Dérapage du déficit public : Eric Ciotti dénonce « un plan caché » du gouvernement pour augmenter les impôts

Par latribune.fr  |   |  771  mots
Le patron de LR, Eric Ciotti, a dénoncé ce mardi que le gouvernement prévoyait, selon lui, une hausse des impôts et une sous-indexation des retraites afin de redresser les comptes publics. (Crédits : LTD / Julien Reynaud/APS-Medias/ABACAPRESS via Reuters)
Alors que la droite envisage de plus en plus de déposer une motion de censure, le patron du parti dénonce « un plan caché » du gouvernement pour augmenter les impôts, suite au dérapage du déficit public. Le gouvernement conteste.

« Un plan caché » ? Le patron de LR (Les Républicains), Eric Ciotti, a dénoncé ce mardi que le gouvernement prévoyait, selon lui, une hausse des impôts et une sous-indexation des retraites afin de redresser les comptes publics.

« Nous percevons votre plan caché pour que les Français épongent vos dettes au lendemain des élections européennes par leurs impôts et leurs cotisations », a affirmé le député des Alpes-Maritimes à l'Assemblée nationale, au lendemain de déclarations d'Emmanuel Macron reconnaissant que la France a « un problème de moindres recettes ».

« On croit rêver. Il fallait oser : les Français, selon lui, ne paient pas suffisamment d'impôts », s'est agacé Eric Ciotti.

D'autant que dans un entretien au Parisien, Eric Ciotti, a fixé samedi les « lignes rouges » de LR (hausses d'impôts, désindexation des retraites, dépenses de santé) au-delà desquelles le parti « n'hésiter(a) pas » à déposer une motion de censure contre le gouvernement. Le parti brandit de longue date cette menace, mais il s'est jusque-là très majoritairement retenu de s'associer au vote des motions de censure déposées par l'opposition lors de l'examen des derniers projets de loi de finances.

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Gabriel Attal rejette ces accusations

Une accusation rejetée par Gabriel Attal. Le chef du gouvernement a répliqué en niant qu'il y ait une « augmentation d'impôts sur les Français », assurant avoir « toujours suivi cette ligne » et réitérant que l'exécutif la « tiendra ». Reprenant les arguments d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal a expliqué que le dérapage budgétaire n'était « pas du fait des dépenses », l'Etat ayant « dépensé 8 milliards de moins que ce qui était prévu l'année dernière ».

« C'est du fait des recettes qui ont diminué parce qu'il y a un ralentissement économique qui concerne toute l'Europe », a-t-il soutenu.

Le patron du groupe LR à l'Assemblée, Olivier Marleix a exigé de son côté, lors d'une conférence de presse, « un moment de vérité avant les élections, pas après » : « Les recettes de l'Etat, ça s'appelle les impôts », a-t-il commenté. LR, qui organise une nuit de l'économie ce mardi à Paris avec la participation de plusieurs experts, fait monter la pression sur l'exécutif après le dérapage du déficit budgétaire.

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Commission d'enquête sur la dette

Il faut dire que le déficit public s'est établi à 154 milliards d'euros, soit 5,5% du PIB. Ce n'est toutefois pas la première fois qu'il excède les 5% : le déficit avait en effet grimpé à 6,4% en 1993, 7,2% en 2009 et même 9% en 2020. Mais c'est tout de même un mauvais chiffre bien au-dessus des 4,9% escomptés par le gouvernement et lié à des recettes moindres que prévues. La dette publique française atteint, elle, 110,6% du PIB fin 2023.

Cette dégradation des comptes publics a conduit l'exécutif à annoncer 10 milliards d'euros d'économies dès cette année, et « au moins 20 milliards » l'année prochaine. Bruno Le Maire a ainsi assuré sa détermination « intacte » et « totale » à faire revenir le déficit public français sous les 3% en 2027, mais sans augmenter les impôts. Il a encore répété cette volonté début avril. « Nous n'augmenterons pas les impôts en France, pour une raison simple : ce serait contraire à notre intérêt national » a-t-il de nouveau martelé mercredi dernier dans une tribune publiée dans le quotidien économique Les Echos.

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De leur côté, les Républicains ont décidé de lancer une commission d'enquête sur les raisons de la « très forte croissance de la dette sous la présidence d'Emmanuel Macron ». Cette enquête parlementaire portera aussi sur les conséquences de la croissance de la dette « sur le pouvoir d'achat des Français ». Le député LR Philippe Juvin briguera la présidence de la commission. Les travaux de celle-ci pourraient commencer autour de « fin avril », « juste avant les décisions attendues d'agences de notation (Fitch et Moody's le 26 avril, ndlr) », glisse une source au sein du groupe LR.

« Il sera intéressant de savoir de quels conseils le gouvernement s'est entouré », a encore déclaré le député LR Olivier Marleix, sous-entendant que Bruno Le Maire et Gabriel Attal, ancien ministre des Comptes publics, pourraient faire partie des personnes auditionnées.