Hulot veut changer d'échelle dans la transition énergétique

Par Dominique Pialot  |   |  930  mots
Un permis enveloppe permettra d'intégrer certaines modifications a posteriori (Crédits : Reuters)
En visite dans la Sarthe sur des installations éolienne et solaire, le ministre de la transition écologique et solidaire a précisé et rappelé les mesures décidées pour permettre à la France d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés en matière d'énergies renouvelables dans le cadre du Plan climat, de la loi de transition énergétique et de la stratégie nationale bas carbone.

"Avec Bruno Le Maire, nous sommes en train de préparer un accélérateur de la transition écologique, et notamment de la transition énergétique, pour changer d'échelle", a déclaré Nicolas Hulot.

"On va changer d'échelle dans les appels d'offres, que l'on va quasiment multiplier par deux sur le solaire. On va changer d'échelle en essayant de rendre acceptable tous ces projets et de sortir d'une position conflictuelle", a-t-il ajouté. 

Le ministre a indiqué vouloir faire "de la pédagogie" pour que les Français "voient les bénéfices" des énergies renouvelables, notamment "en développant l'autoconsommation", "pour qu'à terme chaque territoire, chaque citoyen, s'il le décide, puisse produire sa propre énergie pour sa propre consommation"

« Pour répondre aux objectifs fixés dans le Plan climat d'augmentation de la capacité des énergies renouvelables, nous allons renforcer et dynamiser ce cadre avec la révision de la PPE d'ici fin 2018 et avec un ensemble de mesures prévues pour accélérer la transition écologique » a déclaré le ministre de la transition écologique et solidaire.

Ces mesures s'organisent autour de trois maîtres mots : simplification, développement de la production et innovation.

Simplification dans l'éolien offshore

Le premier concerne essentiellement l'éolien, et a fait l'objet d'un groupe de travail présidé par le secrétaire d'État Sébastien Lecornu. Il porte aussi bien sur des aspects procéduraux, des leviers financiers, la planification... Les conclusions en seront présentées formellement le 18 janvier 2018.

Nicolas Hulot a confirmé la mise en place de groupes similaires sur la méthanisation et le solaire.

Concernant l'éolien offshore, alors que la France ne comptera aucune éolienne en mer avant 2020 voie 2021, le ministre a d'ores et déjà proposé des simplifications majeures dans le cadre du projet de loi pour une société de confiance. Un débat public plus en amont devra garantir une concertation plus efficace, tandis qu'un cadre nouveau pour le raccordement aidera à en anticiper la réalisation et à limiter le risque de retard concernant sa mise à disposition. Ce risque constitue en effet aujourd'hui aujourd'hui un frein majeur au financement des projets de parcs offshore.

Mais la principale avancée porte sur la création d'un « permis enveloppe », qui permettra désormais la délivrance au lauréat d'un appel d'offres éolien en mer d'autorisations pouvant ensuite évoluer pour intégrer a posteriori, et dans des limites définies, des modifications du projet d'installation et de son raccordement. Aujourd'hui en effet, la France est l'un des rares pays à interdire toute modification après obtention des différents permis, et à priver les opérateurs - et la collectivité - des économies générées par les avancées technologiques survenues dans l'intervalle entre l'attribution de l'appel d'offres et les débuts des travaux, qui s'établit aujourd'hui en France à une dizaine d'années. Typiquement, cela permet de remplacer les turbines initialement prévues par les machines les plus performantes du moment, multipliant ainsi la capacité installée dans un périmètre donné et abaissant en conséquence le coût de production du mégawattheure.

Quasi-doublement des volumes d'appels d'offres solaires

Sur le photovoltaïque, plusieurs mesures doivent permettre d'atteindre les objectifs fixés pour 2023, d'autant plus ambitieux que la trajectoire actuelle les met hors de portée. En effet, la puissance installée au 30 septembre 2017 (derniers chiffres disponibles) était de 7,7 GW pour un objectif entre 18,2 et 20,2 GW en 2023.

Le ministre a repris ses annonces faites en marge du One Planet Summit. Le volume des appels d'offres solaires passera de 1,5 GW à 2,5 GW par an, une augmentation qui interviendra progressivement, dès les prochains appels d'offres. Ces derniers auront lieu en mars pour les installations sur bâtiment (pour un volume de 200 MW) et en juin pour les centrales au sol.

Par ailleurs, Nicolas Hulot a dévoilé les 283 nouveaux lauréats de la troisième période de l'appel d'offres pour des installations photovoltaïques sur bâtiment portant sur un volume de 150 MW, et observé une poursuite de la baisse des prix proposés A 85 €/MWh, le prix moyen est en effet inférieur de 9 % par rapport à la période précédente

L'autoconsommation encouragée

D'autres mesures enfin ont été prises concernant l'autoconsommation, qui  s'accélère avec 6000 projets déclarés sur le seul premier semestre 2017 contre environ en 2016.

Un tarif doit être arrêté pour soutenir les plus petites installations. Pour les plus grandes, un appel d'offres pour 50 MW de projets en autoconsommation a été lancé en 2017 à destination des consommateurs des secteurs industriels, tertiaires et agricoles et doit être renouvelé tous les quatre mois pendant trois ans. 145 projets ont été lauréats de la première tranche en décembre dernier, avec des coûts en foret baisse.

De façon générale, enfin, Nicolas Hulot a annoncé que le Programme des investissements d'avenir (PIA) continuerait de soutenir la recherche et développement dans toutes les filières renouvelables. Un « Concours d'innovation » dédié aux projets innovants portés par les PME a été lancé en décembre par BPI France et l'ADEME, qui s'inscrit dans le Grand plan d'investissement de 57 milliards d'euros annoncé par le gouvernement en juillet 2017. La neutralité carbone et la compétitivité par l'innovation en sont les axes principaux.

Pour des projets plus importants, un appel à projets pour des démonstrateurs sera lancé par l'ADEME au premier trimestre afin de financer les dernières étapes de mise au point pré-commerciale des nouvelles technologies avant leur mise sur le marché.