Baisse des dotations des CCI : étaler le coup de rabot ?

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  575  mots
"L'Etat tire sur son meilleur allié dans les territoires pour relayer sa politique économique", estime Pierre Goguet, président de CCI France.
Dans son budget pour 2018, le gouvernent prévoit une coupe de 150 millions dans les recettes des Chambres de commerce et d'industrie. Les intéressées demande un étalage de cette réduction sur le quinquennat, le temps de s'adapter.

"Immeuble de bureaux de 13.000 mètres carrés au cœur d'Evry. [...] Seules propositions sérieuses seront étudiées.". Début octobre, la Chambres de commerce et d'industrie (CCI) de l'Essonne mettait ironiquement en vente ses locaux sur le site Le Bon Coin. Un coup de com' pour dénoncer le choix du gouvernement de sucrer 150 millions d'euros au réseau consulaire dès l'année prochaine, en abaissant de 17% la taxe pour frais de chambre (TFC).

La mesure est incluse dans le budget 2018. Ce dernier, voté en première lecture à l'Assemblée, est à l'étude au Sénat. Le président de CCI France, l'établissement national qui fédère le réseau des chambres de commerce, Pierre Goguet, dénonce mercredi ce coup de rabot brutal. Il demande aux parlementaires "d'étaler cette baisse sur la mandature", soit 30 millions d'euros par an sur le quinquennat. L'idée est de "donner de la visibilité" aux établissements, afin qu'ils s'adaptent sans dégrader la qualité de leurs services.

2.000 emplois menacés

"On pensait que le plus dur était derrière nous", a confié Pierre Goguet. La TFC, seule ressource pérenne des CCI qui sert à financer les dépenses de fonctionnement, a déjà fondu de 35% sur le quinquennat précédent, passant de 1,4 milliard d'euros en 2012 à 900 millions d'euros aujourd'hui - un montant inférieur à 2002. Pour faire face à sa baisse, le réseau consulaire a procédé à 2.000 suppressions de poste en 2015 et 2016, ainsi que réduit de moitié ses investissement dans les territoires.

Si ce nouveau coup de rabot venait à se confirmer, les CCI devront à nouveau se séparer de 2.000 salariés. Sur les 115 établissements du réseau, "une quarantaine serait fragilisée et certains passeraient sous tutelle du préfet", selon le président de CCI France.

Entre les projets de l'exécutif sur la formation et l'apprentissage, les concertations sur la loi TPE-PME... les CCI sont pourtant sollicitées pour mettre en œuvre la politique économique du gouvernement. "On ne comprend pas cette asymétrie entre le discours et les moyens", a pointé Pierre Goguet. "L'État tire sur son meilleur allié dans les territoires pour relayer sa politique économique."

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Vers un rapprochement avec les Chambres des métiers et de l'artisanat

Dans cette perspective de baisse des recettes, Eric Martin, député LREM de Côte-d'Or, a déposé un amendement début octobre suggérant l'étude d'un rapprochement, voire d'une fusion, entre les CCI et les Chambres des métiers et de l'artisanat (CMA) - également destinataire de la TFC.

Une mission d'inspection menée par Bercy est en cours. Elle doit se terminer fin décembre pour les CCI et fin février pour les CMA.

Interrogé mercredi sur cette éventualité d'un rapprochement, le président de CCI France ne s'y oppose pas "si c'est fait de façon intelligente", notamment pour les questions transversales comme la formation au numérique par exemple.

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En bref, le réseau des CCI c'est notamment :

  • 21.263 salariés en équivalent temps plein (2016);
  • Des missions d'accompagnement des entrepreneurs sur plusieurs thématiques, de la gestion des ressources humaines à la création, reprise ou cession d'entreprises;
  • Le financement et la gestion d'établissements de formation : les centres de formation d'apprentis (CFA), les écoles supérieures de commerce...
  • Un réseau de 120 établissements à l'étranger, les CCI France International (CCIFI).