France : la flambée des prix de l'énergie creuse un peu plus le déficit commercial

Par latribune.fr  |   |  715  mots
"Si nous ne prenons pas ce virage de l'innovation et de l'industrialisation, nous continuerons de dégrader nos déficits" commercial et public, a déclaré Emmanuel Macron en octobre. (Crédits : Reuters)
En septembre, le déficit commercial français s'est creusé à 6,9 milliards d'euros, soit un peu plus qu'en août où la différence entre les exportations et les importations atteignait 6,8 milliards d'euros. Gonflées par la hausse des prix des matières premières et de l'énergie, les importations sont proches de leur niveau record, selon les Douanes.

Alors que la reprise économique booste les échanges extérieurs, la France voit le prix de ses importations s'envoler, tiré par la flambée du coût de l'énergie. Le déficit commercial français s'est ainsi un peu plus creusé à 6,9 milliards d'euros en septembre, ont annoncé mardi le services des Douanes. En août, un mois auparavant, la différence entre les exportations et les importations était légèrement plus faible, à 6,8 milliards d'euros.

Comme pour le mois précédent, le déficit est notamment dû à la hausse de la facture énergétique et à la hausse des prix des biens intermédiaires. Le cours du Brent est en effet passé de 37 dollars le baril de pétrole fin octobre 2020 à plus de 83 dollars depuis fin octobre 2021, soit plus de 120% d'augmentation en un an. La forte demande de carburant, liée à la reprise économique et du trafic aérien et routier, et une offre limitée expliquent l'appréciation de l'or noir.

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Des échanges plus importants en valeur mais pas en volume

En juillet et juin le déficit avait été de 6,6 milliards d'euros, détaillent par ailleurs les Douanes dans les derniers chiffres actualisés. En moyenne par mois, les importations ont progressé de 600 millions d'euros et culminent aujourd'hui à 48,9 milliards d'euros, "le plus haut niveau jamais atteint".

Du côté des exportations aussi il y a du progrès. En moyenne, elles ont augmenté de 300 millions d'euros par mois depuis le début de l'année, et ne sont plus qu'à 1% de leur niveau de 2019, avant la crise, précisent les Douanes. Toutefois, ces niveaux restent à relativiser, ce dynamisme étant en partie dû "à la hausse des prix des matières premières, notamment énergétiques, et des produits industriels".

En effet, en volume, le niveau des importations et des exportations est quasiment stable sur les neuf premiers mois de l'année, analysent les Douanes. La sortie de crise a entraîné une forte hausse de la demande en énergie et en biens, ce qui a engendré de grandes difficultés d'approvisionnements partout dans le monde, renchérissant parfois nettement le coût de certains achats en dehors des frontières.

Du côté de la balance des paiements, qui inclut les échanges de services, le déficit des transactions courantes est ressorti à 2,7 milliards d'euros en septembre, soit une dégradation de 1,3 milliard par rapport à août, a détaillé la Banque de France. Sur le troisième trimestre 2021, le déficit des transactions courantes s'établit à 7,6 milliards d'euros, soit une dégradation de 3,5 milliards d'euros par rapport au deuxième trimestre, précise l'institution française dans un communiqué paru ce mardi.

Le déficit des biens se creuse, néanmoins, l'excédent des services s'améliore de 1,7 milliard d'euros, en particulier grâce aux services de transports et aux voyages, dont l'excédent croît de 2,1 milliards et de 1,5 milliard d'euros respectivement, précise la Banque de France.

Accélérer la réindustrialisation du pays

Afin de redresser la barre, l'innovation et l'industrialisation sont les mots clés, selon Emmanuel Macron. Le président de la République l'a en effet de nouveau affirmé lors de la présentation en octobre de son plan d'investissement pour préparer la France de 2030.

"Si nous ne prenons pas ce virage de l'innovation et de l'industrialisation, nous continuerons de dégrader nos déficits" commercial et public, a-t-il dit devant plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre Jean Castex, ainsi que des chefs d'entreprise et des jeunes.

Ce plan baptisé France 2030, d'un montant de 30 milliards d'euros, a pour objectif de gagner la "bataille de l'indépendance" d'ici à la fin de la décennie. De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire martèle également que le rétablissement de la balance commerciale de la France devrait être "une priorité". La pandémie a mis en lumière l'extrême dépendance de la France à l'égard du reste du monde. La réindustrialisation pourrait être un des débats importants de la prochaine campagne présidentielle.

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