Espérance de vie : des écarts considérables entre les riches et les pauvres

Par Grégoire Normand  |   |  643  mots
En France, selon le seuil de pauvreté adopté, un individu est considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 846 euros (seuil à 50 % du revenu médian) ou 1.015 euros (seuil à 60 %). (Crédits : Reuters/Charles Platiau)
Les écarts de niveaux de vie au sein de la population française peuvent avoir un impact très visible sur l'espérance de vie des femmes et des hommes.

Les inégalités touchent également l'espérance de vie. Selon la dernière étude de l'Insee publiée ce mardi 6 février, les écarts d'espérance de vie en fonction des niveaux de vie (*) présentent de très fortes disparités. Ainsi, selon les résultats obtenus par les experts, les hommes les plus aisés vivent en moyenne 13 ans de plus que les hommes plus modestes. Et si l'espérance de vie à la naissance continue d'augmenter régulièrement, les différentes moyennes masquent souvent des écarts très marqués

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Des inégalités criantes

Les résultats de l'enquête de l'Insee sont particulièrement accablants. Parmi les personnes les plus aisées dont les revenus sont supérieurs à 5.800 euros par mois, les hommes ont une espérance de vie à la naissance de 84,4 ans. A l'inverse, les hommes qui font partie des 5% de personnes les plus modestes (niveau de vie moyen situé à 470 euros par mois sachant que le seuil de pauvreté se situe à 1.015 euros en France mesuré à 60% du niveau de vie médian, selon l'observatoire des inégalités ) ont une espérance de vie de 71,7 ans. Chez les femmes, l'écart est plus réduit. L'espérance de vie des femmes parmi les 5% de personnes les plus aisées atteint 88,3 ans contre 80 ans parmi les 5% les plus modestes, soit 8 ans d'écart.

Un meilleur état de santé

L'auteure de l'étude, Nathalie Blanpain, souligne dans le document que "le niveau de vie peut être la cause directe d'un état de santé plus ou moins bon, et donc d'une durée de vie plus ou moins longue". Les difficultés financières peuvent représenter un véritable frein pour l'accès aux soins. Le niveau d'études, le lieu de résidence et la catégorie socioprofessionnelle peuvent également jouer sur l'évolution de l'espérance de vie.

"Les cadres ont un niveau de vie élevé et sont moins soumis aux risques professionnels (accidents, maladies, exposition à des produits toxiques) que les ouvriers."

Les comportements à risques, en termes de santé, sont également plus fréquents chez les diplômés que chez les non-diplômés. D'après les résultats du baromètre santé 2016, 39 % des personnes âgées de 15 à 64 ans sans diplôme fument quotidiennement, contre seulement 21 % des diplômés du supérieur.

Enfin, l'étude rappelle qu'un mauvais état de santé peut entraîner un affaiblissement du niveau de vie. Une santé défaillante peut freiner la poursuite d'études, l'exercice d'un emploi, ou l'accès aux emplois les plus qualifiés.

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Une espérance de vie supérieure en Occitanie

Là encore, il existe des disparités en fonction des régions. L'Occitanie et les Pays de la Loire se situent en tête du palmarès. En revanche, les Hauts-de-France, la Normandie et la région Grand-Est arrivent en bas de classement. L'organisme public explique que des différences culturelles (habitudes alimentaires), comportementales (consommation d'alcool, tabagisme...), environnementales (pollution...) ou encore des écarts liés aux offres de soins plus ou moins denses peuvent également jouer.

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(*) Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation. Ce nombre dépend de la taille du ménage, ainsi que de l'âge des personnes qui le composent : il faut compter une unité pour le premier adulte, 0,5 unité pour chaque personne supplémentaire de 14 ans ou plus et 0,3 unité pour chaque enfant de moins de 14 ans. Pour calculer l'espérance de vie par niveau de vie, on a classé au préalable l'ensemble des personnes résidant en France, à un âge donné, de la plus pauvre à la plus aisée.