Commerce extérieur : Le Maire donne un horizon à 10 ans pour résorber le déficit

Par latribune.fr  |   |  712  mots
le déficit de la balance commerciale s'était creusé d'environ 7,3 milliards d'euros pour s'établir à 65 milliards d'euros 2020 sous l'effet de la crise sanitaire et économique. L'exercice 2021 sera également une mauvaise année. (Crédits : Reuters)
Alors que le fossé entre les importations et les exportations françaises continue de se creuser, le ministre de l'Economie estime qu'il faudra une décennie pour retrouver l'équilibre. Dans le sillage de la stratégie du haut commissariat au plan, Bruno Le Maire propose également une nouvelle baisse des impôts de production... en cas de second mandat d'Emmanuel Macron.

C'est un horizon lointain, mais un horizon quand même. Alors que la France a enregistré un déficit commercial mensuel record en novembre 2021, de l'ordre de 9 milliards d'euros, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire estime qu'il faudra 10 ans à la France pour retrouver l'équilibre entre ses exportations et ses importations. En novembre, le déficit cumulé sur 12 mois s'élevait à 77,6 milliards d'euros, "soit 2,6 milliards de plus que le déficit annuel record de 2011", notent les Douanes. Depuis plusieurs mois, le déficit tricolore s'accélère, marqué notamment par la hausse de la facture énergétique et à la hausse des prix des biens intermédiaires. Pour rappel, le déficit de la balance commerciale s'était creusé d'environ 7,3 milliards d'euros pour s'établir à 65 milliards d'euros 2020 sous l'effet de la crise sanitaire et économique.

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"Il s'agit de renverser une tendance de 30 années", a insisté de nouveau Bruno Le Maire ce lundi matin sur LCI. Le locataire de Bercy a fustigé les délocalisations dues "à la politique fiscale, à la politique économique" des gouvernements jusqu'en 2017. Un discours qu'il tient depuis plusieurs mois, et notamment la rentrée politique de septembre.

"Les grands groupes industriels ont gardé leurs sièges en France mais ont délocalisé leurs filiales et les emplois à l'étranger", a-t-il expliqué. "62% des emplois industriels de ces grands groupes français sont à l'étranger. En Allemagne, c'est 38%, en Italie, c'est 26%", a précisé le ministre.

Concurrence internationale

L'une des principales raisons de la mauvaise situation française en est le recul de ses exportations. Elles ont en effet perdu 1,7 point entre 2001 et 2021, selon une étude publiée par la société d'assurance-crédit Euler Hermès. Le décrochage s'est accentué durant la période 2011-2019, dans le sillage de la crise financière de 2008 et celle de la dette en Europe de 2010, notamment dans les secteurs de l'aéronautique (-5 points), de la pharmacie (-2,3 points), des transports ainsi que des machines et équipements (-1 point).

Si la France a le plus pâti de la concurrence internationale, l'Allemagne, un des premiers pays exportateurs mondiaux, accuse elle aussi un recul sur les deux décennies, de 1,3 point. Finalement, l'Italie est l'économie qui résiste le mieux, avec -1,1 point.

Le plan Bayrou pour réduire l'écart

Pour tenter de corriger le tir, François Bayrou, Haut-Commissaire au plan, a dévoilé début décembre sa stratégie. Pour réduire le déficit commercial français, le Haut Commissariat au plan a dressé la liste des plus de 900 postes ou produits qui enregistrent un déficit commercial supérieur à 50 millions d'euros. Ils représentent environ 80% du déficit commercial total de la France. Ils concernent principalement huit secteurs : alimentaire, transports, objets de la maison, machines et outils, matériaux, textile, produits médicaux et pharmaceutiques, et hydrocarbures.

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Bruno Le Maire a réitéré sa proposition faite vendredi lors d'une conférence de presse de baisser durant le prochain quinquennat encore davantage les impôts de production ainsi que les cotisations sociales sur les salaires supérieurs à 2,5 Smic.

"Quand je regarde un ingénieur, il peut coûter jusqu'à trois fois plus cher en France qu'en Allemagne parce qu'on a déplafonné les cotisations sociales", a-t-il affirmé, disant "vouloir se battre pour la réindustrialisation française en posant la réalité des problèmes sur la table".

Soutenir l'apprentissage

Il a également dit vouloir agir avec les industriels sur la politique de formation, notamment les centres de formation des apprentis (CFA), pour pallier le manque de compétences sur le territoire français.

Il s'agit là de poursuivre une dynamique à l'œuvre ces derniers mois. Depuis les aides exceptionnelles débloquées face à la crise du Covid, les entreprises continuent d'avoir recours aux contrats d'apprentissage, dans tous types de secteurs et même celui des services. Aussi, tandis que le gouvernement utilise le dispositif pour réduire la part des jeunes en recherche d'emploi, l'engouement pourrait toutefois se tarir après juin 2022, lorsque les aides de l'Etat prendront fin.