Il n'y aura pas de baisse des taux d'intérêt « dans les mois à venir », selon Bruno Le Maire

Interrogé au micro de France Inter ce lundi, le ministre de l'Economie estime que l'inflation n'est pas encore revenue à un niveau raisonnable, éloignant de facto la perspective d'un desserrement de la politique monétaire menée par la BCE. A l'occasion de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, aux Etats-Unis, sa présidente Christine Lagarde avait rappelé vendredi la volonté de son institution de poursuivre sa politique monétaire restrictive.
« Il n'y aura pas de baisse des taux d'intérêt à court ou à moyen terme (...) tant que l'inflation n'est pas revenue à un niveau plus raisonnable », a-t-il justifié.
« Il n'y aura pas de baisse des taux d'intérêt à court ou à moyen terme (...) tant que l'inflation n'est pas revenue à un niveau plus raisonnable », a-t-il justifié. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a prédit ce lundi 28 août qu'il n'y aurait pas de baisse des taux d'intérêt « dans les mois à venir ». « Ce n'est pas à moi de faire des choix sur la politique monétaire », mais « je veux simplement dire très clairement à tous les acteurs économiques et à tous les Français qui nous écoutent : il n'y aura pas de baisse des taux d'intérêt dans les mois à venir », a-t-il averti le numéro deux du gouvernement au micro de France Inter.

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« Il n'y aura pas de baisse des taux d'intérêt à court ou à moyen terme (...) tant que l'inflation n'est pas revenue à un niveau plus raisonnable », a-t-il justifié.

« Dans les années 1970, on a mis dix ans à se débarrasser de l'inflation, ça a été terrible pour les catégories les plus modestes, terrible pour notre modèle social, terrible pour la cohésion de la société, là nous sommes en train de réussir en un peu plus de deux ans à faire baisser fortement l'inflation, il ne faut pas dévirer de ce cap », a plaidé Bruno Le Maire.

Une inflation encore trop élevée pour la BCE

Cette déclaration intervient alors que la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) avait rappelé vendredi la volonté de son institution de poursuivre sa politique monétaire restrictive, à l'occasion de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, aux Etats-Unis. Selon Christine Lagarde, le niveau d'inflation actuel implique « pour la BCE de fixer les taux d'intérêt à un niveau suffisamment restrictif aussi longtemps que nécessaire pour ramener l'inflation à notre cible de 2% à moyen terme ».

La BCE a augmenté ses taux pour la première fois mi-juillet 2022, pour enchaîner huit hausses depuis et les porter à 3,75%, un record depuis le printemps 2001. En France, la hausse des prix à la consommation a ralenti à 4,3% sur un an au mois de juillet. En revanche, les prix de l'alimentation sont en forte hausse (12,7%). L'inflation avait dépassé 6% en début d'année.

Même son de cloche à la Fed

 A Jackson Hole, le président de la Fed est, comme son homologue européenne, resté ferme face à l'inflation. « Certes, l'inflation a ralenti depuis son pic, mais elle reste trop élevée. Nous sommes prêts à encore augmenter les taux d'intérêt si nécessaire et avons l'intention de maintenir une politique monétaire restrictive jusqu'à ce que nous ayons la certitude que l'inflation s'oriente durablement vers notre objectif », a déclaré Jerome Powell.

Mais y parvenir pourrait exiger « une période de croissance inférieure à la croissance potentielle, ainsi qu'une détente des conditions du marché de l'emploi », a insisté ce dernier qui a prévenu que « tout indice d'une croissance supérieure à la tendance pourrait bloquer de futurs progrès sur l'inflation et demander un resserrement monétaire ».

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Depuis 18 mois, la Fed est restée concentrée sur son objectif : augmenter ses taux rapidement afin d'empêcher que les anticipations d'une inflation durablement élevée ne s'enracinent, avec d'importants risques pour l'économie à la clé. Résultat, depuis mars 2022, l'institution a augmenté onze fois ses taux, pour les faire passer d'un niveau proche de zéro à une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%. Conséquence ou non, l'inflation a, elle, pris le chemin inverse, avec d'abord un pic en juin 2022, autour de 9% puis une décrue constante depuis, pour revenir à 3% en juin, selon l'indice PCE, celui qui est privilégié par la Fed.

La présidentielle de 2027, « pas mon sujet d'actualité », assure Le Maire

La course à la succession d'Emmanuel Macron, qui ne pourra pas se présenter en 2027 au terme de son deuxième mandat, n'est « pas mon sujet d'actualité, pas celui des Français et pas celui de la France », a martelé le numéro deux du gouvernement sur France Inter. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a laissé entendre qu'il pourrait être candidat à l'élection présidentielle, une intention également prêtée au patron de Bercy en dépit de ses démentis.

« Mon sujet et mon ambition, c'est d'avoir de bons résultats économiques, d'arriver à lutter contre l'inflation », a balayé Bruno Le Maire au lendemain d'un large rassemblement politique organisé par Gérald Darmanin dans son fief de Tourcoing (Nord). « Il me semble que nous sommes en 2023, un an après l'élection présidentielle de 2022. On n'est pas un an avant l'élection présidentielle de 2027, donc tenons les calendriers ! Moi je suis patient », a-t-il insisté.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 29/08/2023 à 4:52
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Ce qui signifie que l'inflation va perdurer et que tout va continuer a augmenter. Autrement dit une stagflation dure en prevision. On vous avait prevenu depuis longtemps, mais a regarder ailleurs.....

à écrit le 28/08/2023 à 22:26
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Le Maire2 nous barantine tandis qu'il a baissé le taux de rémunération du livret A déguisé en stabilité pour limiter l'explosion des intérêts de la dette française...

à écrit le 28/08/2023 à 19:17
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Quel pudique ce nono, il pense années, il dit mois

à écrit le 28/08/2023 à 13:27
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"Il n'y aura pas de baisse des taux d'intérêt dans les mois à venir". Ben oui Nostradamus, vous avez enfin "étudié" un pan d'histoire pour réaliser enfin que l'inflation galopante n'est pas un phénomène qui s'inscrit à court terme. Génial, ça progres...

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