Plan de relance : Castex lance un comité d'évaluation piloté par Benoît Cœuré

Le comité d'évaluation doit remettre un premier rapport au chef du gouvernement en octobre prochain portant sur une dizaine de mesures. À quelques mois de la présidentielle, la pression risque de s'accroître sur cette instance composée de 25 personnalités.
Grégoire Normand
Jean Castex a lancé ce comité le 4 juin dernier.
Jean Castex a lancé ce comité le 4 juin dernier. (Crédits : Reuters)

Des milliards comme s'il en pleuvait et des projets à la pelle. Depuis l'annonce du plan de relance de 100 milliards d'euros au mois de septembre 2020, le gouvernement a traversé de longues périodes de turbulence. Entre les vagues d'épidémie et les confinements à répétition, l'économie française a de nouveau fonctionné en sous-régime pendant près de sept mois. Après cette longue période de restriction, la levée des mesures d'endiguement entamée depuis le 18 mai dernier a commencé à insuffler un vent d'optimisme sur de nombreux secteurs. Il reste que le programme de décaissement du plan de relance a sérieusement été chamboulé par la pandémie et la dégradation de la situation sanitaire, même si l'entourage du Premier ministre affirme à La Tribune "qu'il n'y a pas de retard: 30% du plan a été décaissé, soit environ 30 milliards".

Pour tenter d'y voir plus clair, le chef du gouvernement Jean Castex a lancé vendredi dernier le comité d'évaluation du plan de relance, présidé par l'économiste Benoît Cœuré. Il prend la suite du comité d'évaluation des mesures d'urgence lancées depuis le début de la pandémie. "Le comité d'évaluation du plan de relance a tenu sa première réunion le 4 juin. Il évaluera le plan dans ses trois dimensions - écologie, compétitivité, cohésion sociale - et à différents horizons - soutien à la reprise; impact à long terme sur l'économie française", a déclaré Benoît Cœuré.

Benoit Coeuré

[Benoît Cœuré est responsable du pôle innovation à la Banque des règlements internationaux (BRI). Crédits : Reuters.]

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Seule une dizaine de mesures évaluées

L'une des difficultés d'une telle évaluation est que le plan de relance comporte une liste foisonnante de missions et projets à financer. Cet aspect a d'ailleurs été pointé par plusieurs économistes qui ont souligné "le risque d'émiettement" des mesures de cette enveloppe.

Face à ces difficultés, le chef du gouvernement, dans sa lettre adressée à l'économiste et consultée par La Tribune, précise que "la première mission [du comité d'évaluation] consistera à proposer une liste de 10 à 15 mesures sur lesquelles se concentreront vos travaux ultérieurs. Ce choix devra se fonder sur des critères de coût de la mesure pour les finances publiques, d'impact économique, social et environnemental attendu".

Matignon suggère par exemple que le comité s'intéresse à la rénovation thermique des bâtiments publics, le dispositif MaPrimeRenov, ou à la baisse des impôts de production. L'instance d'évaluation peut bénéficier d'un budget d'études compris entre 1 et 2 millions d'euros sur trois ans.

En se focalisant uniquement sur certaines mesures, l'autre risque est que le comité d'évaluation fasse l'impasse sur des dispositifs importants du plan de relance.

Un comité ouvert, une parité loin d'être respectée

La première réunion qui a eu lieu en fin de semaine dernière a rassemblé un large spectre de personnalités. Sur le plan politique, le président de la Commission des finances du Sénat Claude Raynal (PS) et le président de la commission des finances à l'Assemblée nationale Eric Woerth (LR) ont été sollicités. D'autres députés comme Laurent Saint-Martin, rapporteur du budget au palais Bourbon et élu de la majorité présidentielle, ou encore Anne-Laure Cattelot figurent également sur la liste des personnalités communiquée par les services de Matignon. Apparaissent également, le directeur général de la puissante administration du Trésor à Bercy, Emmanuel Moulin. Cet ancien directeur de cabinet du ministre Bruno Le Maire est un fin connaisseur des couloirs de Bercy et des coulisses du pouvoir. La directrice des services statistiques du ministère du Travail (Dares), Selma Mahfouz, doit également prendre part à ces travaux.

Du côté des collectivités locales, les présidents de Régions de France (Hervé Morin), de l'Assemblée des Départements de France (Pierre Bedier) et de l'Assemblée des Maires de France (Philippe Laurent) sont également présents. Enfin, les partenaires sociaux n'ont pas été oubliés (Medef, CPME, U2P, CFDT, CGT, FO et CFE-CGC).

En revanche, l'absence de parité de cet organe d'évaluation est particulièrement criant. Sur les 25 membres que compte le comité d'évaluation, seules 7 femmes sont inscrites contre 18 hommes. À cet égard, le déséquilibre déjà présent au comité d'évaluation des mesures d'urgence est une nouvelle fois visible, alors que le président Macron a décrété la parité comme "une grande cause nationale".

> Lire aussi : Le comité de suivi des mesures économiques d'urgence très loin de la parité

Un rapport attendu en octobre 2021

Ce comité prévu dans la loi de finances pour 2021 doit remettre un premier rapport sur les répercussions des premières mesures du plan de relance. Ce document doit être livré en octobre prochain au Premier ministre. Les travaux de ce comité devraient être scrutés attentivement par tous les membres du gouvernement à quelques mois de la présidentielle. Pour l'économiste Benoît Coeuré, la pression risque d'être forte même si l'entourage du Premier ministre assure que ce comité est "vraiment indépendant". Surtout que le président de la République Emmanuel Macron et plusieurs membres du gouvernement ont laissé entendre qu'ils voulaient relancer des chantiers explosifs comme la réforme des retraites.

> Lire aussi : La réforme des retraites reste dans le viseur de l'exécutif

Grégoire Normand
Commentaires 7
à écrit le 05/07/2021 à 9:45
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Faute de parité.... oui, pourquoi Benoit Coeuré ne serait-il pas forcé par la police des moeurs à faire de la danse classique, où l'a a remarqué qu'il y avait plus de femme que d'hommes ?

à écrit le 08/06/2021 à 12:51
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Une specialite francaise. Faire un rapport afin d'evaluer. Ensuite, et bien plus rien. C'est bien de palabrer, ne dit-on pas que l'homme est un etre de parole ? Le francais est un maitre en cet art si complexe.

à écrit le 08/06/2021 à 9:00
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Il est bon d'évaluer.. mais les résultats ont très prévisibles... pchiiiitt!

à écrit le 08/06/2021 à 8:50
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Quand on ne maîtrise rien on créé des comités d'évaluation. Il existe combien de trucs de ce genre ?

à écrit le 07/06/2021 à 18:17
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Et un comité Theodule de plus pour recaser les copains avant les élections !!😂 LDEM ou la politique comme avant mais en pire ...

le 07/06/2021 à 20:11
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Le ruissellement de Macron est en marche... cependant il pourrait battre de l'aile aux régionales si le dégagisme est élu.

le 07/06/2021 à 22:40
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bientot il suffira de noter le nombre de pantouflards !

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