s'agit de disposer d'un outil pour prendre des mesures exceptionnelles sans compromettre l'exercice des libertés publiques", a-t-il dit.

Il a ainsi demandé à "pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou un acte de terrorisme, même s'il est né Français, dès lors qu'il bénéficie d'une autre nationalité", ainsi qu'à pouvoir interdire de territoire un binational "s'il représente un risque terroriste". Le chef de l'État souhaite également faciliter les mesures d'expulsion pour "les étrangers qui représentent une menace grave" pour la sécurité du pays.

Des milliers de postes créés pour les force de sécurité et la justice

"Nous devons renforcer de façon substantielle les moyens dont disposent nos forces de sécurité et la justice", a déclaré François Hollande.

Il a ainsi annoncé la création de 5.000 emplois d'ici 2 ans dans la police et la gendarmerie, de 2.500 postes supplémentaires pour l'administration pénitentiaire ainsi que pour les services judiciaires, et de 1.000 postes pour les douanes. Toute nouvelle réduction d'effectifs au ministère de la Défense est également suspendue.

Les décisions budgétaires seront prises lors de la loi de finances 2016 et "se traduiront par un surcroît des dépenses que j'assume", a argué le président de la République, estimant que "dans ces circonstances, [...] le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité".

Ce renforcement de moyens doit permettre une meilleure lutte contre les trafics d'armes, dont "les peines doivent aussi être significativement alourdies". Par ailleurs, le chef de l'État a appelé à "un examen approfondi" des conditions dans lesquelles les policiers peuvent faire usage de leurs armes, notamment dans le cadre de la légitime défense.

Intensifications des opérations en Syrie

"Le terrorisme, nous le combattons partout où des Etats sont menacés dans leur existence même."

"Aujourd'hui il faut plus de frappes, nous en faisons. Plus de soutien à l'opposition anti-Daech, nous l'apportons", a souligné François Hollande, alors que dix chasseurs-bombardiers français chasseurs ont détruit dimanche deux sites tenus par Daech, à Rakka (Syrie).

"Le porte-avion Charles de Gaulle appareillera jeudi, pour la Méditerranée orientale, ce qui triplera nos capacités d'action", a rappelé le chef de l'État.

La lutte contre le terrorisme, une cause internationale

Le chef de l'État a déclaré avoir demandé au Conseil de sécurité de l'Onu (France, Russie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine) de se réunir dans les meilleurs délais afin  d'adopter une résolution marquant la volonté commune de lutter contre le terrorisme.

"La nécessité de détruire Daech constitue un sujet commun à toute la communauté internationale. La communauté internationale est encore trop divisée et trop incohérente. La France le dit depuis le début du conflit", a-t-il martelé.

"Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l'instant, est encore renvoyé à trop longtemps", a-t-il déclaré. "La France parle à tous, à l'Iran, à la Turquie, aux pays du Golfe", a souligné le chef de l'Etat.

Améliorer le contrôle des armes dans l'UE

"Il est impératif que des demandes depuis longtemps exprimées par la France trouvent une traduction rapide. Je pense notamment à la lutte contre le trafic d'armes qui appelle des textes européens urgents. Je pense aussi au PNR européen. Voilà nos exigences", a détaillé le président de la République.

Le PNR (Passenger Name record) est un échange des fichiers des passagers aériens. Pour l'heure inexistant en France -il aurait dû être opérationnel en septembre-, il doit permettre au gouvernement d'interdire à des citoyens français de quitter le territoire afin d'empêcher le départ des candidats au Djhad en Syrie.

Les élections régionales maintenues

Après que les candidats aux élections régionales de tous les partis ont suspendu leur campagne, François Hollande a par ailleurs rejeté un report des élections régionales.

"La vie politique elle même doit retrouver son droit, c'est notre devoir", a-t-il déclaré.

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