Les fonctionnaires autorisés à cumuler leur emploi avec... celui de chauffeur de bus

Par latribune.fr  |   |  660  mots
La FNTV estime que la France manque de 8.000 chauffeurs de bus (Crédits : DR)
Pour pallier le manque de chauffeurs de bus qui menace le bon fonctionnement des transports scolaires en France, le gouvernement a publié un nouveau décret paru ce jeudi au journal officiel. Ce texte autorise à présent les fonctionnaires français à cumuler leur emploi actuel avec un poste de chauffeur de bus pour le transport scolaire.

Petite avancée pour résoudre la pénurie de chauffeurs de bus dans le pays. Le gouvernement a publié ce jeudi un décret permettant aux fonctionnaires de cumuler avec leur emploi « une activité lucrative de conduite d'un véhicule de transport scolaire ou assimilé. » Il s'agit d'un dispositif expérimental pour une durée de trois ans, mis en place conjointement par la Première ministre Elisabeth Borne et les ministres de la Fonction publique Stanislas Guérini, de l'Intérieur Gérald Darmanin, de la Transition écologique Christophe Béchu et de la Santé François Braun. Concrètement, les agents des trois versants de la fonction publique - Etat, collectivités et hôpitaux - pourront exercer comme chauffeurs de bus mais devront obtenir pour cela « une autorisation préalable et individuelle de l'employeur public » dont ils relèvent, détaille encore le décret. L'exercice à titre accessoire de l'activité de chauffeur ne devra cependant « pas porter atteinte au fonctionnement normal, à l'indépendance ou à la neutralité du service d'affectation de l'agent », stipule aussi le texte.

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La mesure a été prise pour pallier les « difficultés de recrutement de conducteurs (qui perturbent) le bon fonctionnement (des services de transport scolaire) ainsi que des transports à la demande organisés en faveur des élèves et étudiants handicapés », précise le décret.

De son côté, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) avait proposé en octobre une réforme du diplôme CAP dédié, et un abaissement à 18 ans de l'âge pour l'accès au permis de conduire un autocar (au lieu de 24 ans). L'association veut aussi créer des vocations, via par exemple des « campagnes thématiques » de communication, ainsi que des immersions en entreprise. Le directeur général de Pôle Emploi, Jean Bassères, a, quant à lui, évoqué la nécessité de multiplier les formations courtes, en partie effectuées au sein des sociétés.

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Un manque de chauffeurs chronique

Si le gouvernement et les organisations déploient autant d'énergie pour les transports scolaires, c'est parce que le secteur manque de personnel. Le 20 octobre, lors du congrès annuel de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), son président, Jean-Sébastien Barrault, faisait état d'un manque de quelque 8.000 conducteurs. « On a une crise du recrutement qui s'est fortement aggravée pendant la crise sanitaire », avant laquelle le secteur absorbait 10.000 personnes par an, rappelait Ingrid Mareschal, déléguée générale de la FNTV : pendant la pandémie de Covid-19, outre ces postes non pourvus faute d'activité, 5.000 chauffeurs ont abandonné la profession, selon elle.

Selon une enquête menée par l'institut Xerfi auprès de patrons du secteur, 97% d'entre eux observent une pénurie de conducteurs routiers. Parmi les raisons principales évoquées : des salaires insuffisants (75%), des conditions de travail difficiles (69%) et des emplois qui ne sont qu'à temps partiel (53%).

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Des conditions de travail difficiles

Les contraintes du métier peuvent en effet être compliquées à vivre. Un chauffeur d'autocar sur deux ne travaille pas à temps plein, et de nombreuses missions sont saisonnières (scolaire, loisirs, tourisme...) et peu complémentaires.

Autant d'obstacles pour recruter des jeunes, dans un marché du travail qui s'est resserré, et alors que la pyramide des âges - 50% des chauffeurs ont plus de 50 ans - augure d'une poursuite de ces tensions dans les années à venir. Le 16 octobre, le député (LR) des Vosges Stéphane Viry avait appelé  les collectivités et l'Etat à se tourner vers un public local « d'auto-entrepreneurs, d'agriculteurs, de mères au foyer, de jeunes étudiants », voire de caissières de supermarché, qui formeraient un vivier de chauffeurs ponctuels.

(Avec AFP)