Colère des agriculteurs : pour les Jeunes agriculteurs, « aucune cause ne justifie des dégradations et des violences »

Par Lou-Anne Bujoli avec AFP  |   |  793  mots
Ce matin, la FDSEA Ile-de-France annonçait 5 barrages autours de la capitale (Photo d'illustration). (Crédits : Rémi Benoit)
Alors que la FDSEA Ile-de-France annonce cinq barrages autour de Paris à partir de 14 heures ce vendredi, Arnaud Gaillot, le président des Jeunes agriculteurs - syndicat associé à la FNSEA - a annoncé ce matin sur Sud Radio « qu’aucune cause ne justifie des dégradations, des violences ».

Faut-il s'attendre à un blocus routier de Paris ? « Uniquement en dernier recours » répondait jeudi, depuis un barrage dans l'Yonne, le président des Jeunes agriculteurs. Ce vendredi matin, la FDSEA Ile-de-France a annoncé 5 barrages autour de la capitale. Un peu plus tôt, Arnaud Gaillot a répondu aux questions de Sud Radio.

Appelant plutôt au calme, Arnaud Gaillot a commencé par prendre la défense de son syndicat : « Je vous invite à regarder les images, à regarder qui a fait ça » en pointant du doigt les débordements de la veille à Agen, un établissement McDonald's et la préfecture ayant été vandalisés. Il rappelle : « Ce ne sont pas nos couleurs », en admettant « on a déjà eu des débordements par le passé, mais on a été au tribunal, on a des amendes, on prendra nos responsabilités. »

Ces déclarations sont intervenues alors que les esprits s'échauffent, à quelques heures de la prise de parole de Gabriel Attal, en fin d'après-midi. Le responsable syndical a, lui, estimé que si le gouvernement n'était « pas à la hauteur des réponses », il ne pouvait pas répondre « de la suite du mouvement ». « Il ne faut pas qu'on tombe dans le pourrissement de la situation, il ne faut pas que le gouvernement envoie un message de désintérêt ou qu'il n'assume pas ses responsabilités », a déclaré Arnaud Gaillot.

Dans les Bouches-du-Rhône, des déchets ont été déversés devant une plateforme de distribution appartenant à Carrefour. A Toulouse c'est du fumier qui a été répandu près de l'aéroport. Même procédé devant la préfecture de Nice. En parallèle de ces actions coups de poings, les blocus se poursuivent partout en France.

Lire aussiColère des agriculteurs : multiples blocages en France, l'exécutif promet une « panoplie de réponses »

Crainte de récupération politique

« Il y a 4 syndicats [...] avec des idées différentes, a insisté au micro de Sud Radio, Arnaud Gaillot. Ce n'est pas la FNSEA et les JA qui sont en train de dévaster le pays ». Une position que le président du syndicat agricole estime nécessaire de rappeler, afin de réduire le risque de divisions et de récupération politique. « On a rappelé à nos troupes de ne pas céder à la tentation du populisme. »

Le 17 janvier dernier, Jordan Bardella s'auto-proclamait « le porte-parole de nos campagnes » lors d'une intervention au Parlement européen. Jeudi dernier, c'est la CGT qui a appelé ses militants à rejoindre la mobilisation. Là encore, le jeune agriculteur a pris position :

« On ne s'est jamais rallié à d'autres mouvements sociaux, on n'a jamais profité d'autres mouvements sociaux pour expliquer notre désarroi, a-t-il lancé. On n'est pas sur les mêmes combats, pas sur les mêmes enjeux, il n'est pas question de noyer le sujet. »

Lire aussiComment les agriculteurs diversifient leurs activités pour arrondir les fins de mois

Ne pas perdre de vue le combat

Arnaud Gaillot souhaite, avant toute chose, recentrer la lutte sur les problématiques des agriculteurs. Mercredi dernier, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont adressé une liste d'une centaine de revendications au gouvernement. Parmi celles-ci, une hausse des rémunérations, une compensation pour l'augmentation prévue de la taxe du gazole non routier (GNR), et un allégement des normes environnementales.

Cette dernière a engendré une forte réaction de la part des écologistes, à commencer par Yannick Jadot, sénateur de Paris, et ex-candidat à la présidentielle pour Europe écologie les verts dans les colonnes de La Tribune :

 « Les normes sont en réalité le bouc émissaire facile d'une partie de la profession agricole » avant de reporter la faute sur l'Etat.

« Les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, n'ont pas eu le courage de changer ce modèle, et c'est totalement irresponsable. Je le répète, ce système précarise les agriculteurs et plus particulièrement les plus petits. Et le changement climatique en cours aggrave la situation. »