Comment le gouvernement veut doper les exportations

Par Grégoire Normand  |   |  936  mots
(Crédits : Reuters)
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la secrétaire d'État Agnès Pannier Runacher sont venus défendre leur plan destiné à muscler les exportations des PME françaises devant un parterre de dirigeants à l'occasion de l'événement Bercy France Export. L'objectif est d'enrayer la chute du déficit commercial français.

Il y a un an jour pour jour, le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian présentaient un plan destiné à booster les exportations françaises dans la région des Hauts-de-France. Ce jeudi 21 février, à l'occasion de la cinquième édition de Bercy France Export, qui réunit plus de 600 professionnels de l'export, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher sont venus présenter un premier bilan de tous ces dispositifs.

Si la contribution du commerce extérieur sur le produit intérieur brut (PIB) français n'est plus négative depuis 2017, les performances jugées décevantes des PME hexagonales à l'international restent un point noir de l'économie tricolore depuis le début des années 2000. Les derniers chiffres de l'administration des douanes signalent que le déficit commercial de biens et de services s'est encore détérioré passant de 57,8 milliards en 2017 à 59,9 milliards en 2018, soit une chute de 2,1 milliards d'euros.

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Guichets uniques

Sur le campus de l'EDHEC Business School à Roubaix, le chef du gouvernement avait rappelé sa priorité de regrouper les acteurs de l'exportation, à savoir Business France, les Chambres de commerce et d'industrie (CCI), et la BPI au sein de guichets uniques implantés dans les régions. Un an après cette annonce, "le déploiement a pris un peu de retard" concède-t-on à Bercy. Selon un récent communiqué de ce regroupement baptisé "Team France Export", 250 conseillers internationaux ont été recensés dans toute la France et 750 conseillers internationaux ont été répartis dans 65 pays. L'installation de ces conseillers pourrait aider les entrepreneurs à identifier les acteurs incontournables sur le terrain.

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Outre ces conseillers, d'autres outils ont également été mis en oeuvre par l'exécutif pour muscler la présence des entreprises françaises dans le commerce international. Lors de son intervention dans la salle de conférence Pierre Mendès-France ce jeudi, la secrétaire d'État a mis l'accent sur quelque uns des dispositifs.

  • l'assurance prospection;
  • la garantie des projets stratégiques (dans une communication, la direction générale du Trésor (DGT) précise que  travers cette garantie, l'État acceptera désormais de couvrir des projets de grande envergure à l'étranger ne reposant pas nécessairement sur un contrat d'exportation, dès lors qu'ils présenteront un caractère stratégique pour la Nation");
  • la garantie des filiales étrangères d'entreprises françaises ("il garantit à une entreprise la couverture maximale autorisée de ses contrats d'exportation sur trois ans, en échange d'engagements en termes de part française moyenne sur la même période, constitue un nouvel outil ambitieux de soutien à l'export");
  • le pass'export;

Par ailleurs, l'entourage de la ministre précise que les PME sont principalement visées dans cette nouvelle stratégie. En effet, les résultats communiqués par les douanes rappellent que ce sont souvent les très grands groupes (Airbus, chantiers navals de Saint-Nazaire, ou encore des grandes entreprises du luxe) qui réalisent de bonnes performances à l'étranger contrairement aux petites et moyennes entreprises.

La loi Pacte une nouvelle fois reportée

La loi Pacte, destinée à renforcer la place des entreprises françaises sur la scène du commerce mondial, n'en finit pas de prendre du retard. Sans réelles surprises, les 14 députés et sénateurs réunis en commission mixte paritaire (CMP) n'ont pas réussi à trouver un accord sur ce plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises défendu par Bruno Le Maire ce mercredi 20 février . Reporté à plusieurs reprises, ce texte connaît un véritable parcours chaotique.  "La commission mixte paritaire (7 députés-7 sénateurs, Ndlr) non conclusive de ce jour a confirmé les divergences majeures entre l'Assemblée et le Sénat. Ce sont deux visions incompatibles du rôle de l'entreprise dans la société qui se sont confrontées", ont estimé dans un communiqué les députés LREM. Ils défendent "un nouveau modèle pour redonner des perspectives de croissance à nos entreprises françaises et les repositionner dans un marché européen international de plus en plus concurrentiel", face selon eux au "conservatisme du Sénat". La privatisation du groupe ADP et de la Française des jeux (FDJ), l'objet social de l'entreprise, les seuils sociaux, représentent des points d'achoppement majeurs entre les élus de la majorité et ceux de l'opposition.

Le projet de loi sera examiné par la commission spéciale de l'Assemblée, présidée par Olivia Grégoire (LREM), dès le 4 mars, avant son passage dans l'hémicycle en nouvelle lecture du 13 au 15 mars. Après une navette avec le Sénat, l'Assemblée aura le dernier mot. Le rapporteur de la loi Pacte Roland Lescure espère une promulgation avant l'été.

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