Fermeture de Fessenheim : Martinez met les doigts dans la prise

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  522  mots
Au lendemain d'une grève des salariés d'EDF à Fessenheim, le patron du premier syndicat de France a rappelé son opposition à la fermeture du site.
Fact-checking. Le patron de la CGT affirme que la fermeture du site alsacien provoquerait des coupures de courant. C'est faux.

C'était une promesse du candidat Hollande :  le sort de la centrale nucléaire de Fessenheim devrait être fixé d'ici la fin de l'année. Sa fermeture ne fait pas l'unanimité dans la classe politique et les syndicats y sont pour la plupart opposés, notamment la CGT.

Son secrétaire général, Philippe Martinez, était l'invité de la matinale de Franceinfo ce jeudi. Au lendemain d'une grève des salariés d'EDF à Fessenheim, le patron du premier syndicat de France a rappelé son soutien au mouvement. Justifiant sa position, il affirme qu'une fermeture du site provoquerait "des coupures d'électricité" et que des régions se retrouveraient "sans lumière", allant même jusqu'à ironiser : "Cela peut créer de l'emploi dans l'industrie des bougies". Des déclarations complètement erronées.

Fessenheim fonctionne déjà au ralenti sans provoquer de coupures

Le site de Fessenheim n'est pas toujours en fonctionnement. Qu'il soit question de maintenance ou de travaux, l'ensemble du parc nucléaire n'est pas à 100% actif au quotidien. À titre d'exemple, des anomalies de fabrication ont été détectées sur le réacteur n°2 du site alsacien, poussant EDF a le mettre hors-service depuis juin dernier. Les consommateurs, qu'ils habitent ou non la région, n'ont pas pas subi de coupures de courant.

En fait, la France possède plusieurs sites de production d'électricité : les centrales nucléaires, hydrauliques (barrages), thermiques (charbon), éoliens, etc. En raison de son faible coût, le nucléaire est souvent sollicité en priorité, mais "si un site de production est ponctuellement retiré, un autre prendra le relais", selon RTE, réseau public de transport d'électricité. Ce dispositif permet notamment de subvenir aux besoins des Français lors des pics de consommation.

"Il n'y a pas de coupures d'électricité en raison de la fermeture d'une centrale"

Même si le gouvernement entérine la promesse de François Hollande, les Français n'auront pas besoin de sortir les bougies. "Il n'y a pas de coupures d'électricité en raison de la fermeture d'une centrale", insiste RTE. Comme tout site nucléaire, Fessenheim n'a pas vocation à fonctionner éternellement, leur durée de vie étant comprise entre 40 ans et 60 ans. Le scénario a déjà été anticipé par RTE qui assure qu'un "dispositif est déjà en place en prévision de la fermeture de la centrale".

Bien que la France soit en retard sur les énergies renouvelables, son mix énergétique reste varié. Alors que le parc nucléaire stagne, les éoliennes et autres productions d'énergie verte ne cessent de croître. Depuis 2015, l'Aquitaine détient d'ailleurs la plus grande centrale solaire d'Europe. Toutes ces installations permettent de produire plus d'électricité, alors que la consommation a baissé de 8% entre 2002 et 2012 en France, selon le Commissariat général au développement durable.

Enfin, les fournisseurs d'électricité n'utilisent pas nécessairement les sites de production français. Ils se servent sur le marché européen pour proposer aux consommateurs une énergie au meilleur prix. Résultat, 20% de l'électricité consommée en France provient de ses plus proches voisins.