Emmanuel Macron en opération séduction auprès du patronat

Par latribune.fr  |   |  801  mots
(Crédits : DENIS BALIBOUSE)
Dans un message préenregistré diffusé en ouverture du grand rendez-vous de rentrée du Medef, le président de la République a déclaré avoir « besoin » du patronat français. Objectif affiché, renouer avec le patronat, jusqu'ici contrarié par les récentes annonces sur la fiscalité des entreprises, le gouvernement ayant annoncé le report de la suppression définitive de la CVAE.

[Article publié le lundi 28 août 2023 à 14h59 et mis à jour à 15h26] Le président Emmanuel Macron a dit lundi avoir « besoin » du patronat français, adressant un « message d'unité » pour gagner la bataille de l'emploi et de la croissance, dans un message préenregistré diffusé en ouverture du grand rendez-vous de rentrée du Medef. Une prise de parole dont le président de la République s'était abstenu ces dernières années.

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« Dans le moment où nous vivons », marqué par de multiples incertitudes géopolitiques, « je suis absolument convaincu que l'unité doit prévaloir », a martelé le chef de l'Etat. « J'ai besoin de vous », a-t-il poursuivi dans cette intervention qui s'inscrit sur fond d'inquiétude du patronat concernant la politique fiscale du gouvernement vis-à-vis des entreprises.

« La trajectoire fiscalo-sociale que vous allez acter avec le gouvernement qui se traduira dans les projets de loi de finances et les projets de loi de financement de la sécurité sociale et tout ce qui s'ensuit doit, pour moi, procéder de cette bataille », a estimé Emmanuel Macron.

La disparition définitive de la CVAE reportée

« Ces dernières années [ont été] marquées par une baisse historique des prélèvements obligatoires pour les ménages et les entreprises », a vanté le chef de l'Etat, rejoignant les propos de son ministre de l'Economie, quelques heures plus tôt. « Il n'y a aucune inquiétude à avoir, nous avons fait preuve d'une constance remarquable sur la baisse des impôts, sur les ménages comme sur les entreprises. Je ne dévierai pas de cette ligne », avait, en effet, assuré sur France Inter Bruno Le Maire.

Au cœur des préoccupations du patronat : la récente annonce de l'étalement jusqu'en 2027 de la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt qui devait, initialement, disparaître intégralement en 2024. Repousser sa suppression serait « un très mauvais signal », a estimé le patron du Medef, dans la foulée de la diffusion du message présidentiel, ce lundi.

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« Outre qu'il altérerait la confiance des entrepreneurs dans la parole de l'Etat - car, oui l'Etat s'y était engagé, la loi a été votée - un nouvel étalement de la suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, NDLR) serait un très mauvais signal », a ainsi déclaré Patrick Martin au premier jour du grand rendez-vous de rentrée de l'organisation patronale.

«  Nos entreprises, singulièrement nos entreprises industrielles, ont un impérieux besoin de cette suppression immédiate, au moment où la concurrence internationale s'intensifie et où nous devons investir massivement sur la décarbonation », a-t-il ajouté.

Cet étalement est un « problème pratique pour les entreprises » qui « imaginaient investir cet argent ailleurs, en particulier dans la transition écologique », a expliqué sur Europe 1 le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Jean-Eudes du Mesnil.

Pour Patrick Martin, la nécessité de réduire les dépenses publiques n'est pas une raison valable, car les 4 milliards de CVAE restant à supprimer « ne représentent que 0,4% de la dépense publique ». « Qu'on ne nous fasse pas croire qu'on ne peut pas trouver ailleurs cette économie », a-t-il asséné dans les colonnes du Figaro.

Outre les sujets fiscaux, le chef de l'Etat est revenu dans son discours sur la question de l'emploi, avec la nécessité de « gagner la bataille du plein emploi ». Pour ce faire, il a réitéré, sans surprise, les différents chantiers en cours : le lycée professionnel et France Travail, en tête. Emmanuel Macron a également appelé à un « dialogue social modernisé rénové au niveau national et dans les branches et surtout au niveau de chaque entreprise ».

Salaires : l'intersyndicale réclame des négociations

Les syndicats ont appelé ce lundi les employeurs à ouvrir des négociations salariales « à tous les niveaux », sujet « insuffisamment » traité jusqu'ici face à l'inflation et qui sera au centre d'une journée de mobilisation le 13 octobre. Dans un communiqué reprenant les conclusions de la visioconférence vendredi entre les leaders des huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU), l'intersyndicale confirme son appel « à une journée de mobilisations et de manifestation le vendredi 13 octobre contre l'austérité et pour l'augmentation des salaires, des pensions et l'égalité femme-homme ».

« Des mesures ponctuelles et majoritairement financées par l'État sont insuffisantes pour répondre à l'inflation et l'augmentation des coûts tels que l'énergie, l'alimentation, le logement... », juge-t-elle.

Dans ce cadre des débats budgétaires cet automne, « la conditionnalité des 150 à 200 milliards annuels d'aides aux entreprises doit être débattue », exige-t-elle.

(Avec AFP)