La FNSEA dévoile 24 propositions pour éteindre la colère des agriculteurs, la balle est dans le camp d’Attal

La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea) a rendu publiques mardi soir les mesures qu'elle considère essentielles pour l'apaisement des agriculteurs en colère. Elle distingue entre des propositions à court et à moyen terme.
Giulietta Gamberini
La Fnsea exige le « rejet en bloc des zones de non traitement »: les distances minimales à respecter lors du traitement des parties aériennes des plantes aux abords des habitations, que les défenseurs de l'environnement et de la santé des riverains considèrent en revanche encore insuffisantes.
La Fnsea exige le « rejet en bloc des zones de non traitement »: les distances minimales à respecter lors du traitement des parties aériennes des plantes aux abords des habitations, que les défenseurs de l'environnement et de la santé des riverains considèrent en revanche encore insuffisantes. (Crédits : Reuters)

Vingt-quatre mesures, articulées autour de trois « axes prioritaires » : la « dignité des agriculteurs », la « juste rémunération de leur travail » et le rétablissement de « conditions d'exercice du métier acceptables ». Comme promis ce mercredi matin par son président, Arnaud Rousseau, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea) a publié mercredi soir la synthèse de ses revendications, pour « un peu plus de cent propositions très concrètes ».

Le principal syndicat agricole, soutenu par les Jeunes Agriculteurs (JA), exige que le Premier Ministre, Gabriel Attal, qui a promis d'apporter des réponses à la colère des agriculteurs d'ici à la fin de la semaine, en tienne compte.

« Cela permettra à chacun de rentrer chez soi de manière apaisée », a déclaré Arnaud Rousseau mercredi matin sur France 2.

Interrogé sur un éventuel blocage de Paris, il avait exclu cette hypothèse  « à ce stade », avant d'ajouter:

« Tout dépendra de la manière dont les réponses sont formulées, nous n'excluons aucune option. Si les choses ne devaient pas être entendues, si finalement il y avait une forme de mépris ou une forme d'incapacité à répondre à nos questions, les choses pourraient évoluer ».

Produits phytosanitaires et stockage de l'eau

Comme anticipé par la Fnsea, le document publié mercredi soir distingue les « premières mesures d'urgence » des « mesures législatives » à plus long terme. Les premières visent à répondre à quatre grandes doléances des agriculteurs : le prix payé pour leurs produits, la « surtransposition » des normes de l'Union européenne par la France, les « incohérences du Green Deal (Pacte vert européen, ndlr) et de la planification écologique » et le difficile renouvellement des générations.

Parmi les revendications à court terme les plus sensibles, le « rejet du plan Ecophyto ainsi qu'un moratoire sur les interdictions ». Le gouvernement français a en effet présenté fin octobre sa nouvelle stratégie de baisse de l'usage des pesticides, en indiquant vouloir les réduire de moitié en 2030 par rapport à la période 2015-2017 : une perspective rejetée par les agriculteurs qui estiment ne pas encore disposer d'alternatives suffisantes. La Fnsea demande aussi l'« accélération des projets de stockage d'eau » : un objectif partagé par le ministère de l'Agriculture et l'Alimentation afin de faire face au dérèglement climatique, mais pointé du doigt par les écologistes, qui dénoncent une forme d'« accaparement » de l'eau par l'agro-industrie qui plus est pour l'exportation.

La Fnsea demande aussi le « refus » d'une cartographie « zones humides » présentée par le ministère de la transition écologique afin de les protéger, puisque selon le syndicat elle parvient à confisquer aux agriculteurs 30% de la surface agricole utile. Il exige encore le « rejet en bloc des zones de non traitement » : les distances minimales à respecter lors du traitement des parties aériennes des plantes aux abords des habitations, que les défenseurs de l'environnement et de la santé des riverains considèrent en revanche encore insuffisantes.

Un « refus clair des accord de libre échange »

Vis-à-vis de l'Union européenne, la Fnsea demande au gouvernement d'« obtenir la dérogation sur les 4 % de jachères ». Il s'agit de convaincre Bruxelles de prolonger en 2024 une dérogation aux règles de la Politique agricole commune adoptée lors de l'éclatement de la guerre en Ukraine, permettant de mettre en culture les terres en jachère, qui représentent environ 4% des terres arables. Le syndicat insiste aussi pour que les élevages de porcs et de volailles ne soient plus soumis à de nouvelles contraintes dans le cadre du durcissement de la directive sur les émissions industrielles. Un « refus clair des accords de libre échange », qui selon les agriculteurs permettent d'importer massivement dans l'Union européenne des denrées alimentaires soumises à des standards inférieurs à ceux imposés aux Etats membres, est également réclamé.

Lire: Union européenne : « Cela devient difficile de se doter de règles exigeantes tout en fermant les yeux sur les produits importés » (Mathilde Dupré, Institut Veblen)

De nombreuses mesures « urgentes » concernent enfin le paiement rapide de subventions au titre de la PAC encore non réglées, ainsi que des indemnisations promises par l'Etat pour aider les agriculteurs victimes de catastrophes naturelles (inondations) ou d'épidémies vétérinaires (grippe aviaire, maladie hémorragique épizootique). La Fnsea demande aussi d'aider particulièrement les secteurs les plus en crise : la viticulture, l'agriculture biologique, l'élevage.

Lire: Bio : « Les producteurs font de l'apnée » (Laure Verdeau, Agence bio)

L'ONB et l'Anses dans le collimateur

Quant aux « mesures législatives » demandées, elles tournent autour de la « simplification » et de la « compétitivité ». La Fnsea propose de « limiter les recours et les durées d'instruction » contre les projets agricoles, et de « désarmer les agents de l'ONB (Office français de la biodiversité, ndlr) », qui selon le syndicat devrait être mis « sous l'autorité des préfets ». Elle demande aussi que l'Anses (Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale) soit placée « sous l'autorité politique ».

L'organisation voudrait enfin une remise en cause du principe de non-régression du droit de l'environnement. Inclus dans le code de l'environnement, il prévoit que la protection de l'environnement ne peut faire l'objet que d'une amélioration constante, compte tenu des connaissances scientifiques. Il s'impose aujourd'hui au pouvoir réglementaire.

Giulietta Gamberini
Commentaires 30
à écrit le 29/01/2024 à 13:37
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Demander des mega bassines pour rester dans le déni du dérèglement climatique, semer du maïs pour alimenter une unité de méthanisation, voilà l’avenir du monde agricole ? La Fnsea s’exprime au nom de la profession dans son ensemble mais tout le monde...

à écrit le 25/01/2024 à 20:08
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Il est dommage que le concept de "juste rémunération", inventé par et pour les agriculteurs n'aient pas été étendus à l'ensemble de la population. Ceci vaut aussi pour les salaires trop élevés, ne correspondant à aucun niveau de compétence.

à écrit le 25/01/2024 à 18:11
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Les petits agriculteurs sont écrasés par les grands, ces-derniers se gavant sur le dos du contribuable en aides et subsides divers, tout en empêchant les jeunes de s'installer. Après avoir appauvri les sols, ils exigent maintenant des aides pour réta...

à écrit le 25/01/2024 à 15:31
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En étant plus sévère sur les produits agricoles intra-européen que ceux importés au sein de l’EU on continuera à tuer l’agriculture européenne. En appliquant des normes francaise agricole plus sévère par rapport à la régulation européenne on fait de ...

à écrit le 25/01/2024 à 15:16
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Que les types de la FNSEA vendent leurs terres et arrêtent de produire. Tabula Rasa. Après le marché trouvera des types lus compétents pour faire le travail

à écrit le 25/01/2024 à 13:40
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La semaine passée (pas il y a 10 ans !!!) Macron promettait de lutter contre le réchauffement (inondations du Nord) et l'infertilité ; à présent il s'apprête à reculer sur la taxation du gazole agricole et l'emploi sans limite des pestitcides. Et il ...

à écrit le 25/01/2024 à 13:27
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On peut rappeler que le patron de la FNSEA Arnaud Rousseau diplômé de l’European Business School de Paris et qui est passé un temps par le courtage de matières premières agricoles, c’est-à-dire leur mise en vente sur les marchés financiers soutient a...

à écrit le 25/01/2024 à 13:16
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Je me demande ce que va gagner l'ouvrier agricole (1 200 euros nets par mois pour une durée de travail de 35 heures, soit 8,11 euros nets en salaire horaire). dans cette histoire ,vous savez lui qui continue de bosser à la ferme pendant que son patro...

à écrit le 25/01/2024 à 10:41
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"La FNSEA dévoile 24 propositions" Tiens, Attal en proposait 40 hier.

à écrit le 25/01/2024 à 9:00
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Quelle tristesse : les céréaliers de la Beauce ne changent pas de Mercedes cette année. On comprend qu'ils soient furax.

le 25/01/2024 à 11:02
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@asimon. Les céréaliers de la Beauce ne sont pas à Agen ,dans le sud-ouest,sur l’A7 ,etc.Ici,on parle de la grande majorité des agriculteurs et éleveurs qui n’y arrivent plus.C’est clair pourtant.

le 25/01/2024 à 11:31
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@ reponse de fg - Sans doute, sauf que les agriculteurs se trompent de cible. Les normes, l'écologie sont les portes de sortie pour une agriculture durable. La cible des agriculteurs serait plutôt d'exiger l'application stricte des normes (l'effet m...

le 25/01/2024 à 13:31
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@fG : merci pour la leçon de morale, mais c'est clair que les petits agriculteurs qui ont du mal sont bien pratiques pour que les autres obtiennent encore plus de subventions : ça coûte cher, une grosse Mercedes. C'est la Confédération Paysanne qui...

à écrit le 25/01/2024 à 8:34
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L´agriculture oui pollue, il y a un problème. Mais ce qu´ils dénoncent ici (commes les agriculteurs des autres pays) c´est la bureaucratie bruxelloise, qui prend des décisions qui influencent directement notre quotidien, décisions opaques prises avec...

à écrit le 25/01/2024 à 7:34
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Une amie agricultrice me disait en voyant bien les tracteurs qui stationnent sur les ronds points:"Ben ils ont de bien beaux tracteurs tous !". Elle me disait également que les agriculteurs par cupidité avaient supprimé les haies et que dorénavant il...

à écrit le 25/01/2024 à 6:54
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Bonjour, l'agriculture est responsable de la pollution de l'eau et des terres... pesticide et engrais chimiques... sa suffit... Ensuite, nous ne pouvons leur faire confiance.... Cela dure depuis 40 ans...

le 25/01/2024 à 9:21
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Bobo pparisien,ou ecolo ethere?

le 25/01/2024 à 9:51
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J'avais entendu dire pollueur payeur, mais personne ne paye.

à écrit le 25/01/2024 à 5:24
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Le régime d'Abraracourcix plus prompt à éborgner les gilets jaunes sur les ronds points que les rentiers de l'agrobusiness non soumis à l'ISF (cf. perte fiscale de 3+ Mds/an) bloquant les axes routiers en exigeant plus d'argent du contribuable fra...

le 25/01/2024 à 11:48
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Vous n'avez pas encore compris que l'ISF faisait perdre de l'argent à l'état par les délocalisations ?

à écrit le 25/01/2024 à 0:29
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La FNSEA est le fossoyeur de l'agriculture paysanne traditionnelle.

à écrit le 24/01/2024 à 22:57
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Un secteur dominé par quelques acteurs qui ne cessent de s'enrichir en plumant les plus faibles pour ensuite, faire larmoyer la France en se référant à des images d’Épinal. Plus un euro a un secteur qui refuse des réformes et de vivre au XXIème siècl...

à écrit le 24/01/2024 à 22:17
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L'existence de la France n'a aucune sense.L'investisments en France dimminuent l'infrastructure mauvaise.La pauvrété augmente.

le 25/01/2024 à 0:01
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@mon pseudo - Bof! C'est sans doute mieux en Chine ou en Russie 🤣...ou dans le pays qui construit des 737 max et qui vote Trump😂. Pitoyable👎

le 25/01/2024 à 6:07
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Ben dans la Chine n'est pas assez mauvais.De plus Boeing 737 Max n'est pas un avion mauvais!

à écrit le 24/01/2024 à 21:53
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Contrairement à ce que l'on a observé lors des émeutes de banlieue l'été dernier notamment, les agriculteurs ne pillent pas les magasins, ne brisent pas les vitrines, n'incendient pas les voitures, ne tirent pas à coups de mortiers d'artifices sur l...

le 24/01/2024 à 22:48
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Non effectivement mais ils prennent en otages les automobilistes, préfèrent empoisonner les consommateurs ou riverains et eux «- memes aux pesticides, accaparer les ressources d eau pour leur agriculture extensible sans se soucier si le reste de la...

le 25/01/2024 à 9:08
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@ @Britannicus : ne jalousons pas ceux qui réussissent mais demandons-nous comment atteindre leur réussite. Pour le reste, on nous prend en otages tout le temps : bonnets rouges, gilets jaunes, nuit debout, anti-bassines et zadistes, routiers, jeun...

le 25/01/2024 à 11:43
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@Britannicus - Ça va venir, la FNSEA va se faire déborder par des gens bien travaillés par....Le FN/RN.

le 26/01/2024 à 8:41
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@ @Britannicus : dans ceux qui nous prennent en otage, et très régulièrement, j'oubliais les conducteurs de train de la SNCF, ceux des rames de métro et de bus de la RATP, les contrôleurs aériens, les ouvriers des raffineries...

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