Bruno Le Maire annonce des prêts à taux préférentiel pour les agriculteurs

Par latribune.fr  |   |  1016  mots
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (Crédits : ©Laure Boyer / Hans Lucas.)
Les agriculteurs, qui manifestent depuis maintenant plusieurs semaines, auront la possibilité d'avoir un différé de paiement d'un an de leur dette bancaire et les exploitations en grande difficulté pourront en outre bénéficier de prêts à taux préférentiel, a annoncé le ministre de l'Economie ce mardi.

[Article publié mardi 27 février 2024 à 13h44, mis à jour à 16h50] En plein Salon de l'agriculture, le gouvernement cherche toujours à calmer la colère des agriculteurs. Ce mardi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a ainsi annoncé « la possibilité pour les exploitations agricoles en difficulté d'avoir un différé de paiement d'un an de leur dette », puis de bénéficier d'un rééchelonnement allant jusqu'à trois ans de leurs échéances.

Les exploitations en grande difficulté pourront, en outre, bénéficier de prêts à taux préférentiel, « entre 0 et 2,5% en fonction de la situation des exploitations », a ajouté le ministre à l'issue d'une réunion avec le secteur bancaire.

Bruno Le Maire a dit vouloir « apporter des solutions immédiates aux entreprises agricoles les plus en difficulté, celles qui ont de réels besoins de trésorerie et qui appellent aujourd'hui au secours, et qui ont besoin qu'on leur apporte des réponses immédiates et concrètes ».

Certaines banques ont déjà commencé à proposer des prêts avantageux aux exploitants, ne se privant pas de communiquer sur ces initiatives commerciales en marge du Salon de l'agriculture.

Prêts garantis

Des conseillers dédiés dans chaque département vont « regarder la situation de trésorerie de chaque exploitation agricole (...) dans les heures qui viennent », a-t-il précisé. Le président de la Fédération bancaire française (FBF), Nicolas Namias, a promis « le dialogue le plus personnalisé avec nos clients agriculteurs (...) Tous nos conseillers dédiés à l'agriculture sont aujourd'hui disponibles et en dialogue avec nos clients agriculteurs », a-t-il insisté.

Bruno Le Maire a également indiqué que la garantie par l'Etat de prêts aux agriculteurs, à hauteur de 2 milliards d'euros, serait mise en place dès le mois de mai, et non en juin, comme prévu initialement. Ces prêts - dont le montant moyen devrait selon Bercy tourner autour de 150.000 euros - s'adressent aux « autres entreprises agricoles, qui ont besoin de s'adapter, ont besoin d'acheter du matériel, d'investir, ont besoin de verdir leur exploitation et ont donc des besoins d'investissement très importants », a précisé le ministre de l'Economie.

« L'enjeu est fondamentalement de limiter les garanties demandées à nos clients agriculteurs et de mobiliser d'autres types de garanties apportées notamment par les pouvoirs publics », a commenté Nicolas Namias.

Interrogé sur les engagements pris par les assureurs, Bruno Le Maire a promis une réunion avec leurs représentants « dès la semaine prochaine ». « Il y a beaucoup d'enjeux, notamment l'enjeu du réchauffement climatique », a-t-il remarqué alors que la campagne de souscription de l'assurance récolte patine d'après les professionnels interrogés par l'AFP.

Macron annonce un plan de trésorerie d'urgence

Il s'agit de la deuxième annonce d'ampleur faite par le gouvernement à l'occasion du Salon. Emmanuel Macron a déjà annoncé samedi un plan de trésorerie d'urgence pour financer l'agriculture française. Il a notamment promis l'établissement d'un recensement, d'une cartographie des agriculteurs et exploitations les plus en difficultés, afin de les aider à obtenir notamment des facilités auprès des banques.

« Nous lancerons un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner ».

Le chef de l'Etat n'a pas mentionné les montants de trésorerie qui seraient alloués. Dans le même temps, Emmanuel Macron a aussi assuré sa volonté de reconnaître dans la loi l'agriculture et l'alimentation « comme un intérêt général majeur » de la France.

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Lors de sa prise de parole, ce dernier a aussi évoqué la possible mise en place de « prix planchers » dans chaque filière, afin de protéger les revenus des agriculteurs. Autrement dit, des seuils au-dessous desquels les transformateurs ne pourront pas acheter aux producteurs leurs aliments. Ils seront fondés sur les indicateurs des coûts de production que chaque filière aurait déjà dû élaborer en vertu du dispositif des lois Egalim, mais que certaines professions n'ont pas encore définis, a expliqué le président.

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La mesure figurera dans un projet de loi consacré à une révision des lois Egalim, déjà promis par le Premier ministre le 21 février. Ce projet sera rédigé à l'issue d'une mission d'évaluation confiée à deux députés, Alexis Izard et Anne-Laure Babault. L'objectif est que la mesure puisse s'appliquer aux négociations commerciales de 2025.

La loi Egalim et l'Europe au centre des tensions

Enfin, Emmanuel Macron a abordé le problème du contournement de la loi « pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable » (Egalim) dédiée à assurer des revenus minimums pour les agriculteurs mais très critiquée par ces derniers.

« Nous devons lancer un Egalim européen, parce que nous avons aujourd'hui des grands groupes de distribution qui ne jouent pas le jeu et qui utilisent l'Europe pour contourner la loi française  ».

Le chef de l'Etat promet aussi la poursuite des efforts européens pour multiplier les contrôles et simplifier l'activité des agriculteurs. A cet égard, il a d'ailleurs rappelé ses actions en faveur de l'agriculture, pendant le Covid, mais aussi au début de la guerre en Ukraine.

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Avant les annonces du Président, le Premier ministre avait aussi pris 62 engagements vis-à-vis des agriculteurs. « Jamais, je le dis, autant d'avancées n'auront été mises en œuvre pour nos agriculteurs », avait insisté Gabriel Attal lors d'une conférence de presse, le 21 février. Mais malgré ce bilan, les agriculteurs ont poursuivi leur mobilisation. Encore samedi, à l'ouverture du Salon de l'agriculture, des échauffourées, provoquées par l'entrée de dizaines de manifestants sans autorisation dans l'événement ont retardé l'ouverture au public de la plus grande ferme de France.

(Avec AFP)