Le chômage repart à la hausse

Par Grégoire Normand  |   |  720  mots
Cette timide remontée intervient alors que les nouvelles règles de l'assurance-chômage sont entrées en vigueur depuis le premier novembre dernier. (Crédits : Charles Platiau)
Le taux de chômage a augmenté de 0,1 point au troisième trimestre pour s'établir à 8,6% de la population active en France entière (hors Mayotte), selon les chiffres publiés par l'Insee jeudi. Si cette hausse est relativement légère, les autres indicateurs illustrent une détérioration du marché du travail.

Les effets du ralentissement économique commencent à se faire ressentir sur le marché du travail. Selon les derniers chiffres communiqués par l'Insee ce jeudi 14 novembre, le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) est en légère hausse (+0,1) au troisième trimestre. Il s'établit désormais 8,6% de la population active contre 8,5% au second trimestre. Sur un an, le taux de chômage est inférieur de 0,5 point à son niveau du troisième trimestre 2018. La France compte désormais 2,5 millions de chômeurs, soit 10.000 de plus sur un trimestre.

Cette timide remontée intervient alors que les nouvelles règles de l'assurance-chômage sont entrées en vigueur depuis le premier novembre dernier. Elles prévoient entre autres un allongement de la durée nécessaire de cotisation pour pouvoir toucher des allocations.

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Légère hausse chez les plus de 50 ans

Dans le détail, cette hausse du taux de chômage s'explique par une légère remontée chez les plus de 50 ans, passant de 6,3% à 6,4% entre le second et le troisième trimestre. La remontée est particulièrement marquée chez les hommes de cette tranche d'âge avec une hausse de 0,3 point sur un trimestre. Chez les femmes, il est stable pour cette catégorie.

Pour les jeunes, les chiffres sont plus favorables. Le taux de chômage pour les 15-24 ans est passé de 19,3% à 19,1% entre les deux trimestres, baissant de 0,2 point. Ils sont tout de même 539.000 à être frappés par ce phénomène, rappelant que cette catégorie continue de connaître de sérieuses difficultés pour s'insérer dans l'emploi.

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Le taux d'activité en baisse

La moins bonne santé de l'emploi en France s'observe également sur la moindre participation de la population active au marché du travail. Ainsi, le taux d'activité (*) des 15-64 ans a baissé de 0,3 point sur le trimestre, passant de 71,6% à 71,3%. Sur un an, il diminue de 0,7 point. Cette inflexion concerne toutes les catégories d'âge. Elle est cependant plus marquée chez les 25-49 ans, le cœur de la population active (87,8% au T2 contre 87,4% au T3). Cette baisse est également visible chez les jeunes, passant de 36,8% à 36,6%. Enfin, la diminution est très légère pour les 50-64 ans, passant de 66,7% à 66,6%.

Outre le taux d'activité, le taux d'emploi (**) connaît également une inflexion. Le taux d'emploi est passé de 65,5% à 65,2% sur la période étudiée. La chute est particulièrement marquée pour les personnes à temps complet, passant de 54,2% à 53,8%. En parallèle, le taux d'emploi à temps partiel se stabilise sur le trimestre à 11,3%.

Le halo du chômage accélère

Le halo du chômage a bondi de 27.000 personnes entre le second et le troisième trimestre. Il concerne tout de même 1,6 million de personnes sur le territoire français. Cette catégorie méconnue regroupe les personnes qui ne sont même plus inscrites à Pôle emploi, soit parce qu'elles ne recherchent pas d'emploi par découragement, soit parce qu'ils ne sont pas disponibles rapidement pour travailler ou n'y trouvent pas un intérêt financier.

Moins de créations d'emplois en perspective

Si l'économie française affiche de meilleurs résultats que la plupart de ses voisins européens, les économistes anticipent un coup de frein de l'activité l'année prochaine. Ce ralentissement aurait des répercussions majeures sur le nombre d'emplois crées. Les économistes de l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoient une chute brutale des créations d'emplois à partir de l'année prochaine.

"Les créations d'emplois dans le secteur marchand connaîtraient une croissance moins soutenue que sur la période 2017-2018 (260 000 en glissement annuel en 2019, 82 000 en 2020 et 92 000 en 2021 après 286 000 en moyenne sur la période 2017- 2018) du fait d'une croissance de l'activité marchande moins dynamique".

(*) Le taux d'emploi est défini comme la part des personnes ayant un emploi parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, exprimée en pourcentage.

(**) Le taux d'activité est le rapport entre le nombre d'actifs (actifs occupés et chômeurs) et l'ensemble de la population correspondante selon la définition de l'Insee.