Inflation : Michel-Edouard Leclerc affirme vouloir lui « casser la gueule », malgré des négociations commerciales difficiles

Par latribune.fr  |   |  742  mots
La grande distribution est-elle pour autant en position de force dans le cadre des négociations commerciales ? « C'est pas joué », a tempéré le dirigeant. (Crédits : CHARLES PLATIAU)
Invité de France 2 ce mardi matin, le patron des centres E.Leclerc anticipe un net ralentissement de la flambée des prix à la consommation. Michel-Edouard Leclerc assure que les distributeurs, dont il est l'un des fers de lance, sont alliés pour demander aux industriels « de la déflation, de la baisse des prix, parce qu'ils se sont trop "sucrés" l'année dernière ». Les discussions paraissent toutefois bien plus complexes.

L'inflation ralentit en France, depuis quelques mois déjà. Mais à quelle échéance les consommateurs pourront-ils en mesurer, enfin, les effets ? Alors que les négociations commerciales entre les distributeurs et les industriels se poursuivent, Michel-Edouard Leclerc, lui, prévoit une baisse de l'inflation pour le début de l'année 2024. Pour rappel, l'inflation s'est établie à 3,5% en novembre sur un an. Les chiffres provisoires de décembre sont attendus cette semaine.

« On va aller chercher des poches de baisse de prix, on va aller casser la gueule à l'inflation, et on va arriver avec une inflation, je pense, - fin janvier, début février - qui sera au moins moitié moins que l'année dernière », a promis mardi matin le patron des centres E.Leclerc, sur France 2.

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Des négociations commerciales difficiles...

Michel-Edouard Leclerc assure que les distributeurs, dont il est l'un des fers de lance, sont alliés pour demander aux industriels « de la déflation, de la baisse des prix, parce qu'ils se sont trop "sucrés" l'année dernière ». La grande distribution est-elle pour autant en position de force ? « C'est pas joué », a tempéré le dirigeant.

« Beaucoup d'industriels demandent encore des hausses de 6 à 8%. », assure-t-il.

Pour justifier cette hausse, les industriels mettraient en avant l'inflation du « prix du conditionnement », selon lui.

Certains secteurs devraient connaître une baisse des prix plus rapide. « Il y a des marchés de matières premières comme celles des céréales ou du café où cela a bien baissé, a-t-il illustré. On parle du prix des pâtes, on parle du prix de la farine. »

... malgré une date de clôture avancée

Pour rappel, les négociations commerciales annuelles ont lieu chaque année. Elles permettent de fixer les conditions (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) auxquelles les supermarchés vont s'approvisionner toute l'année auprès de leurs fournisseurs agro-industriels. Ces discussions se concluent habituellement le 1er mars.

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Toutefois, le gouvernement a décidé de les avancer de quelques semaines en espérant une répercussion plus rapide dans les prix en rayon des baisses du coût de certaines matières premières. Ces négociations vont donc se conclure au plus tard le 15 janvier pour les fournisseurs réalisant moins de 350 millions d'euros de chiffre d'affaires et au plus tard le 31 janvier pour les plus gros fournisseurs.

À l'heure actuelle, les discussions paraissent houleuses. « Tout le monde a des raisons de filer sa facture à l'autre, en aval », déplore Michel-Edouard Leclerc, pointant du doigt l'attitude des industriels. Déjà l'année passée, les représentants des industriels avaient prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des baisses de prix massives ou généralisées, leurs coûts restant élevés.

« Ce qui compte, ce n'est pas la ligne de départ mais la ligne d'arrivée », avait alors répondu dans Le Parisien la ministre Olivia Grégoire, assurant que des produits verront « les prix vont baisser l'an prochain ».

La crise inflationniste est « derrière nous » en France, mais le niveau d'inflation restera « un peu plus élevé » qu'avant-crise, avait nuancé sur Europe 1 le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le 21 décembre dernier. « Prix bloqués », voire en baisse, anticipation des négociations, éphémère proposition de vendre le carburant à perte... Les mesures annoncées ces derniers mois par le gouvernement étaient dès l'origine entourées de scepticisme.

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Ne parvenant pas à imposer un « panier anti-inflation » censé encourager la concurrence - déjà extrêmement forte - entre les enseignes de la grande distribution, Bercy s'en était remis en mars à la bonne volonté de Carrefour, E.Leclerc ou Intermarché pour une opération commerciale intitulée « trimestre anti-inflation ». Le dispositif, qui avait été étendu jusqu'à la fin de l'année civile, consistait à vendre une sélection de produits laissée à leur discrétion, au « prix le plus bas possible ».

(Avec AFP)