L'appareil exportateur français reste empêtré dans la crise. Un an et demi après le début de la crise sanitaire, les entreprises exportatrices tricolores sont confrontées à de graves perturbations du système commercial mondial. Beaucoup de pays ont dû fermer leurs frontières en urgence et les échanges ont tourné au ralenti pendant cette longue période. Résultat, les chiffres des douanes dévoilés ce mardi 8 juin indiquent des résultats médiocres pour le mois d'avril. Le déficit commercial s'est creusé pour atteindre 6,2 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés (CVS-CJO) après trois mois consécutifs de recul. Les importations (46,4 milliards d'euros) ont augmenté bien plus vite que les exportations (40,2 milliards d'euros). Ce qui explique cette chute du solde extérieur. Les exportations sont encore loin de retrouver leur niveau d'avant-crise (94%) alors que le niveau des importations frôle sa moyenne de 2019 (98%).
« Les exportations n'ont pas été très dynamiques au premier trimestre. Cela s'explique par l'industrie automobile et l'aéronautique. En même temps, les importations ont augmenté en raison notamment de la hausse des prix de l'énergie. Les choses devraient aller mieux avec la réouverture », a expliqué l'économiste d'Euler Hermes Selin Oyurt lors d'un récent point presse.
Le déficit énergétique dans le rouge
L'examen plus précis des résultats rendus publics ce mardi indique que le déficit énergétique a grandement contribué à plomber les chiffres du commerce extérieur hexagonal. En effet, le déficit énergétique a atteint 2,8 milliards d'euros en avril. La hausse des prix de l'énergie à travers toute la planète a des répercussions sur le montant des volumes échangés. Avec la réouverture des frontières et l'accélération de la vaccination, les échanges de biens et services devraient accélérer dans les prochains mois si la situation sanitaire ne se dégrade pas. Le redémarrage désynchronisé des économies à l'échelle de la planète entraîne nécessairement des frictions entre l'offre et la demande et des perturbations dans les chaînes de valeur mondiales.
« La demande adressée à la France est de 59 milliards d'euros en 2021 et de 47 milliards en 2022. Il faudra attendre 2023 pour effacer les pertes de la crise au niveau des exportations. Les demandes viennent surtout de l'Allemagne et des Etats-Unis. Le plan de relance aux Etats-Unis va booster nos exportations. Les Etats-Unis vont représenter un partenaire privilégié de la France », a ajouté l'économiste.
Amélioration de la balance des paiements
Le solde de la balance des paiements qui prend en compte les services s'est de son côté légèrement amélioré pour passer de -2,7 milliards d'euros à -1,4 milliard entre mars et avril 2021. L'excédent des services ressort à 900 millions d'euros. « Au sein des services, l'amélioration de l'excédent est notamment due aux services d'assurance (inclus dans services divers), et dans une moindre mesure aux services de conseil, R&D et de commerce, tandis que les voyages demeurent atones » explique la Banque de France dans son communiqué. La mise en œuvre du troisième confinement au mois d'avril et la détérioration de la situation sanitaire au cours du premier trimestre 2021 ont assombri les chiffres du tourisme dans toute l'Europe et particulièrement les pays du Sud très dépendants de cette activité sur leur territoire.