ISF, fonctionnaires... : ce qu'il faut retenir des annonces d'Edouard Philippe

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  943  mots
Le locataire de Matignon a rappelé que les biens de luxe n'entreraient pas dans l'assiette de l'IFI mais qu'une hausse des fiscalité existantes est envisageable.
Invité de la matinale d'Europe 1 ce lundi matin, le Premier ministre a notamment annoncé que la hausse de la CSG sera "totalement neutralisée" pour les fonctionnaires et s'est dit favorable à une hausse des taxes existantes des biens de luxe.

Au lendemain d'une journée de séminaire, lors de laquelle l'exécutif a cogité sur les "priorités" de l'action gouvernementale, le Premier ministre Edouard Philippe est revenu sur les principales polémiques depuis l'annonce du budget 2018. Réforme de l'impôt sur la fortune, pouvoir d'achat des fonctionnaires, plan étudiant... La Tribune revient sur les principales annonces du chef du gouvernement, dévoilées au micro d'Europe 1 ce lundi matin.

■ Augmenter les taxes sur les biens de luxe ?

Accusé d'avoir conçu un budget "pour les riches", l'exécutif a notamment supprimé l'emblématique Impôt sur la fortune (ISF), en place depuis les années 1980, pour le remplacer par l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI). L'objectif est d'inciter les ménages aisés à investir dans l'économie française, mais aussi de faire en sorte "qu'ils arrêtent de partir" à cause de l'ISF, a insisté ce lundi Edouard Philippe.

La question de prise en compte dans ce nouvel impôt des biens de luxe, comme les yacht et les jets privés, restait floue après l'annonce du budget le 27 septembre. Le Premier ministre a confirmé "l'impossibilité de les mettre dans l'assiette de l'IFI", mais a évoqué "la possibilité d'utiliser les taxes existantes. Il en existe des spécifiques sur les yachts notamment" et de les augmenter.

"Certains parlementaires ont dit qu'ils voulaient le faire, moi je ne suis pas opposé à augmenter ces taxes existantes", a souligné le chef du gouvernement.

Richard Ferrand, patron du groupe LREM à l'Assemblée, entend porter un amendement visant à taxer de 30.000 à 200.000 euros par an les résidents français propriétaires de bateaux de plus de 30 mètres. La cession de matières précieuses et les voitures de grand luxe pourraient également faire l'objet de dispositions fiscales nouvelles.

■ Pour les fonctionnaires "l'augmentation de la CSG sera neutralisée"

Les 5,4 millions d'agents de la fonction publique sont appelés à la grève mardi pour protester contre les mesures de restrictions budgétaires à les concernant, à savoir la suppression de 120.000 postes sur 5 ans, la hausse de la CSG et le retour du jour de carence notamment.

Sur ce dernier, le chef du gouvernement a assumé et justifié les mesures engagées. "On a remarqué [que le jour de carence lors qu'il a été instauré] avait produit de remarquables résultats pour lutter contre l'absentéisme et on a constaté, quand il a été supprimé par le gouvernement, que cet absentéisme d'un jour ou de deux jours avait considérablement augmenté. Donc on le réinstalle."

Concernant le pouvoir d'achat des fonctionnaires, Edouard Philippe a assuré que "l'augmentation de la CSG sera totalement neutralisée" et ceux de deux façons. D'abord, "en diminuant les contributions" (équivalent chez certains fonctionnaires des cotisations salariales pour le privé) et ensuite "par un versement de prime".

"Par ailleurs, il y aura l'augmentation normale de la masse salariale dans la fonction publique. Ça veut dire une augmentation de pouvoir d'achat annuelle d'environ 2% au global", a poursuivi le Premier ministre, indiquant que Gérald Darmanin, ministre en charge de la Fonction publique, donnera le détail de ces grandes orientations sans préciser de calendrier.

■ La déclaration de Macron sur ceux qui foutent "le bordel"

"Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes", avait déclaré Emmanuel Macron la semaine passée lors d'un déplacement en Corrèze perturbé par des salariés licenciés de l'usine de GM&S.

Edouard Philippe a trouvé "surprenant", qu'autant "de temps et de commentaires" soient consacrés à ces déclarations du chef de l'Etat, après les polémiques sur "les gens qui ne sont rien" et "les fainéants".

Revenant sur le cas de GM&S, le locataire de Matignon a rappelé la contestation suivant la présentation du plan de sauvetage de l'usine qui, "certes, ne garantissait pas la totalité des emplois, mais garantissait l'avenir de l'entreprise avec une bonne partie des emplois".

"Il y a quelque chose qui se joue comme une position presque idéologique : Est-ce qu'il faut tout préserver au risque de ne rien préserver, ou est-ce qu'on accepte l'idée quand on veut sauver une entreprise qu'il y a des solutions soit de compromis, soit intermédiaires ?", a résumé Edouard Philippe. "Je ne pense qu'il ne faut pas avoir de positions maximalistes qui finissent in fine par fragiliser la situation."

| Lire aussi : GM&S : la justice valide l'offre de reprise partielle de GMD

■ Améliorer l'accès au soin des étudiants

Ce lundi matin le Premier ministre reçoit les responsables des deux principaux syndicats étudiants la Fage et l'Unef pour évoquer la mise en place des "contrats de réussite" et "le deuxième volet du plan étudiant qui consiste à améliorer les conditions de vie et le pouvoir d'achat des étudiants", a-t-il précisé.

Interrogé sur un possible rattachement des étudiants au régime générale de la sécurité sociale, le locataire de Matignon a botté en touche : "Je ne vais pas préempter la fin de la discussion, mais il est clair qu'on peut mieux faire dans l'accompagnement aux études des étudiants."

Edouard Philippe a en revanche pointé le besoin d'améliorer sensiblement l'accès au soin des étudiants :

"Les étudiants, comme ils sont jeunes, on pense qu'ils sont en bonne santé, mais en vérité on a des chiffres qui ne sont pas très bons sur la capacité des étudiants à accéder aux soins et à faire attention à leur santé", a-t-il confié. "Il y a des actions de prévention à mettre en œuvre."