La crise inflationniste est bien « derrière nous », a confirmé ce jeudi le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, au micro d'Europe 1, avant d'ajouter que « nous serons sous les 3% d'inflation en 2024 ». Une bonne nouvelle pour le portefeuille des Français en cette période de fin d'année, mais qu'il convient de nuancer. Le niveau d'inflation restera « un peu plus élevé » qu'avant la crise, autour de 2%, en raison notamment du coût de la transition énergétique, a-t-il prévenu.
Le numéro deux du gouvernement a énuméré plusieurs raisons : « Parce que nous relocalisons des activités, parce que la décarbonation de notre économie coûte cher, il est probable que le niveau d'inflation structurel sera un peu plus élevé que ce qu'il était avant la crise du Covid ».
« Cela veut dire qu'on a connu des niveaux d'inflation autour de 1%, voire quasi-nulle, et qu'on aura des niveaux d'inflation qui seront de manière plus constante autour de 2% au lieu d'être autour de 1% », a-t-il détaillé.
Un constat partagé la veille par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron. « Les prix vont arrêter de monter mais, non, ils ne reviendront pas au niveau d'avant. », a-t-il affirmé mercredi, lors de l'émission « C à vous », diffusée en direct depuis le palais de l'Elysée sur France 5.
Une sortie de la crise inflationniste...
En novembre, l'inflation a bien poursuivi sa décrue en France, baissant à 3,5% sur un an, contre 4% en octobre, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques. Une baisse qui devrait se poursuivre l'année prochaine. Dans ses dernières prévisions publiées mi-décembre, l'Insee avait anticipé une inflation à 2,6% sur un an en juin prochain, et autour de 6% en début d'année, due notamment à « un effet de base moins favorable », pointait du doigt à La Tribune, l'économiste Jean-François Robin, de chez Natixis.
Après un sommet à presque 16% au printemps, l'inflation des prix alimentaires marquerait alors nettement le pas, à 1,9%, toujours selon l'Insee.
La Banque de France a, elle, prédit que l'inflation atteindrait 5,7% en moyenne annuelle en 2023, puis qu'elle tomberait à 2,5% en 2024, mesurée ici selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) - cet outil permettant la comparaison entre pays européens. L'assagissement des prix, combiné à la progression des salaires réels, redonnera alors un peu d'air aux ménages. Ces derniers verront leur pouvoir d'achat s'accroître et donc, devraient consommer plus (+1,5% en 2024 après +0,7% en 2023), de quoi soutenir davantage la croissance dès l'an prochain.
La hausse des prix à la consommation continuerait ensuite de refluer, passant début 2025 sous la barre des 2%, la cible d'inflation de la Banque centrale européenne (BCE): 1,8% cette année-là et 1,7% en 2026. Et bonne nouvelle, cette désinflation, conséquence notamment de la politique monétaire sur le Vieux continent pour refroidir les prix, se ferait sans récession.
... de bons augures pour la croissance
A mesure que l'inflation poursuit son repli, les prévisions de croissance sont davantage optimistes. La Banque de France a légèrement baissé mardi à 0,8% sa prévision pour l'économie française pour 2023. Elle s'attend ensuite à une accélération graduelle jusqu'en 2026. Cette révision à la baisse par la banque centrale, qui anticipait jusqu'ici une progression de 0,9% du produit intérieur brut (PIB), tient tout de même compte d'un troisième trimestre dans le rouge (-0,1%). Pour rappel, il avait été pénalisé par des investissements et une consommation des ménages sans vigueur.
La croissance devrait ensuite accélérer progressivement à 0,9% en 2024, puis 1,3% en 2025 et 1,6% en 2026. « On a une confirmation de notre scénario de désinflation avec reprise graduelle de la croissance », a notamment commenté Olivier Garnier, directeur général des statistiques, des études et de l'international à la Banque de France, en présentant ces nouvelles projections à la presse.
(Avec AFP)