Hydrogène, quantique, spatial... Le Maire envisage une nouvelle rallonge budgétaire, l'opposition demande la fin de «l'open bar»

Par latribune.fr  |   |  684  mots
Pour Bruno Le Maire, il ne s'agirait "pas uniquement d'investissements dans les entreprises, dans les usines, dans les chaînes de valeurs, c'est aussi, peut-être surtout des investissements dans les compétences, le savoir-faire, la formation, la qualification", (Crédits : GONZALO FUENTES)
Pour le locataire de Bercy, cette enveloppe budgétaire complémentaire doit soutenir des filières dites d'avenir, comme l'hydrogène, les batteries électriques, le cloud ou l'espace, le calcul quantique ou encore les semi-conducteurs. Lors du vote du règlement du budget 2020, l'opposition de droite à appelé à la fin de "l'open-bar".

Le "quoi qu'il en coûte" n'est peut être pas encore terminé. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a ouvert la porte mercredi à de nouveaux investissements, en plus de ceux fixés dans le plan de relance déjà votés par le Parlement. Devant les députés, le locataire de Bercy a expliqué que cette enveloppe budgétaire complémentaire pourrait soutenir des filières d'avenir, comme l'hydrogène, les batteries électriques, le cloud ou l'espace, le calcul quantique ou encore les semi-conducteurs. Ce dernier secteur, sous tension depuis la reprise économique et pourtant essentiel dans de nombreuses industries (informatique, automobile), est marqué par la faiblesse des Européens et des Français, trop dépendants des producteurs américains et chinois. Bruno Le Maire espère "ouvrir pour la première fois depuis des décennies de nouvelles chaînes de valeurs dans notre pays".

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"Autant je ne crois pas que nous ayons besoin d'un deuxième plan de relance, autant je pense utile de réfléchir ensemble aux investissements complémentaires" afin "d'augmenter le potentiel de croissance de la France" et de l'Union Européenne, "face à la montée en puissance de la Chine et à l'accélération américaine", a-t-il indiqué.

Investissement dans les compétences

Et il ne s'agirait "pas uniquement d'investissements dans les entreprises, dans les usines, dans les chaînes de valeurs, c'est aussi, peut-être surtout des investissements dans les compétences, le savoir-faire, la formation, la qualification", a-t-il précisé. Une source parlementaire évoquait il y a quelques jours auprès de l'AFP "des arbitrages en cours", en vue d'éventuelles mesures dans le prochain budget cet automne.

Face à la crise du Covid, le gouvernement avait présenté début septembre 2020 un plan de relance à hauteur de 100 milliards d'euros fléchés vers la transition écologique, la compétitivité, la reconquête industrielle et la cohésion des territoires. L'exécutif entend déployer 70 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, sur les 100 annoncés jusqu'en 2022.

Un budget 2020 éprouvant

Cette possible rallonge budgétaire intervient alors que l'Assemblée a adopté mercredi soir le projet de loi de règlement du budget 2020 grevé par la crise du Covid-19, avec un déficit public à 9,2% du PIB et un niveau de dette qui alarme les oppositions. Ce budget du "quoi qu'il en coûte" avait été modifié à quatre reprises pour affronter la mise sous cloche de l'économie.

Le ministre délégué aux Comptes publics Olivier Dussopt a vanté l'aide apportée par l'Etat dans la crise, "efficace pour le pouvoir d'achat des Français qui, globalement, a augmenté en 2020 (+0,4%)" et "efficace pour sauver les entreprises". "Depuis 2017, nous comptions entre 50.000 et 55.000 faillites d'entreprises par an. Aujourd'hui, nous en sommes à moins de 30.000 faillites sur les douze derniers mois", a-t-il souligné.

Le plan de sauvetage concernait  "l'activité partielle, qui a représenté un montant total de près de 35 milliards, dont 26,3 milliards d'euros en 2020". Mais aussi le fonds de solidarité aux entreprises qui a représenté 30,5 milliards, versés en réponse à plus de 9,6 millions de demandes, dont 11,8 milliards et 6,3 millions de demandes en 2020, a aussi cité M. Dussopt. Enfin, "un tiers des entreprises a contracté un prêt garanti par l'Etat, pour un total de 137 milliards d'euros à fin mai dernier".

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Charles de Courson (groupe Libertés et territoires) a épinglé "l'open bar budgétaire" en 2020, tandis que la gauche de la gauche dénonçait "injustice" et "insuffisance" du fait de la non-taxation des "profiteurs de crise".

Alors que la dette a atteint un niveau record à 115% du PIB, "la crise n'a pas entamé la volonté de sérieux budgétaire de la majorité", a assuré le rapporteur général Laurent Saint-Martin (LREM). Mais le président de la commission des Finances Eric Woerth (LR) a pointé "un endettement sans douleur, sous morphine" des taux bas, avec "un risque euphorisant nous éloignant des réalités".

(avec AFP)